Michka Assayas
EAN : 9782246761112
401 pages
Grasset
(26/08/2009)
2.89/5
9 notes
Solo
Résumé :
Quand le passé décide de bousculer une vie, il prend souvent la voix d'une femme - et, dans cette histoire, la femme s'appelle Tatiana... Un jour, Denis, une petite gloire de la culture rock, trouve en effet un étrange message sur la boîte vocale de son téléphone : c'est Tatiana, une fille avec qui " ça s'était mal terminé " trois ans plus tôt, qui révèle qu'elle a été enceinte de lui, qu'elle a avorté sans qu'il le sache, et qu'il doit maintenant payer. La somme es...
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J'avoue avoir eu envie de lire ce livre parce que je suis de prêt la culture rock, dont Assayas est l'un des représentants les plus érudits (j'ai son épais dico du rock chez moi, c'est un peu au critique rock ce que le gaffiot est aux latinistes) et parce que j'avais entendu dire que le héros du livre, Denis, pouvait faire penser à Bernard Lenoir. Même si je n'ai pas été forcément transporté (il manque à Assayas un je ne sais quoi qui fait que quand il essaie d'évoquer la mélancolie, il le fait moins bien que
Houellebecq) j'ai quand même apprécié ca livre, parce qu'il dresse le portrait d'un animateur radio encore ado dans sa tête, qu'il fait le point sur la pop culture actuelle et le fait notamment qu'elle ne soit plus porteuse de la moindre rebellion, mais juste asservie aux impératifs mercantiles, et parce qu'en mélomane everti qu'il est, Assayas réussi fort bien dans ce livre, à nous faire entendre des sons. On a dit de Suskind qu'il a parlé des parfums mieux que quiconque, eh bien Assayas parle des ondes radio et des studios de manière très perspicace. C'est bien normal de la part de quelqu'un qui tâte lui même souvent de ce media, mais je tenais à le souligner.
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critiques presse (1)
C'est un récit tonitruant, musical, très profond. Bien sûr, les amoureux du rock trouveront de nombreux clins d'œil et des digressions sur Radiohead, Sonic Youth ou Joy Division, et, un penchant certain pour Kurt Cobain.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
...il suffit d’oublier quelque chose – enfin, quelqu’un – pour en être débarrassé une fois pour toutes, que tout ça va suivre le cycle des déchets organiques, devenir pourriture puis poussière puis gaz puis rien du tout, mais c’est tout le contraire, oui, tout le contraire, se dit-il avant de se projeter d’un coup en avant, comme le passager d’une voiture qui a freiné brusquement, ça devient une bombe, une lumière rouge clignote, bip, bip, bip, les chiffres défilent à l’envers comme dans les James Bond, et voilà, votre vie va exploser, c’est fatal, Dieu l’a voulu, Inch Allah.
Il pensait aux peintres : il fallait sacrément s’ennuyer pour peindre trois pommes sur un compotier, un étang avec des moucherons dessus. Mais parce que ces peintres s’ennuyaient, ils voyaient la beauté du monde, parce que leur vie se passait au ralenti, et que leur vie, c’était l’ennui, à longueur de journée. Ils étaient tellement désespérés de n’avoir rien d’intéressant à faire qu’il fallait bien inventer un truc pour ne pas se tirer une balle.
On ne prend conseil que quand, au fond de soi, on est fermement décidé à ne rien faire. On ne prend jamais conseil pour agir, on prend conseil pour être conforté dans sa décision de ne pas agir.
Après tout, je me fais bien sûr l’avocat du diable, il aurait peut-être eu des choses à nous dire pour sa défense. Mais il a choisi la politique de la chaise vide. Sans commentaire… Vous êtes bien évidemment consciente, Chantal, que nous ne pouvons pas jouer ici le rôle de la police, nous ne pouvons pas faire de miracles. Nous allons d’ores et déjà faire tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider à surmonter cette violence qu’on vous a fait subir. Parce que l’injustice, l’abus de confiance, l’exploitation de l’innocence, oui, incontestablement, c’est une violence, et sans doute une des pires qui existent, une violence qui s’attaque à ce qu’on a de plus beau, Chantal, à notre espoir, à la richesse de notre cœur.
Le fait de se sentir vivant, jeune et solitaire, amoureux d’une fille avec qui tout paraissait impossible, le faisait bouillonner d’une énergie dont il percevait douloureusement la stérilité. Il refusait ce qui s’offrait facilement à lui, n’ambitionnait que l’inaccessible, dans un sentiment d’exaltation où vibrait un mélange instable de bonheur et de désespoir dont il ne savait que faire et que dire, et qui lui faisait honte, en vérité. Il n’existait pas de mots, sinon vieillis, comme fossilisés, pour exprimer cet état ; pas de langage, sinon, peut-être, des paroles en anglais (« Am I laughing or crying ? I suggest I’m not lying », disait une chanson de Wire).
Son rapport à la famille, au VIH SIDA, sa réussite personnelle, la plus belle remarque qu'on lui a faite sur son livre, découvrez l'entretien avec Anthony Passeron, dixième et dernier épisode de cette première saison Filature.
Anthony Passeron enseigne les lettres et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel. Il est né à Nice en 1983, une région qui est au coeur de son premier roman, paru aux éditions Globe, dans lequel il revient sur l'histoire familiale et la figure de son oncle Désiré, mort prématurément du sida et dont le destin tragique a longtemps été occulté. Une véritable révélation littéraire.
Filature, la nouvelle série du Média de la Fête du Livre de Bron présente 10 podcasts où Florence Aubenas, Sébastien Joanniez, Victor Hussenot, Jeanne Macaigne, Corine Pelluchon, Michka Assayas, Kamel Benaouda, Seynabou Sonko, Philippe Jaenada, Anthony Passeron se laissent aller au fil des mots.
10 formats courts de 4 minutes à écouter sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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