AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 31 notes
5
9 avis
4
12 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors que l'Océan Viking, l'héritier de l'Aquarius, bateau de SOS Méditerranée est retenu depuis le 22 juillet dans le port de Porto Empedocle en Sicile, par les autorités Italiennes avec la bénédiction de l'union européenne toujours aussi lâche quand il est question de prendre et d'assumer ses responsabilités… qu'il fait, malheureusement, bon de se plonger dans un petit livre comme « Ulysse a dit ». Pas que ce soit le livre du siècle ou de l'année ni même celui de la semaine, c'est juste un livre intemporel, un livre du coeur, un livre du dégout et du courage.
Le dégout de nos sociétés, de nos… « civilisations ? » qui permettent que des Hommes meurent tous les jours de faim ou sous les bombes, que des Hommes soient asservis et assassinés au nom d'un dieu quel qu'il soit, le dégout d'un monde qui permet, pire, qui accepte, que des Hommes meurent en mer en essayant d'échapper au destin qu'on leur a tracé. Migrants, clandestins et autres petits mots doux pour les nommer. On les fait clandestins de la vie alors qu'ils sont la vie pendant que nous sommes « morts » devant nos écrans de télé, devant ces réseaux qu'on appelle sociaux, devant tant de choses. Morts de peurs. Peur de perdre son boulot, son fric, sa femme ou son mari, sa santé, son confort, sa place de parking, son match de foot, peur de l'autre, des autres. Hier l'autre c'était une couleur de peau, une religion, une orientation sexuelle, une conviction politique. Ca le reste aujourd'hui mais il faut y ajouter celui qui avance sans masque. Des goûts et des coups leurrent…
Ce petit livre, c'est le livre du courage. Courage de ceux qui partent. Même s'il est maintenant politiquement correct de dire qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde (copyright rocard 89…) il serait tellement plus simple de ne pas la créer ni l'entretenir cette misère qui nous rapporte tant…
Oui courage de ceux qui quittent une terre, un parent, juste pour avoir le droit de vivre, juste pour avoir le droit de respirer sans risquer la sanction, juste pour avoir le droit de voir grandir ses enfants, juste pour que ses enfants aient une chance de grandir.
Courage aussi de ces gens HORS LA LOI !!!!!!! qui aident les « clandestins », courage des membres de ces associations qui désobéissent intelligemment. Tendre la main est aujourd'hui condamnable sans que ça ne pose le moindre problème…
Ce petit livre est un livre du coeur, écrit avec le coeur.
Ce petit livre c'est le pouls de l'humanité qui devient de moins en moins perceptible. C'est un battement rebelle, une pulsation qui vient battre aux tempes et qui fait mal à la tête, et qui fait mal au coeur.
Ce petit livre c'est l'histoire de Maïmouna, petite Malienne de treize ans, ce petit livre c'est l'histoire d'Ulysse, gardien de phare, ce petit livre c'est une histoire comme il y en a trop, ce petit livre c'est notre histoire.
Si vous venez tendre l'oreille aux dires d'Ulysse, ne vous perdez pas à savoir si c'est de la littérature ou pas, on s'en fout. Entendez juste ce souffle de vie, ce souffle d'en vie.
Ce petit livre c'est Maïmouna, c'est Mona Azzam, c'est un froissement d'elles.

Commenter  J’apprécie          428
Ce roman est un rêve et un cauchemar.
Le rêve d'une mère, le cauchemar de sa fille.
De la Mauritanie à l'Espagne.
Des économies à l'épargne pour la traversée.
L'homme blanc aux cheveux dorés à l'arrivée « Ma avait prévu cela. »
La cale insalubre, le viol lugubre, le naufrage. « Ma n'avait pas prévu cela. »

De sa vie, il en a eu marre, Ulysse est gardien de phare, il a tout plaqué pour Gibraltar.
Ulysse a dit… Plus jamais ça.

Mais je n'y crois pas !
L'histoire de Maïmouna, Ulysse la raconte dans ce livre.
« Mais elle est aussi, une histoire universelle, celle de tous les migrants qui payaient et payeraient encore longtemps, au prix de leur vie, leur quête de contrées européennes où ils n'aspirent qu'a une vie normale, loin des conflits qui déciment leur pays d'origines. »

Mona Azzam a fait d'un sujet lourd un roman facile à lire, presque léger par la poésie qui s'en dégage. Un roman parfaitement adapté à la lecture par des adolescents, des lycéens. Pour qu'ils ne soient pas dupes, pour qu'ils sachent même s'ils n'y peuvent pas grand-chose.

« Comment va le monde – il est rouge sang. Et à mon avis il l'est pour longtemps.
Comment va la vie – il y a des endroits, elle vaut dix dollars – combien je te dois.
Comment va la guerre – elle va comme elle va. Elle est planétaire. On se reverra.
La dignité n'est pas notre spécialité. »
B. Lavilliers.

Commenter  J’apprécie          407
Maïmouna, malienne, a 13 ans. Arrivée par bateau, elle fera irruption dans l'univers d'Ulysse, écrivain, borné sans limites par un phare et par la mer.
Elle a fui son pays en voyageuse clandestine, lui a migré de famille d'accueil en famille d'accueil.
Il se fera un devoir de raconter l'odyssée de cette déracinée, perpétuant ainsi la tradition des griots.

Deux oeuvres parcourent en filigrane le roman de Mona Azzam, le petit prince et Ulysse, qui reviennent en leitmotiv.

Cet ouvrage est un petit opus taillé comme un conte fictif, celui de la rencontre improbable du petit prince aux cheveux couleur d'or qui cherche à apprivoiser Maïmouna aux yeux caramel. C'est aussi un récit véridique sur l'abominable voyage qu'entreprennent ceux qui ont laissé leur âme dans un pays lointain.

C'est frais, plein d'embruns d'humanité, au bord de la naïveté qui sied aux propos.
Commenter  J’apprécie          405
Maïmouna, petite Malienne aux yeux caramel, ta maman t'aimait tant qu'elle a sacrifié son amour pour tenter de te sauver.
Du jour où elle a entendu ton cri déchirant à travers la Savane, elle a su qu'elle devait t'éloigner de Yélékéla, de cette terre d'Afrique devenue hostile.
Alors, tu as fait ton baluchon sans rien dire et, à travers le désert, tu as marché dans ses pas jusqu'au bateau blanc qui devait te conduire à une vie meilleure, au djinn aux cheveux d'or de ton livre préféré.
Mais Ma n'avait pas prévu la maladie, la violence, la tempête, la France si lointaine.
Dieu seul savait, qui a mis Ulysse sur ton chemin afin que ton histoire ne tombe pas dans l'oubli.
Alors, du haut de son phare, Ulysse s'est fait griot, Ulysse a dit...

Un récit aux allures de conte qui n'occulte pourtant pas la cruelle réalité qu'affrontent ces naufragés de l'espoir que sont les migrants.
Une plume sensible, délicate, que Mona Azzam manie avec justesse, laissant dans son sillon de doux parfums d'embruns et, dans la bouche, le goût salé/sucré de la tragédie humaine.
Merci à David pour cette belle découverte !
Commenter  J’apprécie          386

𝘜𝘭𝘺𝘴𝘴𝘦 𝘢 𝘥𝘪𝘵...

Cette Odyssée n'est pas la sienne.
Il se fera pourtant leur voix pour la conter, par-delà les flots, lui Ulysse, gardien du phare, la porte ouverte sur l'océan...

Cette Odyssée c'est la leur... celle de Maïmouna, celle d'Aminata, celle de tant d'autres qui, comme elles, tenteront le grand voyage. Terre rouge d'Afrique, terre de griots, terre de sueur et de labeur, terre d'islam et de répression...

Et au-delà de ces terres millénaires, au-delà de cette étendue bleue, houleuse et belle à la fois, cercueil au linceul d'écumes mais tant porteuse d'espoirs, l'avenir... L'espérance d'un nouveau printemps, les notes d'un chant salvateur. La vie. Chapitre Un.

Cette Odyssée, Maïmouna, petite malienne aux yeux caramel et au teint d'ébène, l'accomplira seule, loin de sa famille, sur une mer parsemée de cyclopes... Elle aussi se fera voix... Petite sirène dont les mélopées s'élèveront pour se faire écho des tourments qui ravagent son pays.

Avec une plume sincère, beaucoup de sensibilité et quelques jolies envolées poétiques qui lui siéent à ravir lorsqu'elle évoque la mer ou les contrées nord-africaines, Mona Azzam livre, à travers les yeux caramel de Maïmouna, un cri d'alarme, un playdoyer pour tous ces migrants à l'histoire universelle, à la recherche d'une petite étincelle de bonheur loin des conflits morcelant leur pays d'origine, le Mali.

Dans une région où AQMI fait toujours planer l'insécurité, où l'instabilité politique, les sécheresses, le terrorisme ou la corruption sont autant de fléaux qui forcent à l'exil, les forces armées françaises viennent toutefois récemment d'abattre le chef d'AQMI lors d'une action antiterroriste, entretenant une petite lumière d'espoir, comme un phare qui se dresse pour tous les Ulysse et les Maïmouna du monde...


(𝘈𝘘𝘔𝘐 : 𝘣𝘳𝘢𝘯𝘤𝘩𝘦 𝘥'𝘈𝘭-𝘘𝘢𝘪𝘥𝘢 𝘢𝘶 𝘔𝘢𝘨𝘩𝘳𝘦𝘣 𝘪𝘴𝘭𝘢𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦)
Commenter  J’apprécie          3412
Ulysse a ditUlysse a dit l'horreur.
Ulysse a dit combien il aimait cette petite fille trouvée à bord d'un bateau de migrants, seule rescapée d'un drame qui la dépasse.
Ulysse a dit le courage de l'enfant.
Ulysse a dit que la France aurait pu, aurait dû être pour elle un nouveau départ.
Ulysse a dit que tout n'est pas si simple au pays du Petit Prince.

Mona Azzam a écrit un texte magnifique, sobre et bouleversant.
En consacrant son roman à une seule personne, une petite fille, elle donne une dimension extrêmement émouvante à ces drames auxquels nous sommes confrontés presque quotidiennement.
L'auteure a su trouver les mots pour exposer, sans juger. Son récit ne tombe ni dans le voyeurisme, ni dans le larmoyant.
Plus qu'un roman, ce court récit nous ouvre les portes d'un monde que nous ne voulons pas voir.

Une lecture coup de poing pour laquelle je remercie Babelio et les Editions La Trace.

Commenter  J’apprécie          292
Une jolie couverture qui correspond bien au propos du roman. J'ai aimé la structuration de ce roman. J'ai lu un conte dur, triste et si actuel. Un conte ou un cauchemar mais aussi une rencontre, une réflexion sur ce que l'on veut faire de sa vie. J'ai beaucoup aimé les personnages. L'auteure en peu de mots les fait vivre et leur donne une épaisseur étonnante. J'ai été transporté dans ce phare avec une envie d'y rester.
Commenter  J’apprécie          70
L'auteur a une plume ronde et polie comme un galet roulé par les flots ; cela donne une musicalité à ce roman celle des Negro Spirituals, livre de l'exode et de l'émancipation du peuple.
Ulysse se résume à cet acte : « A quarante-cinq, il n'aspirait plus qu'à ceci, cet isolement au milieu de nulle part, entre ciel et mer avec, pour seuls compagnons désormais, les vents et les oiseaux. »
Il en avait assez de sa vie parisienne et de son travail de direction. Alors un jour il largue les amarres pour devenir gardien de phare au large de Gibraltar.
C'est sa liberté.
Puis une nuit, un cri déchire sa solitude. Un naufrage a eu lieu, il ne prévient pas les autorités et va seul porter secours. Trop tard une coque éventrée et échouée, des corps disparus, seul demeure visible un Coran et au moment où il va abandonner il aperçoit un corps frêle qui lutte, c'est Maïmouna, il pense à une enfant de 7 ou 8 ans. En fait elle en a 13.
Maïmouna est l'exemple type de l'enfance sacrifiée.
Elle vient du Mali…
Je n'en dirai pas plus.
C'est un roman court, sûrement trop à mon goût.
Mon bémol de lectrice, mais c'est mon ressenti uniquement, c'est la construction en deux parties, j'aurai aimé que les chapitres s'entrelacent, comme peuvent le faire deux êtres au milieu de nulle part, qui avancent
l'un vers l'autre sans le savoir et qui se trouvent pour finir dans un embrassement humanitaire.
©Chantal Lafon -Litteratum Amor 4 septembre 2020.

Commenter  J’apprécie          50
Une histoire d'amour et de rage, douce et terrible à la fois, simple , mais qui bouleverse notre être profond. Maïmouna, si fragile et si forte pourtant, nous renvoie l'horreur de notre monde, la réalité des hommes. Un petit roman où l'écriture presque naïve contraste avec la dureté du sujet. Après lDans le silence des mots chuchotés, Mona Azzam m'a cette fois encore touchée ! Merci
Commenter  J’apprécie          41

Un bien joli conte, sachant que les contes ne finissent toujours pas très bien, où il est question évidemment de voyage , de tempête et de traversée ... une écriture volontairement épurée , un petit opus qui se lit d'une traite où l'émotion est bien au rendez-vous . Un petit ouvrage que nous refermons en nous posant des questions sur ces drames qui ont lieu tous les jours dans l'indifférence ...
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (46) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}