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Critique de michaelfenris


François est un raté de la vie. Un loup solitaire, un inadapté, un solitaire, comme il se décrit lui-même, mais un raté. Depuis sa naissance, sordide, orphelin avant même de naître, d'une mère en mort cérébrale servant de matrice. Et puis d'une enfance et d'une adolescence en errance, jusqu'à l'âge adulte, où il fréquente la prison pour vol avec ruse. D'ailleurs, son nom, François , on ne le connait pas tout de suite, comme si le fait de le nommer faisait de lui quelqu'un, l'ancrait dans la réalité d'une société qu'il vomit. Alors, le voilà qui mène une existence de raté, dans une caravane pourrie montée sur parpaing, avec pour compagnie une femme visiteuse de parloir dont l'auteur assure une description haute en couleur, énorme, à l'hygiène douteuse, raffolant du Livarot, et surtout avec un QI à ras des pâquerettes. Et un chien, Socrate, un nom presque trop savant hérité d'une rame de RER. La caravane donne sur la Marne, et au delà une usine d'équarrissage. François est obnubilé par un "gros coup", bloquer tous les feux de Paris au vert pour provoquer une pagaille monstre. Pour faire quoi ensuite, on l'ignore, lui aussi sans doute. En attendant, il sculpte. Des coccinelles dans des noyaux de cerise. Détenu à Fresnes pour vol avec ruse, François rencontre un caïd, Medhi, devant lequel lui, le pauvre petit malfrat, est en admiration...Mais cette admiration pourrait être feinte. Il observe, il apprend. Il se prépare. Et le lecteur, qui plaindrait presque François, si il ne se doutait pas qu'il n'aimait pas ce genre de sentiment, voit peu à peu révélée sa véritable personnalité dangereuse, jusqu'à un final qui fait froid dans le dos. le passé remonte à la surface, la vérité éclate. L'élève n'est pas celui que l'on croit...
Des coccinelles dans des noyaux de cerise, c'est le titre du roman de Nan Aurousseau, une extraordinaire découverte de ce début d'année grâce aux éditions Buchet-Chastel. Un petit joyau d'humour noir, très noir, grinçant, un univers improbable entre Frédéric Dard et Emile Zola. Des situations cocasses, des poilades, il y en a dans ce petit roman qu'on dévore presque sans reprendre son souffle, d'une seule traite. Parce que forcément, ce sculpteur de noyaux associal nous cache quelque chose. L'usage de la première personne renforce cette complicité trouble entre le narrateur et son auditeur, et l'on attend qu'il en dise plus, qu'il en dise trop. Nan Aurousseau nous fait le témoin de l'inexorable marche en avant de son antihéros, avec un sens aigu, presque journalistique, de cette existence des marginaux. Et jusqu'à la dernière ligne, François ne se départira jamais de son humour noir.
Une vraie pépite donc que ces coccinelles, qui se doit de figurer dans vos prochaines lectures!
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