AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Vous vous souvenez de la Cousine Bette ? Cette vieille chouette qui suintait la malveillance par tous les pores de la peau (j'ai longtemps cru que ce mot était féminin mais je n'avais pas regardé d'assez près, c'est bien masculin). Eh bien le cousin Pons, c'est tout le contraire : il est l'illustration parfaite du proverbe « Trop bon, trop confiant »
Sylvain Pons est un musicien qui a eu son heure de gloire sous l'Empire. Physiquement, ce n'est pas compliqué, imaginez le père Goriot, (du roman éponyme), le Père Séchard (dans les « Illusions perdues ») ou encore le Père Grandet (dans « Eugénie Grandet »), un vieillard sec et maigre, vêtu d'un éternel manteau « spencer ». Homme simple et naïf, il a amassé au cours de sa carrière une collection de grande valeur, composée d'objets précieux et de tableaux de maître. Son principal défaut est la gourmandise, il ne résiste pas au plaisir de se faire inviter chez les gens pour déguster un bon repas. Invité chez la famille du président Camusot (qui est son cousin), il est tourné en dérision par la présidente, qui lui en veut d'autant plus qu'elle rend Pons responsable de l'échec du mariage de Cécile, sa fille. Miné par le chagrin, Pons tombe malade et ne peut plus quitter son lit. Il est la proie de tous ceux qui, autour du lui, ont appris l'existence et surtout la valeur de la collection. Pons n'a qu'un seul ami, musicien comme lui, c'est l'allemand Schmucke, malheureusement c'est un second Pons, aussi doux et naïf et en plus particulièrement discret. Au chevet du vieillard, les Camusot, la concierge, le docteur, l'avocat et une nuée d'intrigants se livrent une bataille féroce. Avant de mourir, Pons réussit à léguer sa collection à Schmucke, mais celui-ci se fait dépouiller par un usurier pour une bouchée de pain.
« le cousin Pons » est l'exact miroir de « La Cousine Bette » : Bette, personnage maléfique, envoyait ses flèches autour d'elle sur toute une série de victimes. Pons, lui fait figure de Saint Sébastien, et reçoit les projectiles d'une série d'archers archi-malfaisants. Et Pons est aussi bon que Bette est mauvaise.
Le cousin Pons fait partie, chez Balzac, des héros « martyrs » : comme le Père Goriot, Pierrette, dans le roman éponyme (1840), ou l'abbé Birotteau (dans « le Curé de tours »), ce sont des personnages que leur bon coeur a voué à l'appétit de féroce prédateurs, d'autant plus tragique que le drame se situe dans leur propre famille ou leur univers proche.
« le Cousin Pons » comme « La Cousine Bette », est un roman de la cruauté : la cupidité de la famille de Pons rejoint celle de la concierge, du docteur, de l'avocat et du collectionneur : devant la bassesse, le vice et l'envie, les classes sociales sont abolies : tous égaux devant le crime.
Enfin, on peut considérer également « le Cousin Pons » comme un roman de la solitude. Pons et son double Schmucke sont deux personnages que leur caractère « trop bon » a marginalisés. Chacun commence comme il peut : Pons par la gourmandise, qui lui permet de garder avec la société, et par son « musée » où il peut à son aise s'évader ; Schmucke par la musique, et un sens très aigu de l'amitié…
Le diptyque « le Cousin Pons » et « La cousine Bette » est une oeuvre majeure De Balzac. Complémentaires l'un de l'autre, les deux romans doivent être lus en continuité, comme pour avoir deux points de vue divergents sur les « Parents Pauvres » au sein de la « Comédie humaine ».
Illustration supplémentaire, s'il en fallait, du génie De Balzac.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}