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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Écrivain d’origine malaisienne, Tash Aw, jouit d’une belle notoriété en Asie du Sud-Est. Comme bon nombre de romanciers asiatiques, sa plume a un je-ne-sais-quoi qui séduit d’emblée.

Son deuxième roman publié en 2009, “La carte du monde invisible”, a pour cadre l’Indonésie des années 60. Longtemps sous domination hollandaise, cet immense archipel a acquis son indépendance en 1945. Fer de lance du Mouvement des pays Non-alignés, son président Soekarno voit son pouvoir autoritaire de plus en plus contesté par une opinion publique partagée entre les idéaux communistes et les thèses nationalistes.

Dans ce contexte politique extrêmement tendu, le lecteur fait la connaissance d’un orphelin de seize ans, Adam, alors même que les militaires de Soekarno arrêtent son père adoptif, un peintre hollandais prénommé Karl.
Abandonné à la naissance, Adam n’a qu’un très vague souvenir de ses premières années à l’orphelinat. La seule certitude à laquelle il se rattache est l’existence d’un grand frère adopté avant lui par une famille dont la trace se perd dans la Malaisie voisine.
Sillonnant un pays où bruissent les désirs de changements radicaux, Adam à l’inverse ressent le besoin impérieux de clarifier les zones d'ombre entourant son passé.

Fort éloigné des plaisirs insouciants de Bali, ce roman de Tash Aw présente l’avantage de donner une image réaliste de la société indonésienne avec une immersion au cœur de Jakarta, la mégalopole grouillante de monde avec ses bidonvilles à perte de vue.
Comment passer sous silence la personnalité finement brossée de Margaret, chez qui Adam trouve refuge : cette quarantenaire, un temps amoureuse de Karl, est si attachante !
L’auteur aime ses personnages et décrit leurs particularités, leurs manies, leurs petits défauts avec bienveillance si bien que l'on a l’impression au fil des chapitres de les connaître de longue date. Cette identification qui coule de source donne une saveur particulière à ce long roman.

“La carte du monde invisible” : vous plairait-il de l’explorer plus en détail ?
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Moins pittoresque que son précédent roman, le tristement célèbre Johnny Lim, plus complexe également, avec ses intrigues qui se recoupent et se répondent à 20 ans de distance, La carte du monde invisible, de l'anglo-malaisien Tash Aw, est un livre torturé dont le thème majeur est celui de la séparation. Celle de son jeune héros, un orphelin, d'avec sa mère, son frère puis son père adoptif. Celle de ce dernier d'avec une jeune femme qu'il a aimée et qu'il retrouvera bien plus tard. Celle enfin de l'Indonésie, qui sert de décor au livre, d'avec la puissance colonisatrice néerlandaise, et qui pas encore digérée 15 ans plus tard, débouche sur des événements sanglants entre conservateurs et partisans communistes, tandis que le dictateur Soekarno gouverne le pays d'une main de fer. 1960, c'est l'année de tous les dangers (voir le superbe film de Peter Weir qui traite le sujet) et Tash Aw tente de faire ressentir la fièvre qui s'empare de Djakarta. Mais avec moins de réussite que pour l'aspect intime et psychologique de son roman. C'est une toile de fond, pas davantage. le livre est aussi un récit initiatique, une quête identitaire (de l'Indonésie et des personnages) au coeur d'un enchevêtrement de sentiments et de frustrations bien rendus par une construction en plusieurs couches temporelles. le plus touchant étant le dialogue imaginaire entre ces deux frères orphelins, qui sont séparés depuis plusieurs années, et dont l'auteur raconte en parallèle le passage au monde des adultes.
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En Indonésie, en 1964, le jeune Adam voit Karl, son père adoptif, se faire enlever sous ses yeux. Karl est né en Indonésie mais il est d'origine hollandaise. le président Soekarno décide d'expulser tous les Occidentaux de son pays et malheureusement Karl fait partie du lot. Adam n'a que seize ans et il se retrouve totalement seul sur l'île de Nusa Perdo. En fouillant dans les papiers de son père, il trouve des photos et des lettres d'une certaine Margaret Bates qui semblait très attachée à Karl. Adam décide de quitter Perdo pour chercher Margaret à Jakarta. Il arrive dans une ville plongée dans le chaos ; les émeutes anti-coloniales, anti-Malaisie, anti-communistes plongent la capitale indonésienne dans l'anxiété. Adam arrive à retrouver Margaret mais comment avoir des nouvelles de Karl alors que la révolte gronde ?

Grâce aux éditions Robert-Laffont, j'ai découvert ce deuxième livre de Tash Aw, écrivain indonésien qui vit actuellement à Londres. J'ai été séduite aussi bien par les thèmes de son roman que par son style lyrique. Tash Aw mélange dans son récit les destins individuels et celui de l'Indonésie. Au début du roman, Adam ne sait plus qui il est ni où il va. Il est seul une nouvelle fois. Sa mère l'a abandonné avec son frère Johan. Ce dernier fut adopté par une famille malaise. On peut noter le parallélisme entre l'histoire des deux frères séparés et celle de l'Indonésie et de la Malaisie. Les deux pays se déchirent dans les années 60. le président Soekarno rejette la Malaisie qu'il considère à la solde de l'impérialisme américain. Il veut faire table rase de tout le passé colonial de l'Indonésie par la force. de nombreux Occidentaux, comme Karl et Margaret, avaient choisi l'Indonésie comme pays. Avec les expulsions mises en place par Soekarno, ils ne savent plus où aller. Leurs pays d'origine leur sont étrangers, ils ne connaissent plus que l'Indonésie. Mais ce pays est en plein bouleversement. « La carte du monde invisible » est celle de l'Indonésie disparue, celle que Karl et Margaret ont aimée. Tash Aw fait des aller-retours dans le passé des personnages pour nous faire comprendre leur choix de vivre dans ce pays. Tous les personnages de Tash Aw sont en quête de leur identité, de leur véritable maison. En cherchant sa place dans le monde, Adam va également permettre aux autres personnages de se retrouver.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur. Ces descriptions de l'Indonésie sont très réalistes, j'ai été plongée totalement dans l'atmosphère de ce pays en plein délitement. « Mais tout vieillissait tellement vite dans cette ville… Jakarta avait le don de tout engluer dans sa crasse visqueuse, pour faire paraître décaties les choses les plus neuves. La mousse poussait sur les surfaces de ciment lisse; le métal et la pierre rongés par le soleil et la pluie, prenaient un aspect sale. A Jakarta, on avait beau faire, on avait toujours la sensation d'être dans un bidonville. » Tash Aw a un sens aigu de la description, il utilise beaucoup les sensations, les impressions pour rendre une atmosphère. Jakarta et Kuala Lumpur, où se trouve Johan, sont des personnages à part entière du roman.

« La carte du monde invisible » est une très belle découverte. La quête identitaire d'Adam dans un contexte politique troublé m'a passionnée. La subtile construction du livre entre passé et présent, l'écriture de Tash Aw m'ont conquise. Un auteur à découvrir et à suivre assurément.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Tres beau livre racontant l'histoire d'un enfant indonésien a la recherche de son père adoptif dans Jakarta sous tensions politiques.
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Le roman de Tash Aw promène le lecteur dans l'Indonésie des années 60. le colonialisme a laissé des traces et les rancoeurs se font tenaces. Les riches étrangers ne sont plus les bienvenus et les groupes extrémistes multiplient leurs actions. C'est dans ce contexte politique fortement agité que Karl de Willigen, d'origine hollandaise, est enlevé. Son fils adoptif, Adam, va tout faire pour le retrouver, aidé de Margaret, enseignante américaine et vieille connaissance de Karl. Dans sa lutte pour retrouver celui qui l'a élevé, Adam comprendra à quel point cet homme qui a mis du temps à l'apprivoiser compte pour lui et tentera de reconstituer son passé et de mieux appréhender le présent.
La Carte du monde invisible est un roman dans lequel l'histoire tient un rôle majeur. Pour autant, les données historiques n'étouffent pas le récit. Il n'est toutefois pas toujours évident de comprendre les subtilités d'une période politique si elle est mal maîtrisée au départ. Il est vrai que je ne suis pas très au point sur l'histoire de l'Indonésie et j'ai rencontré quelques difficultés à ce sujet lors de ma lecture. Ce que j'ai en revanche beaucoup apprécié c'est le thème du souvenir. Thème essentiel historiquement parlant, mais aussi émotionnellement car notre jeune héros Adam est en perpétuelle lutte contre sa mémoire. Il n'a en effet aucun souvenir de son passage à l'orphelinat : « La vie d'Adam avait commencé à prendre une forme plus nette le jour où Karl l'avait ramené de l'orphelinat. » (p.18) de fait, il ne parvient pas à se souvenir de Johan, son frère, et en souffre infiniment. Les passages où Adam se souvient de son arrivée chez Karl et où le narrateur nous décrit leur acceptation progressive sont ceux qui m'ont le plus plu et le plus touchée. Mais Adam n'est pas le seul à se remémorer son passé : Margaret et Johan nous font partager eux aussi leurs souvenirs. Avec Margaret, nous en apprenons plus sur ce qui la lie à Karl et ses réflexions sur le sentiment amoureux sont fort intéressantes. Avec Johan, nous reconstituons le puzzle qu'Adam peine à assembler et nous comprenons pourquoi les deux frères ont été séparés. Cela est possible grâce à la construction narrative du roman : le narrateur joue sans cesse avec les points de vue, technique particulièrement intéressante mais qui rend aussi difficile l'attachement du lecteur envers l'un ou l'autre des personnages. C'est sans doute ce que je retiendrai de ce texte : un roman dense, bien écrit, une histoire maîtrisée qui pose de manière intelligente la question de l'identité, mais une histoire que le lecteur observe plus qu'il ne la vit.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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