Premier livre de
Nathalie Azoulai sur lequel je mets la main, qui ne donne certainement pas envie de lire les précédents.
Pourtant, au premier abord, le concept est intéressant : l'autrice, une femme d'une cinquantaine d'années, décide d'apprendre à coder en
Python sans rien connaître à l'informatique, après avoir aperçu le fils d'un de ses amis assis derrière son écran, visiblement plongé dans son code. Premier malaise : ce garçon, Boris, va être un personnage récurrent au fil du récit, objet de tous les fantasmes de l'autrice sur les programmeurs, ces mystérieux jeunes hommes qui, plongés dans le noir, façonnent le monde derrière leur écran... Merci pour le cliché.
Passons ; Nathalie veut apprendre à coder et contacte donc
Xavier Niel, dont elle avait l'adresse mail personnelle (?), qui la met en contact avec la directrice de l'école 42 - rien que ça ! Problème, Nathalie veut coder en
Python et à l'école 42, on fait du C. de toutes façons, elle échoue à tous les tests préliminaires ; elle se met donc plutôt en quête de professeurs particuliers. Ce sont deux jeunes femmes qui vont avoir la dure tâche de l'initier au
Python, même si elle aurait préféré des hommes (pour mieux coller à son fantasme, j'imagine). Là, on pourrait se dire que ça va enfin être intéressant - va-t-elle décrire son progrès dans le langage informatique ? Va-t-elle se rendre compte que son monde de clichés est en train de s'effondrer ? Eh bien non. Nathalie fait crise existentielle sur crise existentielle lorsque sa première professeure tente de lui apprendre les bases du
Python, puis avec sa seconde enseignante, elle parle plus de littérature que d'informatique (ah oui : elle mentionne
Proust au moins une fois toutes les cinq pages). Puis finalement elle se retrouve à prendre un cours avec Boris, l'objet de tous ses fantasmes ; j'espère qu'il ne lira jamais ce livre, parce que même moi qui était extérieure à cette histoire j'ai été mal à l'aise pour lui, il n'a rien demandé et le voilà qui essaie d'enseigner le
Python à une cinquantenaire au bord de la syncope quand elle doit taper sur un clavier et qui le regarde avec des yeux débordants de sexe.
Puis vers la moitié du livre,
Nathalie Azoulai abandonne complètement son idée de base. Elle disserte sur l'importance de la littérature et de la création, part dans des délires mystiques, utilise le terme "
Python" pour désigner le code en général - c'est à ce moment que tous les programmeurs ont mal. Ses personnages féminins (ses enseignantes, et même la directrice de l'école 42) sont systématiquement torpillées quand les personnages masculins sont adulés (encore une fois Boris, je suis désolée pour toi).
Elle finit par retourner à l'école 42 mais plus pour apprendre, pour mener une enquête "journalistique" - on comprend vite qu'elle veut trouver un jeune homme à se mettre sous la dent, et pas de chance, le seul qu'elle arrive à attraper est gay. Elle se dit aussi que les jeunes femmes qui sont là sont bien tombées car elles ont tout un choix de partenaires à leur disposition - parce que c'est bien connu, quand on est une femme, on fait des études pour trouver un mari ou pour coucher facilement, hein, voilà.
Bref,
Nathalie Azoulai n'a jamais appris à coder en
Python et moi, j'ai perdu quelques heures de ma vie.