Citations sur Séjour au Nevada (12)
La vie, c'est la vie, pas ses résultats. Ni la grande maison en haut de la montagne ni les couronnes et les médailles d'or ou d'imitation qui occupent les rayonnages. La vie n'est pas que cela. La vie, c'est la vie et ce qu'il y a de plus grand. Celui qui la perd, perd tout.
p.338
Mes yeux se sont habitués à l'obscurité. J'ai distingué une petite tête et, derrière, une queue rayée.
- C'est un raton laveur, a dit Ángela qui était derrière moi.
Izaskun et Sara voulaient rester avec lui mais, contrairement à Ángela, je ne leur en ai pas donné l'autorisation. Le guide ne mentionnait pas les ratons laveurs parmi les dangers qui guettaient le visiteur, mais il disait que certains pouvaient avoir la rage.
"Je suis un Soldat américain. Je suis un guerrier, un membre de l'équipe. Je sers le peuple des Etats-Unis, je vis selon les valeurs militaires. Pour moi, la mission sera toujours primordiale. Je n'accepterai jamais la défaite. Je ne céderai jamais. Je n'abandonnerai jamais un compagnon tombé à terre. Je suis discipliné, fort mentalement et physiquement, entraîné et compétent dans mes tâches et mes exercices guerriers. Mes armes, mon équipement et moi-même sommes toujours prêts. Je suis un expert et un professionnel. Je suis prêt à me déplacer, affronter, anéantir les ennemis des Etats-Unis d'Amérique dans le combat commun. Je suis le gardien de la liberté, du style de vie américaine. Je suis un Soldat américain."
p.336 (The Soldiers's Creed) => texte imprimé sur une carte souvenir officielle distribuée lors de l'enterrement d'un soldat mort en Irak.
J'étais une toute petite fille quand les premiers Blancs apparurent dans notre pays. Ils arrivèrent comme des lions, oui des lions rugissants, et ils continuèrent ainsi jusqu'à présent, et moi, je n'oublierai jamais leur arrivée. Mon peuple était dispersé sur tout le territoire qui porte aujourd'hui le nom de Nevada. Mon grand-père, chef de la nation païute tout entière, était dans un campement près du lac Humboldt avec une petite partie de sa tribu quand une bande armée venant de Californie et se dirigeant vers l'est fut aperçue. [...]
- Je ne veux pas entendre cette histoire, a dit Sara.
- Pourquoi ? lui ai-je demandé.
- Parce qu'elle est sûrement très triste, a-t-elle répondu. p.247
Aujourd'hui, nous sommes allés chez Borders. J'ai feuilleté un album de photos intitulé The Way We Were édité par l'université de Toronto. Le livre essaie de comparer le sort des soldats canadiens lors de la Seconde Guerre mondiale, concrètement pendant le débarquement en Normandie, et celui des personnes d'aujourd'hui ou d'il y a quelques années. On y voit par exemple, une photo en noir et blanc de la plage de Dieppe, prise en 1944 : des dizaines de soldats morts, étendus sur le sable dans des positions qui n'auraient jamais pu être celles d'un être vivant. Les tanks brûlent. Les bateaux du débarquement sont à moitié enfouis au bord de l'eau. Puis, à la page suivante, une photo de la même plage de Dieppe, mais prise dans les années 1980 : une famille prend le soleil, un couple lit des magazines sous un parasol, des enfants tournent autour d'un château de sable. [...] Après avoir feuilleté le livre, j'ai pensé : " Ce que nous appelons destin est un problème de calendrier. Tout dépend de la nature de la grosse ligne qui croise la fine qui est à nous." Il est, bien sûr, facile d'accepter cette vérité à Reno. Ce le serait moins si j'étais en Irak ou en Afghanistan. p. 218
Il n'y a pas de magie dans la réalité.
p.284
- Il m’est arrivé la même chose dans un musée de Florence alors que je contemplais le David de Michel-Ange. [...]Le commentaire, référence à l’Europe et à une œuvre classique, tombait pile. Il ne pouvait en être autrement. Des deux candidats [Barack et Hillary] en lice, Barack Obama était l’option romantique, elle, la classique, ou, si l’on veut, la préromantique, à la manière de Michel-Ange.
p.254
L'odeur de la poudre, c'est celle de la guerre. En Irak, en cet instant précis, c'est sûrement l'odeur dominante. Cela dit, à bien y réfléchir, les substances mortifères utilisées aujourd'hui sont très certainement inodores. On a beaucoup progressé. On tue mieux. p.182
Il leur fallait notre autorisation pour procéder à l'opération. L'un des médecins s'est adressé jovialement à mon père [...] :
- Et toi, qu'en dis-tu, Jacintho?
- Moi ? Eh bien, je dis qu'un rassemblement de bergers signifie qu'une brebis est morte.
p.87
Rares sont ceux qui ont compris le désert aussi bien que Daniel Sada, ai-je dit à Angela comme si j'étais en train d'y réfléchir. Je me souviens de lui avoir entendu dire que tout paysage, comparé au désert, ressemble à un décor. C'est tout à fait juste. p.75