AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Rom@ (3)

Et c'est alors qu'un soir, dans l'air cristallin de Rome, sur la place du Panthéon débarrassé des fumées, des scooters, des voitures, des camions, Nano montre à la femme qu'il aime, sur la porte vitrée d'un café déserté et béant du Corso d'Italia , un mot tracé en lettres capitales.
Ils le lisent à l'envers, dans un seul et même souffle, déchiffrent l'anacyclique énigme de la ville : amor.
Commenter  J’apprécie          60
Décidément je n'en finirai pas de mourir. J'apprends à mes dépens que l'agonie d'une ville rappelle de bien près celle des héros antiques, qui se lamentent sans fin sur une scène vide, en se tordant les mains. Je ressemble à mes statues : en vieillissant, c'est mon sexe que j'ai d'abord perdu, puis mes mains, puis mes bras. Je sens monter en moi les brouillards froids de la démence.
C'est ma tête maintenant qui vacille, comme celle d'une poupée de son dans les mains d'un enfant capricieux.Elle s'en ira rouler dans la poussière, dont elle aurait bien pu ne sortir jamais. Elle se brisera sur un roc, peut-être. Plus probablement s'effritera lentement au gré des saisons changeantes comme les hommes. A quoi pensez-vous donc belles statues de ma mémoire, torses couchés dans l'herbe, gagnés par les lichens, lentement digérés par la terre impavide? Et quand, arrachés à votre sommeil par quelque prince éclairé, quelque érudit fébrile, un caprice vous expose su run socle à la curiosité des hommes, ainsi qu'à leur ennui ?
Allongé face au ciel, harassé, innocent, j'attends la fin des siècles, caressé par le vent sous un monde infini de nuages, je rêve que le Tibre m'emporte vers la mer qui sait tout oublier, jusqu'aux frontières du monde.
Tout m'échappe maintenant. Les morts de mes rues, les passants disparus dans les gouffres du temps, les damnés enchâssés dans mes murs de pierre, les rêveurs de mes parcs , tous les fantômes calmes de mes mondes, je n'y suis plus pour rien et, n'en déplaise aux jurés infatigables des tribunaux de l'histoire...
Commenter  J’apprécie          10
[ Incipit ]

Ville éternelle.

Parfois j’aurais voulu être un homme, mon amour Ou alors une femme. Je ne suis pas sectaire. Non que les différences m’échappent, mais que rêver de faire sinon de les mêler ? Encens sucrés des vulves marines, papillons de nuit des caresses secrètes, coquillages de nacre, verges de sang lourd, flancs doux des collines du Lazio où danse la poussière des insectes bleutés, corps fourbus écrasés au printemps de leurs draps, fesses musculeuses qui balancent en cadence, je vous chéris. Mes obélisques et mes colonnes bandent au ciel tout aussi bien que les seins roses de mes dômes. Mes fenêtres s’ouvrent aux désirs du vent qui tord les rideaux. Quatre lettres tirées aux loteries de l’histoire : Roma. Et tous ces grands savants qui se penchaient sur moi ; certains me déclarant femelle, comme une louve ou comme une putain, d’autres disant que je devais mon nom au mâle fondateur qui traça mon enceinte ; d’autres encore, qui se voulaient malins, exhumant un vieux nom de mon fleuve, me proclamaient la fille de Rumon. Moi, je ne disais rien, naturellement ; mais n’en pensais pas moins.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (40) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3671 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}