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Critique de beatriceferon


C'est le soir que Dupin s'aventure imprudemment dans le labyrinthe des salines. Son amie, la journaliste Lilou Bréval lui a demandé de repérer d'étranges barils de plastique bleu qui, à première vue, n'ont rien à faire à cet endroit.Tandis qu'il avance sur l'étroit chemin qui sépare les bassins, le commissaire est pris pour cible par un tireur invisible. Il ne doit son salut qu'à un hangar providentiel dont les collègues de l'endroit viennent le déloger. Une bizarre enquête s'annonce, où Dupin, qui ne sait pas très bien ce qu'il cherche, est obligé de faire équipe avec l'autoritaire Sylvaine Rose.
C'est à la télévision que j'ai découvert Dupin dans une médiocre série allemande tirée des oeuvres de Jean-Luc Bannalec. Mais, si les téléfilms ne m'ont pas convaincue, les romans, eux, me plaisent beaucoup. Après « Un été à Pont-Aven » et « Étrange printemps aux Glénan », je me précipite sur « Les marais sanglants de Guérande ». Il me faut une pause réconfortante après le pensum que je viens de m'infliger, une lecture rebutante que je suis obligée de mener à terme pour mon comité de sélection.
Ces marais ne me sont pas étrangers. Je les ai traversés pendant des vacances, il y a longtemps déjà. Aussi, contrairement aux deux premiers volumes, je peux visualiser les lieux.
Dupin, je l'aime de plus en plus. Si ses journées semblent compter quarante-huit heures au moins, il prend tout de même quelques minutes, de temps en temps, pour profiter du paysage de son pays d'adoption (c'est un Parisien muté en Bretagne). « L'atmosphère particulière des lieux était renforcée par l'opulence presque outrageuse du coucher de soleil, aussi présent dans le ciel que sur l'eau. Une palette extravagante des tons les plus variés, allant du violet au rose, de l'orange au rouge. »
Le plus souvent, au cours d'une enquête, et plus particulièrement dans celle-ci, il n'a pas le temps de manger. Aussi, il est obligé de se rabattre sur quelques maigres caramels au beurre salé pour en tirer un peu d'énergie, lui permettant de ne pas défaillir d'inanition. Et pourtant, Dieu sait s'il est gourmand ! Il se console en se promettant des festins, principalement à « L'Amiral » son restaurant préféré. Il fait alors saliver le lecteur en lui détaillant les plats fort alléchants qu'il a envie de déguster.
Je relève des similitudes entre lui et moi. Ainsi, il a l'habitude de dresser un index des noms des gens qu'il rencontre pendant ses investigations, à la fin des carnets rouges dans lesquels il griffonne ses notes. Pour ma part, j'écris à la dernière page du volume les personnages que je croise au fil de ma lecture. Comme moi, il aime les rituels. Lorsqu'il retourne plusieurs fois dans un établissement, il veut toujours s'installer à la même table. A la mer, il me faut MA place de parking et à l'hôtel, MA table de petit déjeuner. Si un intrus les occupe, je grogne et je suis de mauvaise humeur.
Comme moi, il aime le café et ne peut pas commencer une journée sans en boire quelques tasses.
Comme moi, il est rebuté par les nouvelles technologies. Il a dû se résoudre à accepter un smartphone, puisque l'ensemble du commissariat en a été équipé, mais, à la différence de le Ber et Labat, qui l'ont pris comme un cadeau du ciel, lui le jauge d'un oeil noir et « gardait encore en tête la vision traumatisante du petit écran affichant "erreur système". » On dirait moi et mon fichu ordinateur qui n'en fait qu'à sa tête et en profite pou me jouer mille tours pendables, alors qu'il devient perfidement docile dès que mon mari s'en approche !
Dupin affectionne ce qui sort de l'ordinaire. Il voue une grande affection aux pingouins, manchots et hippocampes.
Comme il vient de Paris, il ne veut pas qu'on le regarde en étranger et met un point d'honneur à se « bretonniser ». Il suit attentivement les « leçons » de Nolwenn, son assistante, qui lui explique coutumes et légendes pour le plus grand profit du lecteur curieux.
L'auteur (de son vrai nom Jörg Bong) a dû suivre le même chemin que son héros. Il est intarissable dans les descriptions d'endroits singuliers et pittoresques. Il explique le sens de certains toponymes et cite volontiers proverbes et expressions celtiques.
Au fil de son enquête, Dupin se passionne, bien évidemment, pour la production de « l'or blanc » et nous apprend énormément de choses qui m'intéressent, car, moi aussi, je ne jure que par le gros sel gris de Guérande ou la précieuse fleur de sel.
De temps en temps, Dupin est distrait de ses préoccupations par un kangourou farceur échappé d'un parc animalier et qu'on s'attend, à tout bout de champ, à voir bondir dans la campagne, qui semble lui convenir et lui rappeler le climat de son Australie natale.
Ce roman m'a donc énormément plu. J'y ai appris une foule de choses étonnantes et je l'ai dévoré.
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