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Critique de ChristianDecroze


Chers collègues babeliotes,

N'ayant pas été sélectionné pour recevoir ce livre dans le cadre de la Masse Critique, j'ai payé cet ouvrage de mes propres deniers. Rien ne m'oblige par conséquent à publier une critique. Mais je ne suis pas rancunier et j'aime bien Babelio. Alors voilà, je m'y colle. Non non, ne roulez pas des yeux, rassurez-vous, je serai bref.

Tout le monde a soit suivi en direct (les vioques) soit entendu parler (les autres) du fameux Championnat du Monde d'Échecs de 1972, disputé à Reykjavík. Ah bon, pas tout le monde ? Que ceux qui n'en ont jamais entendu parler lèvent le doigt ... Ouhlàlà ! Tout ça ? Ben heureusement que je suis là pour vous faire le pitch, bande de veinards.

A ma gauche (c'est le cas de le dire), nous avons le Champion du Monde en titre, Boris Spassky. Un pur produit de l'Ecole soviétique. A ma droite (c'est le cas de le dire) le challenger, l'américain Bobby Fischer. Un pur produit des bas-fonds de Brooklyn, et qui n'est presque jamais allé à l'école, même pas soviétique.

En 1972, pour les Russkoffs, le Championnat du Monde d'Échecs, c'est chasse gardée depuis des décennies. Ça se déroulait plan-plan entre gens bien, genre russo-russe et ça leur permettait de clamer haut et fort que l'Homo Sovieticus est plus intelligent que les autres.

Alors, qu'est-ce que ce sale impérialiste amerloque dégénéré vient foutre ici sur notre pré carré, en plus en pleine guerre froide ? Il nous nargue ? Camarade Boris, tu vas nous faire le plaisir de virer ce petit con vite fait bien fait.

Bon, je ne dévoilerais pas un bien grand mystère en révélant que c'est finalement #@*$&%/ qui est devenu champion du monde d'échecs, mais je ne veux pas spoiler. Je voulais juste planter le décor.

Venons-en maintenant au livre. Il est bien mignon, le petit Alessandrino à son papa, il a fait ce qu'il a pu mais franchement, si j'étais Prof des Ecoles (wink wink, salut Lucie, ça va ?) je noterais : « Intéressant, mais peut mieux faire ».

Bien qu'ayant lu des centaines de pages et vu plusieurs films librement inspirés de cette rencontre, j'avoue que le coup du Bobby/Achille contre Boris/Ulysse (tiens, ça rime Maxime), on ne nous l'avait jamais servi.

L'Alessandrino, il a trouvé une idée et il s'y cramponne mordicus. Il cherche des trucs invraisemblablement capillotractés pour nous convaincre que les deux joueurs sont des héros mythologiques.

On a souvent l'impression de regarder un bambin qui veut absolument faire entrer la pièce ronde dans le trou carré. Genre : la mère de Bobby s'appelait Regina (la Reine). Or, la Reine (Dame en français) est la plus puissante pièce du jeu. Haha, le gros clin d'oeil psychanalytique téléphoné, t'as compris, Sigmund ? Bobby aime les échecs car sa mère ne l'a pas aimé.

De plus, quand il nous apprend que Thetis, la mère d'Achille/Bobby était une Reine, l'Alessandrinou prend son pied. Bref, ça ne vole pas très haut. Mais au moins, ça ne nous coûte pas 500 € la consultation.

Quant au père de l'auteur, psychiatre qui s'intéressait au Cas Fischer, c'est sans intérêt. Des milliers de psychiatres se sont intéressés au Cas Fischer sans jamais résoudre l'énigme.

Je passerai avec bienveillance sur le style ampoulé, grandiloquent, verbeux, théâtral, redondant. Au moindre coup de pion, on a droit à toute la mythologie grecque mâtinée de catastrophe nucléaire qui se déchaîne et nous tombe sur la tête. On a beau aimer les échecs, c'est fatigant à la longue de se trimballer d'océans apocalyptiques en cieux enflammés.

Au final, on n'apprend rigoureusement rien de cet événement qu'on ne sache déjà. L'auteur ne nous sert que du réchauffé. Les coups de téléphone d'Henry Kissinger, la mouche dans le fauteuil, la partie dans le placard à balais, le décès de Bobby à 64 ans, comme les 64 cases d'un échiquier, on connaît tout ça par coeur. Fallait-il vraiment écrire un livre de plus sur cet OVNI ?

En plus, quand on écrit un livre sur les échecs, il faudrait au moins avoir quelques notions du jeu et savoir par exemple que Champion international d'échecs n'a aucun sens : on est soit Maître International, soit Grand Maître International, basta. Et, comme l'a judicieusement relevé Hapo, dont j'ai adoré la critique, quand on a l'ambition d'écrire un livre sur les échecs, le minimum serait de connaître les règles, en l'occurrence la différence entre un Pat et une Nulle. Tous deux aboutissent au même résultat (1/2 point partout) mais par des chemins complètement différents. Jamais Fischer et Spassky n'ont fini une partie sur un Pat, qui n'est qu'un piège grossier pour les pousse-bois inattentifs.

N'est pas Nabokov ou Zweig qui veut. Merci quand même, Alessandrinou. La prochaine fois, essaie de nous parler d'un truc que tu connais et moins rabâché, ça pourrait être sympa.

Pour conclure, je ne conseille ce livre à personne. Les joueurs d'échecs n'apprendront rien et les autres vont s'ennuyer à mort.

Bon, deux étoiles babéliesques parce qu'il fait beau et que je suis de bonne humeur car le Champion du Monde sans interruption depuis 2013 (Magnus Carlsen un jeune Norvégien), envoie régulièrement péter tous les Russkoffs qui ont la mauvaise idée de s'asseoir en face de lui. Oui Camarades Popoff, c'est super humiliant et vous êtes vénères, je peux comprendre. Mais c'est quand même pas une raison pour passer vos nerfs sur les Ukrainiens, merde !
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