Porter témoignage. C’est bien cela la vocation d’un écrivain : témoigner.
Il prit à coeur ce qui m'arrivait et me débrouilla une bourse du ministère des Affaires étrangères français. C'est comme ça que j'émigrai chez les francaouis pour manger leur pain et coucher avec leurs femmes.
Je fis l'amour avec deux jeunes femmes en quatre ans, ce qui est peu si l'on compare avec ce qui se passe en France, mais beaucoup en Algérie où certains ne connaissent les joies ou les malheurs de la chair que pendant leur nuit de noces.
« se quitter soi-même, n’est-ce pas la chose la plus difficile ? on s’éprend plus de sa personne que de la vie… » page 105
Malraux, plus visionnaire que Camus et Sartre réunis, a payé pour son engagement gaulliste que l'on explique par sa désillusion communiste. Sa grandiloquence un peu ridicule l'a coupé de ses lecteurs par la suite. L'homme proche des révolutionnaires, l'antifasciste qui aura dénoncé la torture dans ses romans sur la Chine, a été ministre de l'Information pendant la guerre d’Algérie où l'on suppliciait beaucoup. (p. 131)
La fiction ne répare la douleur de la mort. (p. 101)
L'art comme dévoilement du monde et des agissements des hommes risque fort de vous attirer des ennuis. Les uns et les autres n'aiment pas s'entendre dire qu'ils ont tort ou qu'ils s’illusionnent. Ils tiennent pour une vérité établie l'idée qui les pousse à s'entre-tuer. Un écrivain honnête, par l'exercice même de son art, lèvera les impostures de son temps. Les hommes ne le lui pardonneront pas. Un artiste se nourrit de son art et ne vit que pour lui, une illusion bien sûr, mais il s'en contente et n'espère pas ou si peu. Les hommes, eux, espèrent et s'illusionnent pour vivre. Leur arracher ces pauvres oripeaux les plongera dans une détresse immense. (pp. 51-52)
« Vous pouvez bien brûler mes livres ; vous ne pourrez brûler leur contenu, bien à l’abri au fond de mon cœur. Là où m’entraîne ma monture, il me suit, faisons halte là où je fais halte, et avec moi, dans ma tombe, il sera enterré. Cessez donc de brûler parchemins et papiers, et professez plutôt votre science afin que tous voient qui est le véritable savant. Sinon, commencer par reprendre le chemin des bibliothèques, car combien de voiles vous faudra-t-il écarter, avant d’accéder à ce que vous désirez pour l’amour de Dieu. » Ibn Hazm
Je sais que les guerres sont sales, surtout quand elles se font en famille.
J'ai tenu à faire la distinction dans ce récit de ma vie entre Dieu et Allah dont le nom ne veut plus rien dire puisqu'il sert à justifier l'horreur et la barbarie. Une partie des musulmans s'est approprié Dieu pour mener une guerre contre l'humanité. Elle en a fait une idole pour légitimer ses crimes. Il s'agit là d'une image de l'homme, dégradée et hideuse, que certains nomment Allah.