Les blessures, les soufrances, les séquelles marginalisent les mutilés en les privant de travail mais plus encore par le regard qui est portés sur eux. Ils ne sont plus les héros virils aux corps puissants -- ceux-ci, les meilleurs, sont morts--mais de pauvres hères qui sont les signes vivants de la défaite (dans le cas de l'Allemagne) et plus généralement de la honte d'avoir consenti à une guerre ayant produit de telles conséquences.
Les mutilés, "fétés comme héros" pendant la guerre, sont "oubliés comme estropiés".
Bien avant 1914, le sentiment national se colore à la fois d'un ressentiment nationaliste et d'une sensiblerie patriotique ou chauvine qui ne sont pas de bon aloi pour la stabilité de l'Europe.
En France, la guerre devient dès 1914, par directive ministérielle, le substrat de tout l'enseignement.
La guerre fournit ainsi le sujet des dissertations, des rédactions, des problèmes de mathématiques, des exercices de grammaire et de conjugaison.Le contenu des enseignements est donc relu à l'aune du conflit et l'école relaie le double discours d'exaltation de la nation et de condamnation de l'ennemi.
En france, la censure a été maintenue jusqu'en octobre 1919, afin d'éviter la contagion révolutionnaire russe puis allemande, de limiter les revendications des minorités nationales trop bruyantes au moment de la conférence de la paix, de préparer enfin les élections au sortir de la guerre, sans verser dans des troubles sociaux.
Le rationnement eut un effet imprévu : un transfert des riches vers les pauvres.En effet, les couches les plus pauvres de la population en 1914 découvrirent qu'elles avaient droit, du fait de leur citoyennetéé, à un niveau de consommation plus élevé que celui qu'elles avaient connu avant-guerre.