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Critique de Nastasia-B


Ce petit livre est constitué de deux nouvelles : El Verdugo puis L'Élixir de Longue Vie, dans cet ordre.

El Verdugo, (littéralement, le bourreau) est une très courte nouvelle ayant pour cadre l'occupation de l'Espagne par la Grande Armée de Napoléon en 1809. Personnellement, je m'interroge sur le classement qu'effectua Balzac de cette nouvelle dans les " études philosophiques " alors qu'elle semble plus naturellement trouver sa place dans les " scènes de la vie militaire ".

Bien évidemment, le " dilemme à perdre la tête " dont je dirai deux mots plus loin est une vraie question, mais je n'irai peut-être pas jusqu'à la qualifier d'étude philosophique.

L'histoire, très succinctement, est celle d'un jeune officier français, Victor Marchand, en place dans la ville fictive de Menda (probablement Santander dans la réalité), dont la mission est d'occuper la place et de surveiller la population pour prévenir toute velléité de rébellion.

Ses yeux s'attardent sur une belle espagnole, Clara de Léganès, fille de la famille aristocratique la plus en vue de la ville. Jusqu'au moment où, PAF !, gros problème, des bateaux anglais arrivent et semblent vouloir amorcer un débarquement.

Il ne manquait que ce signal pour donner le signal à une offensive des espagnols contre l'occupant français. Tous les soldats sous les ordres de Marchand sont tués. Lui seul en réchappe car la belle Clara l'avertit in extremis. La vengeance de l'armée française sera terrible, à n'en pas douter.

Le général ordonne, pour sauver la ville, que cette riche famille, passablement mouillée dans la tentative de rébellion, se sacrifie et qu'elle désigne elle-même l'un des membres devant survivre. Lequel survivant devra trancher de ses mains la tête de tous les autres membres de sa propre famille. Je ne vous en dis pas plus.

Je regrette seulement que Balzac n'ait pas exploité davantage cette trame qui avait tout pour être un drame à la hauteur du peintre Goya qui immortalisa des scènes de cet épisode sanglant de la guérilla contre les envahisseurs français.

J'ai cru y lire une forte source d'inspiration pour la magnifique et terrifiante pièce d'Emmanuel Roblès, Montserrat. Cependant, en l'état, cette petite nouvelle n'est guère qu'un amuse-bouche et demeure loin des meilleures performances d'Honoré de Balzac, même en qualité de nouvelliste.

Ensuite, on découvre L'Élixir de Longue Vie, une nouvelle où Honoré de Balzac revisite le mythe de Dom Juan. Il prend le parti de nous conter comment don Juan Belvidéro est devenu Dom Juan en trucidant son propre père et en adoptant un mode de vie résolument axé sur le cynisme et les jouissances de tous ordres. Il y glisse une note de fantastique et de surnaturel pas désagréable du tout.

Cette nouvelle, quant à elle, s'inscrit pleinement dans le cadre des études philosophiques de la Comédie Humaine car l'auteur nous y pose des questions métaphysiques qui peuvent être dignes d'intérêt :

Quels rapports doivent cultiver les pères avec leurs fils ? Que feriez-vous d'une certaine forme d'omniscience sur toutes les roueries et les fonctionnements du monde ? Que feriez-vous de votre vie si vous aviez la certitude d'en posséder plusieurs ? Quel jeu jouez-vous dans la vaste plaisanterie qu'est la vie, la vôtre et celle des autres ? Quels rapports entretiennent la Vertu avec le Vice ?

Donc, selon moi, un petit livre honnête, sans être exceptionnel. Mais, bien sûr, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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