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Critique de Charybde2


Un étonnant et savoureux voyage improvisé en direction des complexités et des simplicités de la ligne de code. Souvent hilarant, le choc entre littérature et programmation s'y révèle sous un jour inattendu.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/24/note-de-lecture-python-nathalie-azoulai/

Autrice consacrée, « de plus de cinquante ans », la narratrice décide tout à coup – à la surprise des ses proches, qui semblent néanmoins plus ou moins coutumiers de ses saisies obsessionnelles – de plonger dans l'univers du code – de la programmation. Si elle-même ne parvient pas totalement à rationaliser ses justifications et ses motivations (souvent particulièrement savoureuses lorsque certaines se dévoileront au fil des pages et des questionnements), la lectrice ou le lecteur y discerneront pêle-mêle (même si certains subtils fils d'Ariane se dégageront peu à peu de son tableau mural d'investigation « à la Carrie Matheson ») le besoin de comprendre un univers comme marqué socialement par l'adolescence et la post-adolescence certes, mais aussi par la vitesse, tout simplement (ce sur quoi Hartmut Rosa et Paul Virilio comme le numéro 9 de la Moitié du Fourbi auraient sans doute leur mot à dire aussi). En jouant à opposer les apparences du code et celles de la littérature – tout particulièrement lorsqu'elle ancre son propre savoir dans les siècles classiques -, elle entreprend a contrario, presque par surprise, un étonnant travail d'élucidation dans la joie et la peine, de désignation du labeur et de l'élégance qui habitent les lignes structurelles invisibles sur les écrans – et parvient à saisir, depuis sa position même jugée si improbable, certaines des essences précieuses qui habitent là. Certainement pas un voyage au bout du code, mais à coup sûr une série de transgressions inattendues de tout ce que tracent zones de confort et préjugés, dont la narratrice sort, pour le moins, transformée.

Publié en janvier 2024 chez P.O.L., « Python » est la seizième oeuvre de Nathalie Azoulai (on vous parlera certainement prochainement sur ce blog de sa septième, par exemple, « Titus n'aimait pas Bérénice »). Avec ce récit enlevé, à la première personne, elle réussit la prouesse de traiter, comme mine de rien, en toute drôlerie et légèreté apparentes, d'un sujet éminemment sérieux, celui de la place du code informatique dans nos vies, matérielles, quotidiennes ou plus fondamentales (on pourrait songer par moments au « LQI – Notre Langue Quotidienne Informatisée » de Yann Diener, si ce n'est que Nathalie Azoulai a délibérément choisi de se tenir à l'écart d'une tentation, celle de fustiger ce que l'on ne comprend pas, précisément), et de trouver sa concentration ailleurs, dans la tentative sincère d'approcher – avec les yeux, rares en la matière, de Chimène – cette autre espèce, celle des geeks et geekettes pour qui la programmation (en langage Python ou non) est une passion ou un métier, mais en tout cas une évidence. En nous conviant ainsi à l'étude d'un jeu de langage, nécessairement, comme nous le rappelait à sa manière si incisive Hugues Leroy, aussi bien dans son récent « Exercices de vide » que dans son plus ancien « Sur les vertus de la concision dans certains textes que personne ne lit » (dans les numéros 1 et 14 de la Moitié du Fourbi, encore), mais d'un jeu de langage qui peut avoir – et qui a – un impact colossal sur nos vies, Nathalie Azoulai nous offre un feu d'artifices inattendu, paradoxal et salutaire.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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