Il "fracasse" littéralement les voies les plus dures partout où il passe, mystifiant la plupart des grimpeurs américains qui l'accueillent. Ils le trouvent génial ou pensent que la plaisanterie est un peu exagérée...
Il suffira d'un pas décisif pour que Patrick l'emporte sur la falaise de Bardonecchia en 1986.
On peut établir un parallèle entre Maurice Herzog, héros de l'Annapurna (première ascension d'un sommet de plus de 8000 mètres en 1950) dont l'ouvrage Annapurna, premier huit mille, véritable best-seller mondial, permit à l'alpinisme d'entrer dans l'histoire de France et Patrick Edlinger, héros de l'escalade en libre dont le film La vie au bout des doigts permit au grimpeur d'entrer dans la légende.
Dans une France qui se remet à peine d'avoir élu Mitterrand, arrive un héros qui possède la jeunesse, la force, la beauté, la souplesse et une philosophie de la vie minimaliste.
Au royaume du vertige, le Verdon est roi. Les falaises grises, lisses, se font face, et tout en bas, si loin qu'on en ressent à peine le souffle, une rivière s'énerve, teinte d'azur, qui brouille du vert et du bleu.
L'ironie a fait que la mort l'a surpris chez lui, près de ce Verdon où il grimpait et pêchait : une simple chute accidentelle dans les escaliers de sa maison. Le livre a commencé là, sur cette terrasse de Bonlau, il nous restait à choisir les photos. Le livre n'est pas inachevé, il est juste comme ce moment où Patrick se recueillait à la sortie d'une voie, dans le silence, sans personne, savourant l'exactitude de son parcours.