Avec son Histoire de la grandeur et de la décadence de
César Birotteau,
Honoré de Balzac entreprend de dénoncer le système des faillites en vigueur sous la Restauration, l'intrigue se déroulant dans les années 1820.
Honoré de Balzac a lui-même connu de nombreux tracas avec ses créanciers. L'ascension puis la chute d'un commerçant ordinaire lui donne également l'occasion de brosser le portrait de la petite bourgeoisie parisienne
L'intrigue peut paraître assez simple, l'auteur nous contant l'histoire d'un bourgeois parisien, parfumeur, qui se retrouve acculé à la faillite après avoir connu la prospérité. Cette faillite est provoquée, voulue par un ancien employé du parfumeur, du Tillet. Ce dernier a commis une indélicatesse que Monsieur Birotteau n'a pas voulu dévoiler sur la place publique. du Tillet perçoit la mansuétude de son patron comme un affront et décide de se venger. Dans le monde du commerce et de la finance, la vengeance la plus complète est la « mort commerciale » c'est à dire la faillite.
Si l'intrigue repose d'abord sur la vengeance exercée par du Tillet, d'autres éléments participent à cette chute. La banqueroute du notaire Roguin, organisée en partie par du Tillet n'est que le premier écueil sur lequel Birotteau se heurtera. La rancune de Molineux, blessé dans son amour-propre par le parfumeur, la jalousie de plusieurs concurrents du bourgeois sont utilisées pour achever de terrasser
César Birotteau. L'intervention de du Tillet auprès des banquiers afin que ces derniers refusent tout crédit au bourgeois constitue le point d'orgue de ces sordides manoeuvres. Ce sont finalement plusieurs personnes qui oeuvrent pour le même but.
Même si
César Birotteau a bâti sa fortune grâce à son sens des affaires et à une certaine sagesse, il n'en demeure pas moins que c'est son désir de s'enrichir qui précipite sa chute. Mais malgré tout, on éprouve vite sympathie et pitié pour le commerçant. Fort heureusement, l'histoire d'amour entre la fille de Birotteau et le commis Popinot vient un peu adoucir cette cruelle histoire.
Le roman a indubitablement une portée économique et sociale. Ce portrait d'un homme ordinaire, simple boutiquier mais commerçant aisé, préfigure cette nouvelle classe sociale régie par la puissance de l'argent. C'est l'avènement des banquiers sans lesquels il n'est pas d'initiative commerciale possible. le meilleur exemple est sans doute l'essor des spéculations immobilières. Ce qui m'a frappée, c'est que le roman conserve une incroyable actualité…
Enfin,
Balzac excellait dans la description de personnages, comme des intérieurs à tel point que l'on visualise sans peine quartiers de Paris et grandes demeures; observateur scrupuleux des hommes,
Balzac sait brosser le portrait de chacun de ses personnages à travers le physique, la tenue vestimentaire, les petites manies, les postures, bref un régal. Pour résumer, un bon classique qui malgré son sujet n'est point du tout ennuyeux, bien au contraire.
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