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Critique de Kirzy


Kirzy
13 septembre 2023
°°° Rentrée littéraire 2023 #16 °°°

Direction la Norvège arctique. Archipel du Svalbard, sa capitale Longyeabyen, la « ville » ( seulement 2400 habitants ) la plus septentrionale de la planète, sa nuit polaire hivernale, ses anciennes cités minières, son université en études de biologie arctique, sa réserve mondiale de semences. Une étudiante y est retrouvée morte. Des milliers de kilomètres plus au Sud ( mais toujours au-delà du cercle polaire ), les îles Lofoten qui vivent au rythme de la pêche au skrei. le corps d'une autre femme est retrouvée.

Deux enquêtes, deux enquêteurs aux fortes convictions qui ne croient pas aux versions initiales, trop faciles. Lottie Sandvick, flic pugnace qui semble avoir « fui » un passé douloureux en mutant au Svalbard, territoire réputé à l'abri des assassinats et morts crapuleuses, a l'intuition qu'il y a quelque chose qui cloche dans la mort de l'étudiante attribuée à un ours. de son côté, le journaliste reporter de guerre Nils Madsen n'admet pas que son ancienne amoureuse ait pu se suicider. Evidemment, les deux morts suspectes le sont réellement, évidemment elles sont liées, évidemment les deux enquêtes vont se croiser.

Incontestablement, Morgan Audic maitrise son sujet. Les reconstitutions de ses terres arctiques reculées sont très immersives, on a l'impression de voir les lieux décrits, de saisir les ambiances très particulières de la nuit hivernale polaire, de comprendre les dynamiques territoriales. L'intrigue enquêtes en elle-même est solidement construite avec de nombreuses fausses pistes crédibles qui nourrissement l'avancée du récit et permettent d'appréhender la vérité.

Mais voilà. J'avais sans doute trop d'attente tant j'avais adoré le précédent polar de l'auteur, de bonnes raisons de mourir, qui se déroulait dans la zone d'exclusion irradiée de Tchernobyl. Cette fois, j'ai trouvé que ça ronronnait un peu trop, que la trame polar était très classique. Je ne me suis jamais ennuyée, mais ne me suis pas sentie impliquée à 100%.

La faute sans doute à mon passé de lectrice qui a déjà lu pas mal de polars arctiques écrits par des romanciers français : Mo Malø et sa quadrilogie au Groenland inaugurée par Qaanaaq, ou encore Caryl Férey et son Lëd qui explore la Sibérie. Bien que les pattes d'auteurs cités soient très différentes de celle de Morgan Audic, plus sobre et géopolitique, ces lectures antérieures ont quelque peu façonné mon imaginaire arctique ... et une sensation de déjà-lu s'est imposée tout au long de ma lecture de ce troisième roman de Morgan Audic.

Au final, ce qui m'a le plus intéressé, c'est le talent de l'auteur à intégrer et manier des thématiques passionnantes : celles liées à des préoccupations environnementales ( réchauffement climatique, pêche à la baleine décriée, échouage de cétacés pour causes anthropiques ) et géopolitiques post guerre froide avec la présence russe symbolisée par Pyramiden, enclave soviétique devenu ville fantôme dans le Svalbard mais dont la présence de quelques gardes russes brandit encore l'étendard russe. le dénouement est malin, brassant toutes les possibilités offertes par la vision panoramique très réaliste que propose l'auteur.

Ma notation est un peu « fraîche » car il m'a manqué l'étincelle qui fait décoller une lecture et vibrer au diapason des personnages, mais je suis persuadée que ce polar enthousiasmera le plus grand nombre.

Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio
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