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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je poursuis ce mois consacré à la littérature belge avec le premier roman de Sophie D'Aubreby.

Histoire d'une émancipation féminine, dans un XXème siècle tellement patriarcal. Roman d'une révolution douce, d'une casseuse de codes à sa manière. Roman en quatre parties, chacune décrivant une période de la vie de Carmen, et qui font écho à d'autres lectures récemment faites : sa fuite sur un chalutier (je pense ici à « Ultramarins »), le voyage en Indonésie (je me remémore alors le très beau « rien ne t'appartient »), la deuxième guerre mondiale et enfin la fin de sa vie.

C'est aussi une très belle histoire d'amour entre deux femmes.

Le roman est écrit en phrases très courtes (ce ne sont pas des vers libres … ce qui m'a amené à une réflexion sur la forme des vers libres : dans quel cas privilégier cette forme ? question ouverte), toujours un peu sur le souffle. Un style très personnel, mais aussi très travaillé (le péché mignon des premiers romans ?) et maitrisé, et peut-être un peu trop parfait pour moi. J'ai besoin d'aspérités pour pouvoir m'attacher à une histoire, à un personnage.

Cela reste très belle découverte néanmoins.
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Échapper au triste destin tracé par les codes patriarcaux bourgeois de l'entre-deux-guerres, en fuyant sur la mer, dans la danse indonésienne ou dans la Résistance : le formidable récit d'une émancipation surprenante et exemplaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/08/22/note-de-lecture-sen-aller-sophie-daubreby/

Extraordinaire premier roman, le « S'en aller » de Sophie d'Aubreby, publié chez Inculte Dernière Marge en août 2021, commence comme si la pionnière Anita Conti, pour son incroyable observation participante de la pêche hauturière, métier masculin s'il en est, avait dû, dans l'entre-deux-guerres, déguiser sa véritable nature interdite. C'est ce que nous raconte Carmen, qui n'est pas en mission à bord de ce chalutier, mais bien en fuite, en échappée, d'un mariage bourgeois tout tracé qui est d'emblée sous le signe de la trahison fondamentale. En contraignant son corps pour disparaître au sein d'un équipage d'hommes, sans laisser ailleurs de traces, elle gagne précocement sa liberté. Il va s'agir ensuite de faire vivre cette liberté, contre toutes convenances et contre tous corsets familiaux et sociaux, pour vivre sa vie émancipée sans se soucier outre mesure du qu'en dira-t-on, à une époque beaucoup plus redoutable que la nôtre de ce point de vue, en apparence tout au moins.

De la rencontre de son amie, de sa compagne de toute une vie, de près ou de loin, jusqu'à l'apprentissage sur place, à Java, de la danse et de la musique indonésiennes, de l'entrée en Résistance durant la deuxième guerre mondiale à Paris à la torture féroce subie sous les interrogatoires collaborateurs et nazis et au camp de concentration qui s'ensuit (on songera certainement à l'immense texte de Charlotte Delbo, « Auschwitz et après »), Carmen, en quatre grands tableaux enlevés, analytiques, ramifiés et toujours puissamment charnels, nous offre une émancipation de stature presque mythologique, comme un phare dressé au large d'une côte inhospitalière pour nous indiquer le mélange secret de détermination et d'intelligence, de sens profond de l'amitié et de rejet désormais instinctif de ce qui nous emprisonne contre notre gré, en prétendant faire société alors qu'il ne s'agit que de faire vivre encore les codes usés de la domination patriarcale (et économique).

Écrit avec beaucoup d'habileté, de sensibilité et d'intelligence, « S'en aller » est d'emblée un roman qui marque, qui bouscule les corps, durement, pour inscrire son échappée belle dans le paradoxe et dans la lutte quotidienne qui n'exclut ni amour ni amitié, bien au contraire. Alors que nous avons aujourd'hui plus que jamais besoin de figures mythiques sachant rester subtiles, d'exemples réels et fictionnels dépourvus de caricature mais sources de signification, Sophie d'Aubreby nous en offre une magnifique, puissante et complice.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un fabuleux roman dépaysant et militant pour la condition féminine, tout en subtilité. En effet, le mot qui caractérise ce livre est la minutie du choix des mots utilisés. Tout en métaphore, l'autrice nous dépeint le portrait de deux femmes : Hélène et Carmen. L'une s'est transformée en homme pour fuir sa vie de femme. Elle a dû réapprendre à vivre comme un homme, être brute, forte et prendre plus d'espace. Durant l'un de ses voyages en bateau comme ouvrière, elle rencontre cette autre femme, Hélène, et à deux, elles vont commencer une nouvelle aventure et aller jusqu'à l'île de Java.
A lire absolument !!

Je reviendrai juste sur un aspect qui m'a gêné. L'autrice écrit avec un style vraiment recherché mais parfois à trop vouloir en faire, elle n'en fait pas assez ! Il manquerait quelques précisions et clarifications pour comprendre. Mais pour le coup, la litote est maîtrisée !
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Un livre qui m'a laissée dans une totale ambigüité, ce qui est rare. Ma conclusion étant peut-être cette phrase : « Je trouve que c'est bien, mais je ne sais pas si ça m'a plu ». L'écriture est particulière, étrange, travaillée, crue d'une certaine manière… mais elle instaure une distance avec les personnages, ou du moins, m'a tenue à distance des personnages – comme si l'empathie n'avait pas sa place. Et c'est peut-être cela qui m'amène à un avis nuancé à la fin de cette lecture, même si je pense qu'elle restera dans un coin de ma mémoire, comme quelque chose à l'aura singulière.
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