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Critique de Sabrinaaydora


Une petite île où tout le monde se connaît. Des chats qui habitent également celle-ci. Et comme toute île, les informations qui viennent du continent, les nouvelles et les décisions. Mais un jour, les chats disparaissent, et leur silhouette n'est plus aperçue. L'incompréhension est présente, le questionnement également. Afin que la paix revienne doucement, les décisionnaires du continent font venir depuis là-bas des chats... Mais les habitants sont perplexes de ce que le continent essaye de leur faire croire : ces chats ne ressemblent pas aux précédents.

Mon attrait pour les chats m'a fait me pencher sur ce livre dont le titre aguicheur m'a questionné. Isabelle Aupy nous décrit une vie insulaire assez banale : les gens se connaissent depuis des années, parfois depuis des générations. Chacun tient sa place, son emploi, et la vie continue son cours sans heurt. Mais la disparition des chats et les indications du continent sur ceux qui les remplacent vient bouleverser celui qui se refuse d'y croire.

Mais sous un aspect plutôt léger, de nombreuses réflexions jaillissent : peut on croire et suivre les indications de certains sous prétexte qu'ils ont du "pouvoir" ? L'administration tient elle compte des habitants de l'île, ou ne faut il simplement pas que des voix s'élèvent ?
Ce récit aux allures de dystopies utilise une forme d'humour "absurde" pour faire émerger ces questions. Et elles sont bien plus profondes parfois. J'ai pensé à "1984" de Georges Orwell, qui reste pour moi une oeuvre importante montrant le pouvoir pris par l'administration sur le bien-être et même la pensée des citoyens. Quelle est la limite ?

J'ai parlé d'une forme d'humour "absurde", le décalage, cette sensation d'être à côté, avec une pensée juste, mais ce doute qui s'installe. Isabelle Aupy m'a embarqué dans ce voyage avec avidité : celle de comprendre les tenants et aboutissants de l'histoire. Je reprends également le terme que je trouve très juste pour ce livre : un conte philosophique moderne, avec une profondeur sous une apparente légèreté.

Toujours faire attention aux propos énoncés, à ce qui est dit et comment cela est dit, et être attentif au risque d'interprétation. le langage est riche, la langue fourmille de synonyme intéressant, mais notre propos, même clair peut toujours être perçu d'une certaine manière. Thomas, le gardien du phare qui tient à "appeler un chat un chat", fait bien comprendre qu'il ne faut pas se laisser aller aux facilités langagières, surtout dictées par une administration dont il se méfie. Il tente de faire prendre acte aux gens de ce qui se trame, et de les faire prendre conscience de ce qu'il se passe.

En bref : Un récit intéressant à la fois sur le langage, le doute et la confiance. Peut-on continuer de croire en ce qu'on a toujours cru lorsqu'on instille le doute sur ce socle de pensée ?
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