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Citations sur La République de Platon (2)

— Calendes qui ne sont rien au regard de la totalité du temps. Quoi qu’il en soit, ne soyons pas surpris que l’opinion dominante ne soit guère modifiée par nos arguments. Les gens n’ont pas encore vu apparaître, dans un monde matériel déterminé, l’Idée dont nous débattons. Ils ont toujours, sous le nom de « socialisme », entendu de belles phrases cultivant symétries subtiles et consonances verbales ingénieuses, et non des développements hasardeux comme ceux dans lesquels nous nous aventurons. Quant à un type humain qui consonerait, cette fois réellement, avec les vertus essentielles constitutives d’un sujet-de-vérité et qui serait en quelque sorte, par ses actions comme par ses déclarations, un type humain auquel on confierait la direction d’un pays tel que celui dont nous tentons de penser l’existence, eh bien, les gens n’ont jamais vu un seul individu qui soit conforme à ce type. A fortiori, ils ne peuvent pas imaginer un monde où s’y conformer serait la règle générale. C’est pourquoi je redoutais de m’étendre sur ces problèmes. Cependant, soumis à la vérité, j’ai fini par dire qu’aucun pays, aucun État et même aucun individu ne parviendra à faire tout ce dont il est capable avant que ne soit élargi à la dimension du peuple entier le groupe actuellement restreint des philosophes. Je parle bien entendu des seuls vrais philosophes, ceux qui ne se sont laissé corrompre ni par les opinions dominantes, ni par les pouvoirs, qu’ils soient financiers, politiques ou médiatiques. Ceux dont on dit qu’ils sont « archaïques », « inutiles », voire « dangereux ». Cet élargissement relève d’une nécessité elle-même déployée à partir du hasard d’un événement, et tous y seront entraînés, qu’ils le veuillent ou non. Si l’on nous fait l’objection qu’une telle élévation de la conscience publique ne semble pas s’être produite dans des contrées lointaines, ni même n’est envisagée comme possible dans le futur par les esprits qu’on dit les plus informés, nous répondrons que la rationalité de notre hypothèse ne dépend pas de l’Histoire ni de la prédiction scientifique, mais de ceci qui est vraiment fondamental : il suffit de pouvoir penser que le hasard de circonstances mêlées, et sans doute violentes, ouvre la possibilité d’une politique conforme à l’hypothèse communiste pour que cette possibilité soit celle qui, pour nous, et finalement pour tous, prenne la valeur d’un principe d’action.

Glauque reste sceptique :

— Vous n’arriverez que bien difficilement à convaincre de tout cela une fraction de l’opinion suffisamment large pour qu’elle fasse basculer le rapport de forces idéologique dans nos contrées démocratiques.

— Ne sois pas si sévère pour l’opinion. Si les ouvriers, les employés, les paysans, les artistes et les intellectuels sincères ont du mal à croire à la puissance de notre Idée, c’est à cause des faux philosophes qui ont pignon sur rue et qui, serviteurs de l’ordre dominant, mettent toute une rhétorique au service de cet ordre en déversant sur les politiques d’émancipation, telles que la philosophie les valide au nom de l’Idée du communisme, leurs injures conventionnelles : utopie ! vieillerie ! totalitarisme ! idéalisme criminel ! Mais que la passion des individus de devenir le Sujet dont ils sont capables soit éveillée par la conjonction du labeur pensif des militants, de la fidélité des philosophes à ce labeur et de quelques secousses imprévisibles qui affaiblissent momentanément l’organisation propagandiste et répressive des États, et les peuples verront l’avenir sous des couleurs entièrement différentes. Non seulement ils seront alors aisément convaincus que notre projet est le meilleur, comme, au niveau de la philosophie, nous sommes en train de le démontrer, mais les masses, s’emparant de l’idée, en feront, pour reprendre les termes de Mao, « une bombe atomique spirituelle ». (chap. X)
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On a pourtant revu ça dans les années soixante du XXe siècle, rappelle Amantha. Certains groupes révolutionnaires prônaient une vie entièrement collective dans des appartements communautaires, avec une sexualité ouverte, publique, sans exclusive. Le désir avait par lui-même raison, y consentir était ce qu'il y avait de plus moral. (…) J'envie parfois cette époque.
- Tu n'as pas raison, dit Socrate. Non. Tout ça est funeste, tout ça ne mène à rien. Chers amis, moi, Socrate, je ne paierai pas ce prix pour la nécessaire dissolution de la famille telle qu'elle est. Non et non. Profitant de l'occasion qui m'en est donnée par Badiou, je m'élève ici solennellement contre l'interprétation de ma pensée par votre frère Platon.
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