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sur 2766 notes
C'est l'histoire d'un héros Napoléonien déchu, et renié par sa propre femme, qui voit dans sa disparition momentanée l'occasion de l'abandonner définitivement. Mais, en plus de l'histoire d'un particulier, à mon sens Balzac souhaite évoquer le destin de toute une nation, de l'étoile brillante que fut Napoléon, et qui n'est plus qu'un souvenir dont on a honte, et dont on n'est même pas digne, à l'époque où il écrit. L'histoire s'intrique dans un micmac judiciaire orchestré par ce cher avoué Derville.
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Je continue la lecture ou relecture des livres de notre bibliothèque. Cette fois, c'est un classique bien Français, le second après Thérèse Raquin de Zola. Je préfère Zola, son écriture est plus « moderne ». le style De Balzac me parait avoir vieilli, suranné. Je me suis demandée comment des ados pouvaient l'accueillir. En effet il m'a fallu quelques pages pour m'y mettre. Pour un ado / jeune adulte, certaines phrases doivent être difficiles d'accès.

L'histoire est chevaleresque. Un homme, dont le nom est connu de tous, est déclaré tombé en héros sur le champ de bataille. Pour son malheur, il n'est pas mort. Or sa femme se remarie et quand il cherche à prouver qu'il est bien vivant et à récupérer sa femme, ses biens, son nom, elle va tout faire pour l'en empêcher. Un avocat va l'aider à retrouver son nom et ses biens en tentant une médiation. Mais le colonel va tomber dans le piège de sa femme et quand il finit par s'en apercevoir, épouvanté et méprisant cette femme, il renonce à tout par fierté et par mépris. La morale est l'honneur avant tout. Ce faisant il précipite dans le malheur un de ses soldats qui l'a aidé et il devient un indigent…

C'est un roman court. Il présente la période décrite (Napoléon est en exil, le roi est de retour) comme corrompue et les hommes et surtout les femmes comme des êtres avares et avides. C'est très manichéen. Il y a les bons et les méchants…

Pas vraiment envie de le relire.
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C'est l'histoire simple du colonel Chabert, mort à Eylau dit-on, enterré sous des morceaux de cadavres, et qui, échappé par miracle à une mort qu'on a cru certaine, ne parvient plus à prouver son existence lorsqu'il revient en France.
Mais ce malheureux, pauvre et méconnu, a du moins le bonheur de rencontrer un avoué (avocat), Monsieur Derville, parfaitement sensible, laborieux, qui aura la patience d'écouter et surtout de croire à ce récit invraisemblable.

Le colonel Chabert a laissé en France son épouse, qui a contracté un second mariage, au mépris des lettres par lesquelles il prévenait de son existence et de ses malheurs. Or, la comtesse Chabert, devenue comtesse Ferraud, est aussi la cliente de Derville, donc l'avocat connait très bien la situation personnelle de la comtesse, ce qui aura son importance.

Toute l'originalité du roman réside dans ce contraste entre l'honneur blessé du colonel Chabert qui ne réclame qu'un minimum de reconnaissance et la comtesse qui jouit impunément des richesses que lui a procurées le colonel Chabert dans l'indignité la plus totale.

Elle a hérité de tout suite au « décès » du Colonel Chabert. Riche veuve et représentante de la noblesse d'Empire, son ambition grandit par le désir de se marier au comte Ferraud, pourquoi ? Non pour accroître davantage ses richesses ; le comte est fauché, mais uniquement pour profiter de son titre d'ancienne noblesse ; la « vraie » noblesse, pas la fausse et nouvelle noblesse d'Empire.

Le second mariage réussi, la comtesse a désormais un ticket d'entrée dans les salons nobles du faubourg Saint-Germain ; elle pouvait « entrer dans cette société dédaigneuse qui malgré son abaissement, dominait la cour impériale ». Comble du bonheur, ce type de mariage hybride plait fortement à Napoléon qui voit tellement d'un bon oeil le rapprochement entre la noblesse d'Empire et l'ancienne noblesse (c'est bon pour sa politique) qu'il va jusqu'a restituer les droits de succession que le Fisc avait prélevé à l'occasion du décès du Colonel Chabert.

Réjouissance une fois encore sous la restauration, cette fois-ci c'est le comte Ferraud qui se voit attribuer une place de conseiller d'Etat près de Louis XVIII, qui d'ailleurs lui restitue quelques biens que la famille du comte avait perdu en émigrant pendant la Terreur. le couple gagne alors sur tous les tableaux…

L'avocat perçoit toutefois une faille dans ce couple idyllique : la comtesse n'avait pas usé de son influence auprès de Louis XVIII afin que le comte Ferraud soit nommé pair de France (équivalent de député à l'époque) ; et être pair de France, c'est un peu le haut du sommet social à l'époque en quelque sorte.
L'argent ne suffit pas à l'égo, il lui faut non seulement de l'argent, de la reconnaissance (les salons) et le pouvoir (pair de France). Il lui manquait donc l'aspect « pouvoir » de l'égo qu'il n'avait pas assez à son goût.

Le comte Ferraud pourrait alors, en cas de procès engagé par l'avocat, hésiter à défendre son épouse, voire la laisser chuter dans les mains du procès, car l'annulation du mariage pourrait l'arranger en ce qu'il pourrait se remarier avec une fille unique d'un vieux pair de France. Oui car à l'époque la pairie était héréditaire, quand un pair de France décédait, cela se transmettait, ; si donc le pair n'a qu'une fille unique, la transmission s'opérait de plein droit à l'époux de la fille unique… Et c'est ce vicieux stratagème que pourrait viser le comte Ferraud dont l'âme est autant corrompue que la comtesse… L'avocat va donc jouer sur ce pied au moment où il transigera avec la comtesse, en lui disant qu'elle aura peu d'appui du côté de son second époux en cas de procès, ce qui l'incite donc à transiger.

Tout se déroule à merveille lorsque le colonel Chabert, en pleine transaction discrète entre l'avocat et la comtesse à huit clos, ne peut s'empêcher de paraître brusquement en colère devant la comtesse qui le revoit pour la première fois. La comtesse le reconnait à peine, elle sait que c'est bien lui en tant qu'épouse, mais aux yeux du public, il est méconnaissable (il a mal vieilli et porte une horrible cicatrice au visage). Cela rebat en quelque sorte les cartes de la transaction, la menace lui semble moins réelle au vu du physique dégradé du colonel.

Aussi sournoise qu'intelligente, elle isole le colonel Chabert dans une splendide maison de Campagne et sous des décors de théâtre, joue à merveille de ses émotions pour obtenir une renonciation du colonel à engager des poursuites. le faible et valeureux colonel accepte. La comtesse fait intervenir son avocat pour signer tout ce qu'il faut pour une renonciation mais des propos égarés de l'avocat et entendus par le colonel lui fait comprendre qu'il s'agit d'un complot et non d'une proposition sincère.

Au sommet de l'écoeurement, le colonel préfère préfère passer le reste de ses jours dans un hospice de vieillesse sans rien demander tout en exprimant son mépris le plus total à la comtesse. La comtesse a donc gagné mais perdu totalement son honneur, sa réputation publique reste cependant intacte…

Même l'avocat restera profondément imprégné de cette histoire qui lui laissera le plus profond dégoût de la société parisienne.

Un peu de politique, d'histoire, de vanités, de faux-semblant, d'honneur en jeu, une fine analyse des personnages… Balzac nous régale en si peu de pages, le roman peut s'avaler en une demi-journée sans aucune fatigue. Les faits sont originaux et marquants si bien que le roman a connu beaucoup d'adaptations.
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Voilà un récit De Balzac accessible et qui se laisse dévorer rapidement. Un homme est laissé pour mort sur un champ de bataille. Il revient dix ans plus tard auprès de ses proches qui ont fait leur deuil et commencé de nouvelles vies. Héros des guerres napoléoniennes, il est également un paria avec le nouveau régime politique. Balzac en vient à s'interroger sur comment continuer à vivre alors que tout change autour de nous...
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Vraiment abordable si l'on souhaite découvrir l'auteur

Effectivement il y a un liant entre les oeuvres appartenant à La comédie humaine, je pense que ça doit être assez agréable d'en lire davantage au vu des nombreuses références et échos entre les livres
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Je ne pensais pas éprouver un tel plaisir à la lecture d'un classique tel que "Le colonel Chabert".
On retourne directement au XIX ème siècle. Dépaysement assuré. Un vétéran d'Eylau, déclaré mort, réapparaît à Paris plusieurs années après. Mais voilà tout a changé : sa maison a été démolie, sa veuve est remariée. Il n'est plus rien.
J'ai trouvé ça trop court. Les tournures de phrases, le vocabulaire maintenant inusité ou dont le sens a évolué m'ont enchantée. Et bien sûr, je connaissais déjà l'histoire servie par Depardieu, Fanny Ardant et Fabrice Lucchini. En lisant, j'entendais leurs voix.
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Ce livre est un véritable chef d'oeuvre de la littérature française. Incisif quand il le faut, l'auteur c'est quand nous interpeller et quand nous émouvoir. On ne peut avoir que de l'émotion pour ce pauvre colonel victime d'un injustice. Il sera manipulé et trompé à mainte reprise par sordide femme. Commencé par ce livre pour découvrir Balzac est une bonne chose plutôt que de commencer par le "Père Goriot"
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"Le Colonel Chabert" est un roman assez agacant ou Balzac présente la thèse que le monde est une vallée de larmes pour les gens honnetes tandis que les malhonnetes y prospèrent. le protagoniste est vraiment trop bon. Signalé comme mort sur le champ de la bataille d'Eylau en 1807, le Colonel Chabert refait surface en 1817 dans l'étude du maître Derville. Il veut que l'avocat l'aide à récupérer sa fortune. Sa veuve qu'il avait hérité de ses biens refuse de le reconnaitre. Riche avec l'argent de Chabert, la veuve a réussi à se marier avec un comte démuni. le couple a deux enfants et la carrière du comte va bien sous le régime de la Restauration.
Derville fait des recherches et apprend que Chabert n'est pas un imposteur. Alors il lui explique que le procèdures nécessaires pour annuler son certifcat de mort seront trop couteuses pour un homme de ses faibles moyens. Ensuite, Derville négocie un accord avec la veuve qui donnera une rente à Chabert qui lui permettra de vivre convenable. Chabert trouve que le marché est deshonnorable. En meme temps, il ne veut pas détruire le bonheur de sa femme est ses enfants. Il renonce simplement à sa poursuite et meurt dans la pauvreté.
Je trouve que Balzac est trop fidèle à sa recette dans "Le Colonel Chabert" mais le grand problème du roman est l'héros. le lecteur ne sait pas si Chabert est trop honnorable pour son temps ou s'il a le gout malsain d'etre un martyr. Pourtant le roman a ses bons points. le portrait de la sociète de la Restauration et la description des obstacles qui empechent les gens à obtenir justice devant les tribunaux sont excellents. Les meilleurs points du roman sontson efficacité et sa briéveté . On n'aurait pas envie de passer trop d'heures avec Chabert et son parcours.
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Je n'ai pas vu le film, par contre je viens de lire le roman. L'histoire se situe en 1832. Chabert a conduit à la tête de son régiment la fameuse charge d'Eylau qui a décidé de la victoire. Grièvement blessé, il est laissé parmi les morts. le communiqué officiel le proclame mort et en fait un héros national. Sa veuve, Rosalie, comblée de faveurs par l'Empereur, se remarie avec le comte Ferraud (27 ans), promu à un grand avenir. Sous la Restauration, elle garde son rang. C'est une femme riche et admirée.

Chabert, mourant, parvient à sortir de la fosse commune dans laquelle il avait été jeté. le crâne fracassé, recueilli par charité, mendiant, enfermé pour fou mettra six ans pour revenir en France. Lorsqu'il y parvient, cet homme, aussi célèbre et glorieux que Guynemer, n'est qu'une épave méconnaissable. Sa femme épouvantée, refuse de le reconnaître. Lui, veut retrouver son nom, son grade, sa fortune et sa femme.

Avec l'aide d'un avoué honnête, Maître Derville, il compte faire un procès pour faire annuler son acte de décès. La situation de sa femme est dramatique. Un procès, c'est le scandale, la perte de son rang mondain. Un accommodement, c'est ruineux.

Par une manoeuvre habile en spéculant sur leur tendresse, Rosalie parviendra à le prendre au piège et à “tuer moralement et émotionnellement” cet homme à l'âme tendre et plein de bonté en le maintenant sans nom et vagabond. le colonel Chabert terminera sa vie à l'hospice.

Pour aller plus loi, je vous invite à lire le Colonel Chabert

Cette histoire bien que douloureuse est la triste réalité de la vie. Les humains peuvent être machiavéliques quand il s'agit d'argent.

Claudia
Lien : https://educpop.fr/2021/08/3..
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Un ancien grognard qu'on croyait mort à la bataille d'Eylau, ressurgit à Paris et se présente à l'étude de Maître Derville pour faire valoir ses droits. La bataille séduit le jeune avoué et c'est du côté de la femme de Chabert qu'il se tourne. Les deux époux finissent par se rencontrer, révélant au colonel la nature arriviste et intéressée de cette de femme qu'il a « enlevée » du Palais-Royal, c'est-à-dire d'un lieu de prostitution.
Balzac peint, à travers ce retour inopiné du vieux soldat napoléonien, le tableau que la restauration pouvait offrir aux anciens bonapartistes. C'est le retour, sous Louis XVIII, des intrigues de cour, des petites ambitions personnelles.

" Madame Ferraud n'aimait pas seulement son amant dans le jeune homme, elle avait été séduite aussi par l'idée d'entrer dans cette société dédaigneuse qui, malgré son abaissement, dominait la cour impériale. Toutes ses vanités étaient flattées autant que ses passions dans ce mariage. Elle allait devenir une femme comme il faut." (70)

Ainsi, promptement remariée à un Comte, l'ex-madame Chabert, devenue « comtesse Ferraud » est aussi à la merci d'un abandon de son mari visant la pairie à travers la fille d'un sénateur. Chabert, au contraire, incarne une ascension due à la valeur militaire, soldats que Napoléon a honorés :

"Si j'avais eu des parents, tout cela ne serait peut-être pas arrivé ; mais, il faut l'avouer, je suis un enfant de l'hôpital, un soldat qui pour patrimoine avait son courage, pour famille tout le monde, pour patrie la France, pour tout protecteur le bon Dieu. Je me trompe ! j'avais un père, l'Empereur ! Ah ! s'il était debout le cher homme ! et qu'il vît son Chabert, comme il me nommait, dans l'état où je suis, mais il se mettrait en colère. Que voulez-vous ! notre soleil s'est couché, nous avons tous froid maintenant." (50)

De même le personnage du colonel possède cette capacité de pouvoir se contenter d'une vie monacale et austère pourvu qu'il eût du tabac contrairement à son ex-femme qui a la hantise de retomber dans l'ornière, leur seul point commun étant leur basse extraction. Symboliquement s'opposent donc deux moyens d'assumer l'ascension sociale et Balzac se place clairement du côté du vieux soldat déchu de ses droits, l'auteur, en bon libéral, chante les vertus et les valeurs de l'Empereur exilé, avec d'autant plus d'efficacité qu'il les oppose à celles de la Restauration.
Le colonel Chabert est un court roman ou une longue nouvelle et s'inscrit dans les « scènes de la vie privée » de la Comédie Humaine, vie privée qui permet à Balzac de faire oeuvre d'historien voire de sociologue de son siècle. On notera que ce que l'on a souvent reproché à Balzac en particulier et aux écrivains du XIXème en général, est cette propension aux longues descriptions. En fait l'auteur se plaît à inscrire une histoire dans une autre comme il inscrit les siennes dans L Histoire et ces descriptions en font justement sa force sinon son charme.


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