Citations sur De la Grèce à l'Inde : Héraclite, aperçus et pensées, La mère (8)
Quand nous avons
dépassé les savoirs
Alors nous avons la connaissance
La raison fût une aide
La raison est l'entrave
Quand nous avons
dépassé les velléités
Alors nous avons le pouvoir
L'effort fût une aide
L'effort est l'entrave
Quand nous avons dépassé les
jouissances
Alors nous avons la béatitude
Le désir fût une aide
Le désir est l'entrave
Quand nous avons dépassé
l'individualisation
Alors nous sommes des personnes réelles
Le moi fût une aide
Le moi est l'entrave
Quand nous dépasserons
l'humanité
Alors nous serons l'homme
L'animal fût une aide
L'animal est l'entrave
La pensée européenne, suivant la ligne de la pensée d'Héraclite, s'est attachée à la raison et à la force et en a fait les principes vers la perfection desquels notre être doit aspirer.
La force est le premier aspect du monde : guerre, choc d'énergies; le deuxième aspect, la raison, émerge de cette apparence de force dans laquelle elle était d'abord cachée et se révèle comme une certaine justice, une certaine harmonie, une certaine intelligence et raison déterminante au cœur des choses ; le troisième aspect est un secret plus profond compris entre les deux autres : félicité, beauté, amour universels, qui, s'emparant des deux autres, peut établir quelque chose de plus élevé que la justice, de meilleur que l'harmonie, de plus vrai que la raison: unité et béatitude, extase de notre existence accomplie. De ce dernier pouvoir secret, la pensée occidentale n'a vu que deux aspects inférieurs, le plaisir et la beauté esthétique ; elle n'a trouvé ni la beauté spirituelle ni la félicité spirituelle.
C'est pour cette raison que l'Europe n'a jamais pu se faire une puissante religion qui lui soit propre ; elle a dû se tourner vers l'Asie. La science prend possession des mesures et des utilités de la force ; la philosophie rationnelle poursuit la raison jusqu'en ses dernières subtilités ; mais la philosophie et la religion inspirées peuvent s'emparer du secret suprême, uttamam rahasyam. (pp. 80-81)
"L'univers n'est pas seulement une formule mathématique destinée à élaborer la relation des certaines abstractions mentales appelées nombres et principes, pour aboutir finalement à un zéro ou à une unité vide; il n'est pas non plus simplement une opération physique incarnant une certaine équation de forces. C'est la joie d'un Dieu amoureux de lui-même, le jeu d'un enfant, l'inépuisable multiplication de soi d'un poète enivré par l'extase de son propre pouvoir de création sans fin."
Si vous vous ouvrez d’un coté ou dans une partie de votre être à la vérité, et que d’un autre coté vous ouvriez constamment les portes aux forces hostiles, il est futile d’espérer que la Grâce divine demeurera avec vous.
Rejetez cette notion fausse que le Pouvoir divin fera, et est obligé de faire, tout pour vous sur votre demande et quand bien même vous ne satisfaites pas aux conditions posées par le Suprême. Que votre soumission soit vraie et complète, alors seulement tout le reste sera fait pour vous.
Une soumission heureuse, forte et utile est demandée pour que la Force divine puisse travailler, l’obéissance du disciple illuminé de la Vérité, du guerrier intérieur, qui combat contre l’obscurité et le mensonge, du fidèle serviteur du Divin.
Telle est l’attitude vraie, et seulement ceux qui peuvent la prendre et la garder sauront conserver une foi que les déceptions et les difficultés n’ébranleront pas, et passer à travers l’épreuve vers la victoire suprême et la grande transformation.
On confond constamment une inerte passivité avec la soumission réelle. Mais d’une passivité inerte rien de vrai et de puissant ne peut résulter. C’est la passivité inerte de la nature physique qui la laisse à la merci de toutes les influences obscures et anti-divines.
Rejetez aussi l’attente fausse et indolente que le Pouvoir divin accomplisse même la soumission pour vous. Le Suprême demande votre soumission mais ne l’impose pas. Jusqu’à ce que vienne la transformation irrévocable, vous être libres à tout moment de nier et de rejeter le Divin ou de revenir sur le don de vous-même, si vous êtes disposé à en subir les conséquences spirituelles. Votre soumission doit être libre et spontanée. Elle doit être la soumission d’un être vivant, et non celle d’un automate inerte ou d’un outil mécanique.