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Critique de Gribouille_idf


Comment un territoire, tel que Trappes, a-t-il pu faire émerger, à la même période, autant de célébrités ? Ce sont des éléments de réponse à cette question que les deux journalistes du Monde sont allées chercher dans les quartiers de cette commune des Yvelines, considérés comme territoires perdus de la République.
Habituellement, ces quartiers populaires font l'objet d'une couverture médiatique qui relève plus de la noirceur, de la peur et de la misère. D'autres y voient des lieux gangrénés par l'islamisme politique et les extrémistes religieux ; un peu comme le vocifèrent George Bensoussan et les co-auteurs des « Territoires perdus de la République », et qui, notamment Bensoussan, en a remis une couche dans une publication de 2017 « Une France soumise. Les voix du refus » (aux éditions Albin Michel et préfacé par Elisabeth Badinter)
Mais revenons au récit de nos deux journalistes. Dans cet ouvrage, de nombreuses problématiques sociologiques apparaissent : immigration, pauvreté, jeunesse, amour, politique, islam, clientélisme, militantisme, racisme, antisémitisme, etc. Certaines figures emblématiques des quartiers édulcorent quelque peu le récit des habitants de cette ville : Djamel Debbouze, Anelka, Omar SY, Sophia, Aram, La Fouine, … mais ces personnalités ne résonnent pas avec la vie quotidienne décrit par Bacqué et Chemin. En effet, tout au long du livre, j'ai eu l'impression que ces figures ne sont que des prétextes pour parler d'une ville qu'elles n'ont pas réussi à saisir à cause d'un manque de mise en perspective socio-historique et économique du contexte local. Certes, elles ne les ont pas traitées en sociologue, même si les sociologues eux-mêmes les traitent à mon sens de manière parfois vulgaire et ethnocentrée, mais bien en journalistes. Cela n'empêche pas de faire un travail d'investigation, de prendre du recul et ainsi de rompre avec des pratiques réductrices et un regard colonial.
Par manque de travail d'investigation et croyant faire l'économie d'une immersion de plusieurs années dans les milieux qu'elles souhaitent observer pour en reconstituer la fidèle narration, les deux journalistes, pourtant sérieuses, n'ont finalement pas réussi à nous sortir des clichés de la « banlieue ». Peut-être auraient-elles dû s'inspirer d'une démarche anthropologique (chère à Levi-Strauss) avant de s'aventurer dans ces quartiers dont elles ne nous apprennent finalement pas grand-chose et au moins pas plus que les quotidiens nationaux ou JT en mal de sensationnalisme.
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