L'affaire de Clairvaux, la condamnation à mort et
l'exécution de Claude Buffet et Roger Bontems, en 1972 : genèse du combat de
Robert Badinter pour
l'abolition de la peine de mort.
Le procès avait eu lieu à Troyes, dans un climat de haine d'une violence palpable. Les cris « à mort » au passage des fourgons qui transportaient les deux accusés, les regards noirs des badauds sur les avocats de Buffet et Bontems, les applaudissements frénétiques de la foule à l'énoncé du verdict, pas de doute, la peine de mort avait la faveur de la population..
Robert Badinter avait pourtant démontré, et la cour d'assises l'avait entendu, que son client,
Roger Bontemps, n'avait pas tué. Il avait donc pensé que la loi du talion – tu as tué, tu seras guillotiné – ne s'exercerait pas.
Il avait cru ensuite que l'humanisme de
Georges Pompidou, alors président de la République, l'inclinerait à gracier au moins Bontems.
La grâce a été refusée, Bontems et Buffet ont été exécutés le même jour à quelques minutes d'intervalle, le 28 novembre 1972.
Leurs avocats,
Thierry Levy et Remi Crauste pour Claude Buffet,
Philippe Lemaire et
Robert Badinter aux côtés de Roger Bontems, étaient présents.
« (...) la guillotine se dressait seule comme une idole ou un autel maléfique. Les aides s'affairaient autour d'elle. le symbole était aussi machine. Et cet aspect mécanique, utilitaire, confondu avec la mort qu'elle exprimait si fortement, rendait la guillotine ignoble et terrible. »