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EAN : 9782070179602
192 pages
Gallimard (03/01/2017)
2.82/5   42 notes
Résumé :
«Comme tous les gamins d’Algérie, je vivais dans la crainte de ne pas être assez bon pour échapper au châtiment du Grand Méchant Allah. À l’école non plus, je n’échappais pas à la question. En classe, nous apprenions l’arabe en récitant le Coran. Pour lire le Coran, il fallait connaître l’arabe et pour connaître l’arabe, le Coran… un cercle arabo-islamo-vicieux. Je n’y entendais bientôt plus rien, ni à l’arabe ni au Coran… alors je recevais des coups de règle sur le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un roman qui pourrait être victime de son titre pour tous ceux et toutes celles qui se détournent des religions , n'y imaginant qu'un vaste débat sur un sujet qui divise le monde . En fait , ici , il s'agit de suivre l'enfance puis la jeunesse d'un algérien , Salim Bachi dans un contexte qui va le mener au rejet de la religion tant les hommes ont fait , en son nom , acte de violence et intransigeance dans un pays où l'Islam est devenu enjeu de pouvoir et de domination sur les institutions , créant , il n'y a pas si longtemps , une guerre civile de triste mémoire .
Toute la rancoeur de cet homme se déverse dans des pages plutôt bien écrites mais manquant de lien , manquant de ce " je ne sais quoi " d'original qui fait le charme et l'intérêt de belles autobiographies .Si certains passages sont trés beaux , d'autres sont plutôt des règlements de comptes avec des hommes , des femmes , avec un climat tyrannique qui a forgé l'intellect et la détestation d'un pays , d'une société , le renoncement aux valeurs de la vie humaine libre .
Salim Bachi , victime d'une éducation "virile", rigoriste , vide son sac et explique ses choix .
Un acte courageux et libérateur qu'il nous dévoile comme une sorte de " confession ".
On trouvera beaucoup d'exemples de ses " ruades ", de ses attitudes , de ses envies de se démarquer , un exercice louable mais un peu " léger " une fois que l'on exclut le système éducatif dont il fut victime .Un peu plus d'analyse aurait été bienvenu .
Je ne rejette pas , loin de là , ce choix , loin de mes préoccupations personnelles
, mais j'aurais aimé " un peu plus "....
Allez , amis et amies , cette aventure est terminée , une autre arrive et , tenez - vous bien , il paraît qu'elle sera tempétueuse ....
alors , à bientôt , peut-être ....
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Dieu, Allah, moi et les autres n'est pas un roman. Ce n'est pas non plus une simple autobiographie. A travers de courts chapitres à la chronologie non linéaire, Salim Bachi, tour à tour ou en même temps, raconte des éléments de sa vie, explique son rejet absolu de tout embrigadement, dénonce et déplore l'obscurantisme religieux qui conduit aux massacres et chante son amour pour la littérature, la langue française et les femmes.

Né en 1971 en Algérie, dans une famille non pratiquante, il décrit l'enfer des écoles algériennes issues de la décolonisation. Coups, insultes, cours dirigés par des intégristes, ... le moins qu'on puisse dire est que le jeune Salim n'y apprend pas grand chose si ce n'est une méfiance envers ce Dieu qui laisse faire et une détestation viscérale de toute vérité assénée par la violence et la terreur.
Gravement malade et obligé trop souvent à rester alité, il trouve refuge - comme je le comprends! - dans les merveilles offertes par la littérature. Il y découvre, outre de formidables histoires, un horizon qui éclate les cadres rigides de la religion, de l'identité à outrance.

Salim Bachi, qui partit par la suite étudier à la Sorbonne, quitta alors une Algérie en proie à la décennie noire, entre viols et massacres des islamistes du GIA et et tortures et exécutions des forces militaires. La jeunesse - il a alors vingt ans - se retrouvait prise dans un étau et trop souvent forcée de choisir un camp.

Salim Bachi est un esprit résolument libre. On sent dans son récit toute son exécration pour le dogmatisme, les fondamentalismes, les hypocrisies qu'elles soient religieuses ou politiques. Il se sert de son talent d'écrivain pour dénoncer ces abhorrations. Il y a beaucoup de violences dans ses chapitres, factuelle avec le terrorisme, et intellectuelle avec l'indigence brutale et cruelle de ses premiers "maîtres de savoir".

La littérature et les penseurs occupent également une large place dans ces pages. On y retrouve Ibn Sina dit Avicenne, un autre grand esprit libre du Xème siècle, Molière, Malraux, Camus - qui occupe une place toujours ambiguë en Algérie mais qui est cher au coeur de l'auteur.

Je ne connaissais pas du tout Salim Bachi et c'est un peu par hasard que j'ai pris cet ouvrage, attirée par le titre. J'ai aimé découvrir son écriture et ses réflexions. Je suis admirative du courage qu'il montre en dénonçant avec virulence l'obscurantisme religieux et l'état qu'il juge déplorable à tous niveaux de son pays natal. Il ne mâche pas ses mots, qui se font pourtant si doux et caressants lorsqu'il parle d'amour, des femmes et bien sûr des lettres.
Un auteur à lire en notre actualité assombrie par le terrorisme et les idées nauséabondes qui jaillissent un peu partout.
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Salim Bachi est un esprit libre. Cet écrivain algérien, que j'ai découvert au festival Premier Roman 2017 à Laval, porte un regard sans concession sur son pays d'origine, qu'il a quitté il y a vingt ans, après avoir vécu les années noires de la guerre civile. « Cette Algérie où l'on s'ennuyait beaucoup et où Allah est omniprésent », affirme-t-il.

Il se méfie par essence des discours identitaires. Y compris en France. Lorsque Nicolas Sarkozy lance sa fameuse séquence sur l'identité, il ne peut s'empêcher de penser à « Ali Belhadj, qui après la victoire du FIS aux législatives, avait promis qu'il modifierait les habitudes vestimentaires et alimentaires des Algériens et que ceux qui refuseraient devraient quitter l'Algérie ou mourir ».

Et abhorre les idéologies citant Lawrence d'Arabie : « Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s'éveillent le jour et découvrent que leur rêve n'était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles les yeux ouverts, de mettre en oeuvre leurs rêves pour les réaliser ».

Il dénonce avec vigueur le modèle éducatif absurde mis en place par le FLN, bâti sur la violence physique, où le seul enjeu – abrutissant – est d'apprendre l'arabe en apprenant le Coran et vice-versa. Il déplore cet affront fait à l'intelligence, qui réduit la diversité des cultures algériennes à une vision étroite et bornée, pointant la bêtise d'un prof panarabe venu d'Egypte, pour qui son problème d'apprentissage venait de son nom de famille qui n'était pas assez arabe !


« Nous étions enfermés dans un hôpital psychiatrique à ciel ouvert ». Ce système porte en lui les germes de la guerre civile. L'auteur a connu la folie islamiste de 1992 à 1995, « les bébés fracassés contre les murs, les femmes enceintes éventrées ». C'est sa passion pour la littérature, pour Albert Camus, qui lui ont permis par l'entremise d'Olivier Todd de s'extirper de cet enfer et d'une certaine façon de renaître.

Plus qu'un récit autobiographique, né de la disparition d'un ami d'enfance, une part de lui-même évanouie, Salim Bachi livre un point de vue sans concession. Qui, je suppose donne une matière consistante à ses fictions, qu'il me faut désormais découvrir.
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Curieux mélange, ce livre. Comme titre, « Moi, Allah, les autres » siérait mieux.
On y traite de l'Algérie des années 70 et 90, et c'est très bien. C'est rare et c'est bienvenu.
On y traite d'un enfant puis adolescent malade, idem. de la déconvenue de la religion, idem. de la misère sexuelle (le terme est soixante-huitard) de la jeunesse maghrébine, idem.
Puis le jeune a la chance (par quel piston ? aux frais de qui ?) d'aller se faire soigner en France, puis d'aller étudier en France (idem) et de voyager. Et là, tout bascule.

Les pages de S. Bachi consacrées à raconter ses aventures sexuelles, à nommer et décrire ses partenaires, ne présentent d'intérêt d'aucune sorte. Elles me font penser aux jeunes que j'ai vus à Alger, retour d'Europe, raconter leurs exploits réels ou imaginaires à leurs copains restés au pays faute de devises ou de piston pour un visa, puceaux et frustrés, rêvant d'ailleurs et méprisant en même temps ces femmes sans pudeur et ces hommes sans honneur.
La relation de ses voyages, un peu onirique et hors-sol, m'aurait plu mais elle détonne en style et en contenu avec les chapitres précédents et elle a un goût de déjà-lu (mais sous la plume de qui ? Nerval ? Malraux (dans Antimémoires ?) ?)

Pour des raisons personnelles, j'ai fait au milieu des années 70 de nombreux courts séjours chez une famille algéroise. J'ai aussi traversé le pays d'est en ouest, et fait deux virées dans le grand sud. Jusqu'à ce jour je n'ai pas raconté tout ce que j'y ai vu et vécu. Au début c'était pour ne pas en ajouter au racisme déjà présent ; ensuite c'était par négligence (humilité, lâcheté ?). S. Bachi le fait, et c'est mieux ainsi.
Lorsque j'ai voulu apprendre l'arabe (en Afrique centrale, cette fois), mon premier précepteur ne connaissait d'arabe que le Coran ; la langue n'était qu'un moyen, et connaître par coeur les sourates le but. Je ne sais donc pas demander en arabe mon chemin mais je sais louer le dieu unique et maudire Abou Laab, les sorcières et les porteuses de bois. Et j'enfreins chaque jour les versets qui m'ordonnent de tuer les mécréants. Je retrouve donc beaucoup de choses dans l'expérience de S. Bachi.
J'avais alors entendu dire que Nasser, pour se débarrasser de ses Frères Musulmans et se donner une image de bienfaiteur panarabe, avait envoyé ses intégristes comme instituteurs en Algérie pour remplacer les Français, et que là était le germe du FIS et du GIA.

Quant aux relations hommes-femmes… Les filles étaient désirées, recherchées, mais cachées. Et la frustration qui en découlait se cachait derrière le mépris et l'agressivité, voire la violence. On le voyait à ces grappes d'adolescents oisifs, sur les trottoirs des grandes villes, interpellant les passantes. On le voyait aussi dans le comportement des parents vis-à-vis de leurs fils, dès l'enfance.
On lit peu de témoignages sur la façon dont vivent les jeunes gens dans ces pays à la morale conservatrice étriquée, leurs rêves, leur oisiveté, leur absence de perspectives. On lit peu de choses qui expliqueraient pourquoi ils rêvent de venir pour un séjour en Europe (gagner un peu d'argent, se former, ou ne serait-ce que tirer un coup), qui expliqueraient pourquoi des centaines d'entre eux chaque année quittent clandestinement les côtes d'Algérie ou de Tunisie.


Le « printemps arabe » a accouché de régimes aussi policiers -peut-être pas aussi corrompus ? - que les précédents et s'appuyant au moins autant sur une religion mélange de code socio-politique et de louange au créateur et un livre recueil d'injonctions contradictoires. S. Bachi a le courage (eh oui, il doit avoir énormément d'ennemis) de raconter cela.
Une génération a eu le courage de se sacrifier pour l'indépendance. Qu'ont fait les suivantes ? (qui désirent en secret et haïssent en public le monde occidental).
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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Je termine la lecture de :"Dieu,Allah moi et les autres"de Salim Bachi et j'ai apprécié à la fois le style et le fond de ce texte très personnel. Il y a là le récit d'une jeunesse dans l'Algérie des années 70, marquée par la maladie et surtout par une école dramatiquement obscurantiste. Les pages consacrées à l'école et à certains enseignants expliquent l'état de ce pays!On espère seulement que ce qu'il nous dit n'est qu'une exception même si il écrit que c'est un peu partout dans le pays que sévit cet enseignement ( si on peut appeler cela de l'enseignement!) qui ne peut que conduire a faire un peuple d'illétrés sans culture.
Il y a aussi et c'est une des parties importantes du livre son rapport à Dieu ou plutôt son absence de rapport et sur la "bondieuserie" qui s'est répandue partout dans le pays empêchant de penser par soi-même. Avec ce qu'il écrit on comprend qu'il n'ait pas pu rester dans ce pays et que la seule façon qu'il a eu de s'épanouir a été de partir; comme ,hélas, beaucoup.
Il y a aussi de nombreuses pages sur son rapport aux femmes , dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas un rapport serein et apaisé ce qui s'explique, sans doute, par la frustration qui est le lot commun des jeunes gens en Algérie.
Au final donc un récit personnel mais qui donne bien a voir l'état du pays et son échec.
Enfin il y a ,aussi, un passage sur Albert Camus.Il a , en effet, été chargé d'accompagner Olivier Todd lorsque celui-ci travaillait à sa biographie d'Albert Camus et désirait se rendre sur le lieu de naissance de l'écrivain à Mondovi aujourd'hui Drean. Il en profite pour revenir sur le rapport de beaucoup d'Algérien avec Camus (vaste question) et il écrit ce passage que je retranscris mais que je trouve un peu excessif et peu conforme à ce que je ressens en étudiant la réaction de beaucoup d'Algériens:
"A l'époque où Olivier Todd était venu en Algérie pour préparer sa biographie, Boudiaf venait d'être assassiné, mais la guerre civile n'avait pas encore commencé et Camus était toujours considéré comme un traître par la majorité des intellectuels algériens. Je défie quiconque de me prouver le contraire aujourd'hui, on ne trouvera chez personne une défense de Camus, encore moins chez ceux, de nos jours, qui s'en réclament à cor et à cri.Il a fallu une guerre civile et la fin d'une Algérie mythique, celle de la révolution de novembre 54, pour que ces intellectuels comprennent enfin la position de Camus, pendant la guerre d'indépendance et fassent mine de l'accepter.
Je salue en tous cas le courage de cet écrivain et je regrette qu'il ait été obligé de quitter son pays qui aurait bien besoin d'intellectuel comme lui.
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Je suis des partisans d'Ibn Sina, le grand médecin et penseur persan qui vécut au Xème siècle. Pour Avicenne, baptisé ainsi au Moyen Âge en Occident, la foi est une question personnelle qui engage l'individu seul dans son rapport à Dieu. Cette relation au divin ne saurait être réduite à l'observance du dogme et des rites. Un dévot peut très bien prier cinq fois par jour, observer le jeûne pendant le mois de ramadan, faire son pèlerinage à La Mecque et rester pourtant au seuil du paradis puisque, d'une certaine manière, il marchande sa foi comme le ferait un commerçant.
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Tous les soirs, mon père me lisait Vingt mille lieues sous les mers. Au bout d'une semaine, il interrompit sa lecture, me tendit le roman et me déclara que je devrais le terminer seul. Ce que je fis, emporté par le désir de connaître la fin de ce récit merveilleux. Quel cadeau ne me fit-il pas! Je passai ainsi de mes illustrés à la littérature, un saut quantique.
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Je suis des partisans d'Ibn Sina, le grand médecin et penseur persan qui vécut au Xe siècle. Pour Avicenne, baptisé ainsi au Moyen Âge en Occident, la foi est une question personnelle qui engage l'individu seul dans son rapport avec Dieu. Cette relation au divin ne saurait être réduite à l'observance du dogme et des rites. Un dévot peut très bien prier cinq fois par jour, observer le jeûne pendant le mois de ramadan, faire son pèlerinage à La Mecque et rester pourtant au seuil du paradis puisque, d'une certaine manière, il marchande sa foi comme le ferait un commerçant.
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Je rejette ces valeurs que l'on veut inculquer de force aux jeunes hommes et femmes de tous pays afin de les envoyer à la mort: l'ordre, l'obéissance, la nation, la religion. De la merde. Je déteste les armées, je me méfie des polices, je n'écoute jamais les sermons.
Un discours politique me semble tout de suite suspect sinon creux, j'ai connu les pires exemples de politiciens et je sais que ces derniers ne sont guidés que par leur intérêt ou le désir de la gloire, rares ceux qui se sacrifient pour les autres. En cela, je ressemble beaucoup à la jeunesse actuelle qui se désintéresse de la politique, ennuyée par des palabres sans fin et mensongères.
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Je me consolais en lisant. Je ne vivais plus qu'au travers des romans, tous ceux que je dénichais. Je passais mes étés les volets fermés pour ne pas avoir trop chaud, ma lampe de chevet allumée alors que dehors le jour incendiait le monde : Jules Verne, Deux ans de vacances, Le Père Goriot, Philip Marlowe, La Grande Fenêtre, et ce corps qui me trahissait, m'empêchait de vivre, ce corps douloureux et mortel disparaissait, englouti par le monde qui se déployait dans mon esprit pendant que je lisais à en perdre le souffle,  du matin jusque très tard dans la nuit (...).
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