Je me laisse hypnotiser
par la couleur des champs
où je peux coucher
le passé les étoiles
Monte en moi la mélancolie
d'une perte
comme une tristesse vague
d'erreur ou d'absence
Entre en moi un bourdonnement lointain
je repense aux mouvements de tes hanches
à tes paupières qui se ferment
et à ton plaisir qui fut aussi le mien
L'odeur de rouille
dans l'iode du matin
le grondement du métal
bercé par le reflux
mon désir clandestin
de monter à bord
et continuer à fuir
Tu m’aimes tu …
Tu m’aimes tu ?
Mon regard capte
des secondes de vie
lointaines déjà
lumières des maisons
où cuisinent
parlent
se disputent
et regardent la télé
des hommes
des femmes
et des enfants qui
quand passent les trains
avec leurs fenêtres
de lumières bleutées
perçoivent à leur tour
mes secondes de vie
lointaine déjà
À bord du train…
À bord du train
j’avance dans une pluie
rapide et horizontale
Les gouttes en transparence
dessinent les chemins éphémères
les racines intimes
d’une cartographie humide
comme oubliée.
IL Y A UN POÈME QUI MEURT À SCOUDOUC…
Il y a un poème
qui meurt à Scoudouc
Au fond de ma valise
une carte postale ancienne
de la ville de Moncton
une odeur de passé
un parfum de soupente
le papier a jauni
le timbre s’est décollé
l’encre bleue est devenue violette
et l’on devine à peine
les quelques mots écrits
Un siècle, dix ans
et dix-sept jours après
me voici sur Main Street
pardon pour le retard
Et cette phrase
redondante
qui tourne dans ma tête
Tu m’aimes-tu ?