Citations sur Poésie. (17)
Un arbre
Sur la rive sablonneuse du fleuve, un arbre
dresse ses plus hautes branches
tels des doigts, vers le firmament qu’elles ne peuvent
atteindre, liées à la terre, amoureuses du ciel.
Telle est l’âme de l’homme. Le corps et le cerveau,
de la terre affamés, retiennent notre vol vers les cieux.
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Imagination d’enfant
Ô toi image d’or,
miniature du bonheur,
au parler tendre et doux !
chaque mot mérite un baiser.
Étrange, distante, splendide
la pure fantaisie de l’enfance
tressaille à des pensées insondables pour nous,
vives et obscures félicités.
Quand les yeux deviennent graves
et que le rire s’éteint,
la Nature se souvient des jeux de titan
de son enfance toute-puissante :
forêts où filtre le soleil,
et habitent les elfes,
assemblées de géants, rencontres de titans,
fantaisies d’un jeune dieu.
Ces images te reviennent
dans le mystère de tes pensées ;
en ton cœur Dieu se souvient
de toutes les merveilles qu’Il a faites.
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Renaissance
Extrait 1
La félicité divine n’atteint pas si tôt sa plénitude
en nous,
tout ne finit pas pour nous en une vie ;
il n’est pas de terme à notre esprit
ni à la joie qu’il recherche.
Nos âmes et le ciel sont d’égale stature
et de naissance immémoriale ;
impérissable semence, moule infini de la Nature,
ils ne furent point façonnés sur terre,
ni à la terre ne lèguent-ils leurs cendres,
mais en eux-mêmes ils perdurent.
Un avenir sans fin affleure sous tes paupières,
enfant d’un passé sans fin.
De vieux souvenirs nous reviennent, de vieux rêves
nous submergent,
êtres disparus que nous avons connus,
fictions et portraits ; cadres insaisissables –
ils se détachent, austères et solitaires.
…
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Vie et Mort
Vie, mort — mort, vie ; tout au long des âges ces mots ont
guidé notre pensée et notre conscience et paru
deux contraires indubitables ; mais aujourd’hui des pages long-
temps celées s’ouvrent, livrant des vérités insoupçonnées.
La vie seule est, ou la mort est la vie travestie –
la vie une mort brève, avant que la vie nous surprenne.
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Renaissance
Extrait 3
et parfois, levant ce voile du mental
l’esprit regarde et voit
les âges disparus dont héritent nos vies
et les siècles à venir :
il voit des royaumes labourés par les vagues refouler
l’océan – là où surgi des troubles profondeurs
se dresse maintenant Himâlaya, il voit la marche
formidable des flots mesurer la moitié du monde ;
ou bien derrière nous, la trame se dénoue
et sur ses fils nous contemplons –
courses anciennes des étoiles, lieux jadis parcourus
dans un temps dont le souvenir s’est effacé.
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Renaissance
Extrait 2
Tous nos espoirs, tous nos rêves, trésors du souvenir,
sont prévisions mal déchiffrées,
mais de quelle vie, de quel lieu ? Seul peut le dire
qui mesura les cieux illimités.
Le Temps est une convention tenace ; avenir et présent
vivaient dans le passé ;
ils sont une même image que nos volontés complaisantes
en trois plans ont projetée.
Le passé oublié est en nous immortel,
nos naissances et la fin proche
déjà accomplies. Vers une cime, à bout de souffle,
parfois nos âmes s’élèvent,
d’où notre pensée revient fortifiée ; car en surgit
l’immense océan du Temps
dont la houle infinie s’étend devant nos yeux,
et ses sublimes symphonies ;
…
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Soir
Un soir d’or où le soleil songeur
rejette en s’en allant sa pompe habituelle, des arbres
qui se penchent vers leur verte compagne
et mère féconde, et leurs doux chuchotements — tout cela
et une mer immense et silencieuse. Cette heure est la plus
proche de Dieu –
riche comme la vieillesse quand les longs chemins ont tous
été parcourus.
/Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff