Il n'appréhende pas ce qui se joue, ce conflit qui se réveille, entre la manière dont elle se perçoit et les racines auxquelles on la renvoie, paradoxes multiples qui grondent et bouillonnent en elle.
Elle a parlé trop vite. Elle se tait. Elle s’en veut. Elle s’en veut mais elle n’aurait pas pu faire autrement. Rien ne l’obligeait à évoquer le persan. Peut-être n’aurait-elle pas dû, peut-être aurait-elle mieux fait de se retenir, de réfréner son élan. Mais était-ce bien possible ? Était-ce possible d’occulter cette langue onctueuse d’humour, de proverbes et de paraboles, dont les voyelles chantent et se traînent avec indolence ? Une langue plus poétique qu’aucune autre, où les oiseaux, les fleurs, le soleil et la mer ont élu leur perpétuel domicile. Une langue qui bascule d’un battement d’aile de la vulgarité la plus extrême à la tonalité la plus formelle, si différente du français, de sa grammaire stricte et de sa rationalité. Si fluide, si liquide en comparaison. La langue de sa découverte du monde.