Nous sommes habitués à juger les autres d'après nous, et si nous les absolvons complaisamment de nos défauts, nous les condamnons sévèrement de ne pas avoir nos qualités.
Aussi le philosophe, le poète, savent-ils seuls la profondeur de l'amour devenue vulgaire: un égoïsme à deux. Nous nous aimons nous-mêmes en l'autre.
Celui qui sent vivement les voluptés de la terre n'est-il pas tôt ou tard attiré par le goût des fruits du ciel ?
Les rois, eussent-ils la terre à eux, sont condamnés, comme les autres hommes, à vivre dans un petit cercle dont ils subissent les lois, et leur bonheur dépend des impressions personnelles qu'ils y éprouvent.
Le mal possède une voix éclatante qui réveille les âmes vulgaires et les remplit d’admiration, tandis que le bien est longtemps muet. L’amour-propre humain a bientôt choisi le rôle le plus brillant. Une œuvre de paix, accomplie sans arrière-pensée individuelle, ne sera donc jamais qu’un accident, jusqu’à ce que l’éducation ait changé les mœurs de la France. Quand ces mœurs seront changées, quand nous serons tous de grands citoyens, ne deviendrons-nous pas, malgré les aises d’une vie triviale, le peuple le plus ennuyeux, le plus ennuyé, le moins artiste, le plus malheureux qu’il y aura sur la terre ?
Aux cœurs blessés , l' ombre et le silence .
— Voyez-vous, mes amis, Napoléon est né en Corse, qu’est une île française, chauffée par le soleil d’Italie, où tout bout comme dans une fournaise, et où l’on se tue les uns les autres, de père en fils, à propos de rien : une idée qu’ils ont. Pour vous commencer l’extraordinaire de la chose, sa mère, qui était la plus belle femme de son temps et une finaude, eut la réflexion de le vouer à Dieu, pour le faire échapper à tous les dangers de son enfance et de sa vie, parce qu’elle avait rêvé que le monde était en feu le jour de son accouchement. C’était une prophétie !
En France, l'espèce de séduction qu'exerce l'esprit nous inspire une grande estime pour les gens à idées; mais les idées sont peu de choses là où il ne faut qu'une volonté.
Si chacun ne pense qu'à soi et n'a de foi qu'en lui-même, comment voulez-vous rencontrer beaucoup de courage civil, quand la condition de cette vertu consiste dans le renoncement à soi-même ?
Il existe, sur la chaîne de nos montagnes, une ligne tracée par la nature, à partir de laquelle tout change d’aspect : en haut la force, en bas l’adresse ; en haut des sentiments larges, en bas une perpétuelle entente des intérêts de la vie matérielle.
A l’exception du val d’Ajou dont la côte septentrionale est peuplée d’imbéciles, et la méridionale de gens intelligents, deux populations qui, séparées seulement par un ruisseau, sont dissemblables en tout point, stature, démarche, physionomie, mœurs, occupations, je n’ai vu nulle part cette différence plus sensible qu’elle ne l’est ici.