En un coup d’œil et en un cri d’horreur, j’ai découvert, à travers un écroulement du talus, et parce que je tournais juste la tête en ce moment, une sorte d’abîme peuplé, un vague abreuvoir encaissé, hachuré de boue houilleuse, avec des épouvantails autour : des êtres tordus ou debout, suspendus sur les bords. Le coup de vent qui a hurlé là, a souffleté ces têtes jusqu’à l’os et leur a ôté leurs figures comme des masques ; j’ai vu la blancheur bleue des os vierges ! Pourtant, des uniformes en haillons claquent sur leurs armatures comme des papiers décollés et déchirés. Ils se sont effrités dans leurs vêtements durcis, lignifiés ; ce ne sont plus là que des cercueils dressés.
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J’ai vu cela en passant devant l’échancrure du talus. Un poste d’écoute allemand qu’un bombardement a détruit… Je me souviens de la beauté des bombardements vus des hauteurs du Perron, sur le décor en amphithéâtre, comme au music-hall : ces grands feus d’artifice qu’on admirait tant et qui allaient au hasard assassiner la nuit.