Intriguée par les nombreuses chroniques élogieuses au fil des ans, j'étais plutôt ravie de voir le dernier roman de Sophie de Baere figurer dans la sélection du Prix du LàC 2022. Malheureusement, la rencontre ne s'est pas faite. Autant le dire tout de suite: ma lecture fut un flop monumental.
Dans
Les ailes collées (2022), son troisième roman après
La dérobée (2018) et
Les corps conjugaux (2020), l'autrice française
Sophie de Baere se penche sur la maltraitance familiale, le harcèlement scolaire et l'homophobie à travers le difficile parcours de Paul, un adolescent sensible et différent, un fils négligé et mal-aimé, un camarade rejeté et brutalisé.
Bien que l'idée de départ soit prometteuse et les thématiques évoquées fort louables,
Les ailes collées ne m'a absolument pas convaincue. Pire, il n'a su ni me toucher ni m'émouvoir malgré l'enchainement d'événements tragiques et la force de l'amour de Paul. La raison principale réside dans le style de Sophie de Baere que je n'ai, à mon grand regret, pas apprécié.
Le roman manque ainsi cruellement d'épaisseur, d'atmosphère, et s'apparente à mon sens à un enchainement de phrases courtes, très simples et souvent très factuelles. Dénué de toutes descriptions, le roman flotte dans un environnement géographique et temporel flou. L'utilisation explicite de dates très précises au début de quelques chapitres, le recours à certaines références musicales et habitudes alimentaires des années 1980 ou encore la mention du SIDA, le « cancer gay », ne suffisent en effet ni à donner corps au texte ni à rendre le contexte historique crédible: ces références sont peu subtiles et absolument pas exploitées. Quant à l'analyse psychologique, elle est quasi inexistante, rendant les personnages bien trop superficiels et caricaturaux. Enfin, l'histoire elle-même est répétitive dans la première partie (Here Comes The Sun / 1983-1984) et très prévisible dans la seconde (The Last Rose of Summer / 2003-2004).
Je suis consciente que mon avis est très sévère. J'aurais aimé qu'il en soit autrement.