AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Comédie humaine - La Pléiade, tome 7 (78)

Complices tous deux du même secret, ils se regardaient en s'exprimant une mutuelle intelligence qui approfondissait leurs sentiments et les leur rendait mieux communs, plus intimes, en les mettant, pour ainsi dire, tous deux en dehors de la vie ordinaire.
Commenter  J’apprécie          90
Dans la croisée la plus rapprochée de la porte, se trouvait une chaise de paille dont les pieds étaient montés sur des patins, afin d'élever madame Grandet à une hauteur qui lui permît de voir les passants. Une travailleuse en bois de merisier déteint remplissait l'embrasure, et le petit fauteuil d'Eugénie Grandet était placé tout près. Depuis quinze ans, toutes les journées de la mère et de la fille s'étaient paisiblement écoulées à cette place, dans un travail constant, à compter du mois d'avril jusqu'au mois de novembre.
Commenter  J’apprécie          70
Eugénie commençait à souffrir. Pour elle, la fortune n'était ni un pouvoir ni une consolation; elle ne pouvait exister que par l'amour, par la religion, par sa foi dans l'avenir. L'amour lui expliquait l'éternité. Son coeur et l'Evangile lui signalaient deux mondes à attendre. Elle se plongeait nuit et jour au sein de deux pensées infinies, qui pour elle peut-être n'en faisaient qu'une seule. Elle se retirait en elle-même, aimant, et se croyant aimée. depuis sept ans, sa passion avait tout envahi.
Commenter  J’apprécie          60
-Je ne suis pas assez belle pour lui. telle était la pensée d'Eugénie, pensée humble et fertile en souffrances. La pauvre fille ne se rendait pas justice; mais la modestie, ou mieux la crainte, est une des premières vertus de l'amour. Eugénie appartenait bien à ce type d'enfants fortement constitués, comme il le sont dans la petite bourgeoisie, et dont les beautés paraissaient vulgaires; mais si elle ressemblait à Vénus de Milo, ses formes étaient ennoblies par cette suavité du sentiment chrétien qui purifie la femme et lui donne une distinction inconnue aux sculpteurs anciens.
Commenter  J’apprécie          60
Les philosophes qui rencontrent des Nanon, des madame Grandet, des Eugénie ne sont-ils pas en droit de trouver que l'ironie est le fond du caractère de la providence ?
Commenter  J’apprécie          60
On constate alors que ce second centre d'intérêt, invisible au lecteur, fait intervenir dans Eugénie Grandet deux éléments dramatiques de nature différente : l'asphyxie de la personnalité par des règles de vie stérilisantes qui interdisent tout épanouissement et même toute liberté, et, d'autre part, le choc causé par la ruine soudaine des espérances couvées pendant sept années de solitude. L'on comprend bien qu'il y a un rapport entre ces deux causes du malheur d'Eugénie Grandet et même on conçoit que la première ait un effet multiplicateur sur la seconde en imposant une solitude dans laquelle s'épanouit la rêverie.

Préface de Maurice Bardèche
Commenter  J’apprécie          60
Enfin, on trouvera dans la scène finale dans laquelle Eugénie Grandet fait connaître sa décision un des procédés caractéristiques de Balzac, lorsqu'il veut mettre en relief les changements produits par le temps. La scène par laquelle s'ouvre le roman est reprise sept ans plus tard, avec les mêmes personnages, dans le même décor. Cette image finale qui porte si fortement l'empreinte du temps est la confrontation par laquelle se terminent beaucoup de romans de Balzac. (...) : là où quelque grande passion a passé, il ne reste plus qu'une nonne immobile, un visage sans espoir et enfin apaisé.

Commentaires par Maurice Bardèche
Pensées
Commenter  J’apprécie          50
Le succès vient tout d'un coup en 1829 grâce à un essai satirique, La Physiologie du mariage, suivi, en 1830, de La Peau de chagrin, à la fois essai politique, exposé doctrinal et roman philosophique. Pendant les deux années qui suivent, il exploite ce succès initial en écrivant un grand nombre de contes et de nouvelles dans des revues élégantes. Cette abondante production se répartit en deux séries qui annoncent un projet plus vaste, les Contes philosophiques et les Scènes de la vie privée. Les Contes philosophiques développent et systématisent la thèse proposée dans La peau de chagrin : les passions, les désirs excessifs, les pensées obsédantes, les idées auxquelles on s'attache de toutes ses forces, enfin l'abus de l'énergie vitale par tout excès cérébral, sont pour l'homme des causes d'usure prématurée et même de mort. LesScènes de la vie privée, d'ambition plus modeste, décrivent des drames de la vie privée, généralement insoupçonnés du public, qui sont provoqués à l'intérieur des familles par la situation fausse dans laquelle les jeunes filles ou les jeunes femmes se trouvent placées par des mariages de convenance.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
Commenter  J’apprécie          50
On retiendra donc comme un trait caractéristique de la manière de Balzac dans Eugénie Grandet cette simplicité et, pour ainsi dire, ce dépouillement du roman, cette pureté de ligne qui relègue les événements au second plan. On a l'impression qu'il ne se passe rien. Au commencement, il y a une exposition, où l'on nous raconte l'arrivée du cousin et les fiançailles, d'Eugénie Grandet : puis le cousin part, le temps passe. Eugénie a une scène terrible avec son père lorsqu'elle doit avouer qu'elle a donné les pièces d'or qu'elle avait reçues pour ses anniversaires; puis tout s'apaise, le temps passe, sa mère meurt, son père meurt, elle reste seule avec cette immense fortune, elle attend. et un jour, au bout de sept ans, vient la réponse : elle apprend que son cousin est rentré, qu'il est riche, qu'il va se marier à une autre. c'est fini. Tout s'est passé en soirées pareilles, auprès de la fenêtre, à côté de la chaise à patins de sa mère, puis toute seule quand la mère n'est plus là; en journées pareilles, réglées une fois pour toutes par le vieux Grandet. Les pages les plus célèbres disparaissent dans cette lente coulée des choses : la mort du père Grandet n'est qu'un moment, une ondulation presque imperceptible dans le déroulement du roman. Elle ne compte pas, ce sont les années qui comptent. D'un bout à l'autre, ce n'est qu'un seul tableau, toujours semblable, un décor immuable où les figures vieillissent, où les traits s'accusent, où la mort passe, mais sans rien changer. La demeure est silencieuse et sans vie. Il n'y a que le tête-à-tête de deux passions qui s'ignorent et qui soutiennent l'un près de l'autre ces deux personnages, à la fois pareils et étrangers. Puis tout s'écroule un jour, et cet amour, cette attente de la fiancée solitaire qui avait été l'âme de toute une vie, on apprend soudain qu'elle est vaine, et il ne reste plus, au milieu de ses richesses fabuleuses, qu'une femme qui vit comme un fantôme et d'où toute vie s'est retirée.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
Commenter  J’apprécie          40
L'action, dans Eugénie Grandet, dure sept ans : au début du roman, Eugénie a vingt-trois ans; à la mort de son père, elle en a trente. Et le temps, on a pu le voir, nous l'avons signalé dans notre Préface, est un facteur capital, car il cristalise la préoccupation absorbante, il capitalise l'investissement que font les personnages dans une pensée unique sur laquelle ils joue,nt toute leur vie...Or, la lente coulée du temps, les changements qu'il introduit dans des existences en apparence immobiles, il faut les rendre sensibles au lecteur par des retouches successives, il faut faire apparaître le gauchissement imposé aux caractères et aux vies par ces années dans lesquelles il ne se passe rien et qui ne sont consacrées qu'à l'attente.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
Commenter  J’apprécie          42






    Lecteurs (108) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

    Comment se comme le personnage principal du roman ?

    Valentin de Lavallière
    Raphaël de Valentin
    Raphaël de Vautrin
    Ferdinand de Lesseps

    10 questions
    1303 lecteurs ont répondu
    Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

    {* *}