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EAN : 9782221114162
444 pages
Robert Laffont (19/01/2012)
3.34/5   28 notes
Résumé :
Indonésie, 1964 : " l'année de tous les dangers ". La vie d'Adam, un jeune Indonésien de 16 ans, bascule le jour où son père adoptif, Karl, peintre d'origine hollandaise, est enlevé par les hommes du président Sukarno. Adam, déjà hanté par le souvenir de son frère Johan, dont il a été séparé à l'orphelinat, quitte alors son île idyllique et se rend à Jakarta pour retrouver celui qu'il considère comme son vrai père. Il est aidé dans sa quête par une universitaire amé... >Voir plus
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Écrivain d’origine malaisienne, Tash Aw, jouit d’une belle notoriété en Asie du Sud-Est. Comme bon nombre de romanciers asiatiques, sa plume a un je-ne-sais-quoi qui séduit d’emblée.

Son deuxième roman publié en 2009, “La carte du monde invisible”, a pour cadre l’Indonésie des années 60. Longtemps sous domination hollandaise, cet immense archipel a acquis son indépendance en 1945. Fer de lance du Mouvement des pays Non-alignés, son président Soekarno voit son pouvoir autoritaire de plus en plus contesté par une opinion publique partagée entre les idéaux communistes et les thèses nationalistes.

Dans ce contexte politique extrêmement tendu, le lecteur fait la connaissance d’un orphelin de seize ans, Adam, alors même que les militaires de Soekarno arrêtent son père adoptif, un peintre hollandais prénommé Karl.
Abandonné à la naissance, Adam n’a qu’un très vague souvenir de ses premières années à l’orphelinat. La seule certitude à laquelle il se rattache est l’existence d’un grand frère adopté avant lui par une famille dont la trace se perd dans la Malaisie voisine.
Sillonnant un pays où bruissent les désirs de changements radicaux, Adam à l’inverse ressent le besoin impérieux de clarifier les zones d'ombre entourant son passé.

Fort éloigné des plaisirs insouciants de Bali, ce roman de Tash Aw présente l’avantage de donner une image réaliste de la société indonésienne avec une immersion au cœur de Jakarta, la mégalopole grouillante de monde avec ses bidonvilles à perte de vue.
Comment passer sous silence la personnalité finement brossée de Margaret, chez qui Adam trouve refuge : cette quarantenaire, un temps amoureuse de Karl, est si attachante !
L’auteur aime ses personnages et décrit leurs particularités, leurs manies, leurs petits défauts avec bienveillance si bien que l'on a l’impression au fil des chapitres de les connaître de longue date. Cette identification qui coule de source donne une saveur particulière à ce long roman.

“La carte du monde invisible” : vous plairait-il de l’explorer plus en détail ?
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Deux frères placés en orphelinat et séparés à la suite de leur adoption n'auront de cesse de se retrouver. Il faudra d'abord, pour Adam, partir à la recherche de son père adoptif, enlevé par l'armée indonésienne, et pour Johann s'enfuir de sa famille adoptive. Différents personnages inteviendront dans l'histoire, dont un jeune révolutionnaire, Din, qui a pour projet avoué d'établir une" carte du monde invisible", c'est-à-dire une carte reprenant l'histoire de l'Indonésie de ses origines jusqu'à l'arrivée des européens, et pour projet inavoué d'assassiner le chef de l'état, Soekarno, ou plutôt de le faire assassiner.
Sur cette trame Tash Aw tente de nous présenter un tableau de l'Indonésie contemporaine. Partie enthousiaste aux premières pages, j'ai eu du mal à achever les dernières. Non que l'histoire en elle-même soit inintéressante, mais l'auteur a tendance à partir un peu dans toutes les directions sans en achever vraiment une seule. de ce fait les problèmes du pays sont plus suggérés qu'efficacement abordés et les personnages, assez fades, semblent en permanence à côté de leur vie. le style est assez plat, languissant dirai-je même, et par moments le texte devient d'un ennui distingué. Bref ce fut une semi-déception, même si je ne regrette pas d'avoir lu ce livre.
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En Indonésie, en 1964, le jeune Adam voit Karl, son père adoptif, se faire enlever sous ses yeux. Karl est né en Indonésie mais il est d'origine hollandaise. le président Soekarno décide d'expulser tous les Occidentaux de son pays et malheureusement Karl fait partie du lot. Adam n'a que seize ans et il se retrouve totalement seul sur l'île de Nusa Perdo. En fouillant dans les papiers de son père, il trouve des photos et des lettres d'une certaine Margaret Bates qui semblait très attachée à Karl. Adam décide de quitter Perdo pour chercher Margaret à Jakarta. Il arrive dans une ville plongée dans le chaos ; les émeutes anti-coloniales, anti-Malaisie, anti-communistes plongent la capitale indonésienne dans l'anxiété. Adam arrive à retrouver Margaret mais comment avoir des nouvelles de Karl alors que la révolte gronde ?

Grâce aux éditions Robert-Laffont, j'ai découvert ce deuxième livre de Tash Aw, écrivain indonésien qui vit actuellement à Londres. J'ai été séduite aussi bien par les thèmes de son roman que par son style lyrique. Tash Aw mélange dans son récit les destins individuels et celui de l'Indonésie. Au début du roman, Adam ne sait plus qui il est ni où il va. Il est seul une nouvelle fois. Sa mère l'a abandonné avec son frère Johan. Ce dernier fut adopté par une famille malaise. On peut noter le parallélisme entre l'histoire des deux frères séparés et celle de l'Indonésie et de la Malaisie. Les deux pays se déchirent dans les années 60. le président Soekarno rejette la Malaisie qu'il considère à la solde de l'impérialisme américain. Il veut faire table rase de tout le passé colonial de l'Indonésie par la force. de nombreux Occidentaux, comme Karl et Margaret, avaient choisi l'Indonésie comme pays. Avec les expulsions mises en place par Soekarno, ils ne savent plus où aller. Leurs pays d'origine leur sont étrangers, ils ne connaissent plus que l'Indonésie. Mais ce pays est en plein bouleversement. « La carte du monde invisible » est celle de l'Indonésie disparue, celle que Karl et Margaret ont aimée. Tash Aw fait des aller-retours dans le passé des personnages pour nous faire comprendre leur choix de vivre dans ce pays. Tous les personnages de Tash Aw sont en quête de leur identité, de leur véritable maison. En cherchant sa place dans le monde, Adam va également permettre aux autres personnages de se retrouver.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur. Ces descriptions de l'Indonésie sont très réalistes, j'ai été plongée totalement dans l'atmosphère de ce pays en plein délitement. « Mais tout vieillissait tellement vite dans cette ville… Jakarta avait le don de tout engluer dans sa crasse visqueuse, pour faire paraître décaties les choses les plus neuves. La mousse poussait sur les surfaces de ciment lisse; le métal et la pierre rongés par le soleil et la pluie, prenaient un aspect sale. A Jakarta, on avait beau faire, on avait toujours la sensation d'être dans un bidonville. » Tash Aw a un sens aigu de la description, il utilise beaucoup les sensations, les impressions pour rendre une atmosphère. Jakarta et Kuala Lumpur, où se trouve Johan, sont des personnages à part entière du roman.

« La carte du monde invisible » est une très belle découverte. La quête identitaire d'Adam dans un contexte politique troublé m'a passionnée. La subtile construction du livre entre passé et présent, l'écriture de Tash Aw m'ont conquise. Un auteur à découvrir et à suivre assurément.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Moins pittoresque que son précédent roman, le tristement célèbre Johnny Lim, plus complexe également, avec ses intrigues qui se recoupent et se répondent à 20 ans de distance, La carte du monde invisible, de l'anglo-malaisien Tash Aw, est un livre torturé dont le thème majeur est celui de la séparation. Celle de son jeune héros, un orphelin, d'avec sa mère, son frère puis son père adoptif. Celle de ce dernier d'avec une jeune femme qu'il a aimée et qu'il retrouvera bien plus tard. Celle enfin de l'Indonésie, qui sert de décor au livre, d'avec la puissance colonisatrice néerlandaise, et qui pas encore digérée 15 ans plus tard, débouche sur des événements sanglants entre conservateurs et partisans communistes, tandis que le dictateur Soekarno gouverne le pays d'une main de fer. 1960, c'est l'année de tous les dangers (voir le superbe film de Peter Weir qui traite le sujet) et Tash Aw tente de faire ressentir la fièvre qui s'empare de Djakarta. Mais avec moins de réussite que pour l'aspect intime et psychologique de son roman. C'est une toile de fond, pas davantage. le livre est aussi un récit initiatique, une quête identitaire (de l'Indonésie et des personnages) au coeur d'un enchevêtrement de sentiments et de frustrations bien rendus par une construction en plusieurs couches temporelles. le plus touchant étant le dialogue imaginaire entre ces deux frères orphelins, qui sont séparés depuis plusieurs années, et dont l'auteur raconte en parallèle le passage au monde des adultes.
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La carte du monde invisible, c'est l'histoire que l'un des personnages aimerait écrire à propos des îles les plus petites et les plus orientales de l'Indonésie, rendues invisibles par la présence des grandes îles, Java, Sumatra, Bali… le plus grande partie du roman se déroule donc en Indonésie en 1964, année qui fait suite à l'indépendance du pays. Les hollandais sont priés de quitter le pays, le gouvernement du président Soekarno doit faire face à des émeutes. La situation est présentée par le regard de plusieurs personnages : Adam, jeune homme de seize ans, orphelin adopté par Karl, peintre hollandais, Margaret, américaine qui a presque toujours vécu en Indonésie. La présence du jeune homme qui part à la recherche de ses origines et de son frère dont il a été séparé tout petit, fait de ce livre un roman d'apprentissage, mais qui petit à petit s'avère bien davantage que cela. S'y mêlent les thèmes de la filiation et de l'identité, des identités réelles ou fantasmées. Chaque personnage se sent d'un pays qui n'est pas forcément celui où il est né ou dont sont originaires ses parents, se sent d'une famille qui est plus souvent une famille choisie que génétique. La trame politique est aussi importante dans le roman, avec le personnage de Din, jeune professeur collègue de Margaret, qui fréquente les milieux activistes de l'université. L'histoire de l'Indonésie en arrière-plan n'est pas toujours immédiatement compréhensible pour qui ne la connaît guère, mais cela n'empêche pas de suivre ce roman, emmené par une très belle écriture, fluide et agréable.
La seule chose qui a entravé ma lecture, me faisant ressentir des longueurs là où il n'y en avait pas réellement, est que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, que ce soit le jeune Adam, Margaret l'universitaire, Karl l'artiste peintre ou Johan, le frère disparu de Adam. Pourtant, leur destin aurait dû me toucher, la possibilité de retrouvailles aurait dû me tenir en haleine, mais quelque chose, une certaine pudeur dans l'écriture, un détachement, m'a empêché de ressentir de l'émotion pour des personnages qui avaient tout pour devenir inoubliables. Mais ce n'est que mon avis...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De temps en temps, très rarement, il entrevoit une seule et unique image, qui brille comme un éclair lointain pendant quelques secondes : de la mousse noire sur un mur de béton nu, des éraflures sur les pieds d’un bureau en bois, le plafond d’une longue pièce sombre, un morceau de toile, une table au plateau tellement criblé de piqûres de vers qu’en passant les doigts dessus il a l’impression de ne sentir que des trous, rien de solide. Il y a également des bruits. La pluie qui crépite sur un toit en zinc, comme des clous dans une boîte de conserve géante. Et un drôle de murmure, un bourdonnement monotone de voix chuchotantes dont il ne distingue que les sifflantes de s entremêlés de ch, lui évoquant un grand chœur réclamant le silence.
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Une vie entière passée en Asie lui avait appris à reculer pour mieux obtenir ce qu'elle voulait : si on insistait trop, on provoquait de la gêne, or la gêne conduisait au refus, et le refus en Asie était irréversible, car changer d'avis équivalait à perdre la face, en d'autres termes : être humilié. C'est pourquoi il ne fallait jamais être trop (ouvertement) pressant ; ne jamais insister, toujours suggérer. déchiffrer le langage du corps. Sourire. S'incliner. Ne pas réagir avec excès. Se montrer humble. Reconnaître le fait qu'on est étranger.
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«Surtout, ne te fie jamais à ta mémoire, lui disait sa mère. Elle ne te donne jamais ce que tu veux. Quand tu fais appel à elle dans l'espoir d'un réconfort, tu n'obtiens que de la souffrance. Et quand tu as besoin de t'en servir comme d'une bibliothèque, juste pour y rechercher des informations, elle est toujours vide. Contente-toi de tout laisser derrière toi, et concentre-toi sur le présent.»
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Adam, qui est venu vivre dans cette maison à l’âge de cinq ans avec Karl, en a seize aujourd’hui. Et il ne lui reste aucun souvenir de sa vie avant son arrivée ici.
Parfois la nuit il se réveille en sursaut, avec la désagréable sensation de contempler un vide gigantesque, un trou qui ressemble à un vaste gouffre sans fond, prêt à l’engloutir. Cette peur d’être aspiré par le néant agit sur lui comme un électrochoc, le tirant de son sommeil. Impossible, pour lui, de se remémorer des scènes de son enfance, pas même quand il ferme les yeux et essaie de les recréer dans son esprit. C’est dans ce laps de temps, entre la veille et le sommeil, une fois la tête posée sur l’oreiller, qu’il laisse vaguer son esprit, dans l’espoir que cette, enfin, sa vie passée jaillira par les brèches de sa mémoire, pour remplir ses rêves, telle une crue chaude aux flots tourbillonnants, chargés de souvenirs. Mais cette illumination ne se produit jamais, et ses nuits demeurent comme un tableau noir sur lequel on aurait tout effacé.
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Qui chantait ceci en 1977? On a tous dans le coeur une petite fille oubliée Une jupe plissée, queue de cheval, à la sortie du lycée On a tous dans le cœur un morceau de ferraille usé Un vieux scooter de rêve pour faire le cirque dans le quartier Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Un truc qui me colle encore au cœur et au corps Everybody's doing a brand-new dance now Come on babe do the locomotion I know you gonna like it if you give it a chance now Come on babe do the locomotion

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