Curieux sujet romanesque que les affres et pensées de ce scientifique de haut vol qu'est Romain. Propulsé à un poste à responsabilité au sein de l'Entreprise, il perd la tranquillité du chercheur passionné et désintéressé pour se confondre dans la recherche de lui-même sans jamais vraiment se trouver.
La description des relations qui régissent les faits et gestes de ces cadres en Entreprise est glaçante. Basées sur une recherche obsessionnelle de l'intérêt particulier des montreurs de marionnettes que sont ces cadres de haut rang, toute relation n'est plus que manipulation. La confiance ne peut tenir. L'esprit d'ouverture est battu en brèche. Les magouilles sont la raison. Les stratégies d'élimination de tout possible adversaire ont force de loi. Dans quel monde vivent ces nantis et, surtout, dans quel monde nous font-ils vivre?
L'écriture est quelque peu saccadée. Les situations peuvent paraître répétitives, parfois et il y a, ça et là, quelques coquilles dans ce roman auto-édité. Mais il est facile de passer au-dessus. Facile de se laisser prendre par ce Romain qu'on a envie de soutenir, à qui on a aussi envie de foutre des claques. Mais, les personnages de cette histoire sont tellement typés qu'on ne peut y croire… C'est, du moins, ce que l'on souhaiterait. Ce n'est tout de même pas possible d'être aussi vil que cela! Non? En êtes-vous vraiment certains?
Avec le doute raisonnable qui m'habite quant à la droiture d'une espèce humaine détenant trop de pouvoir, j'aurais volontiers tendance à me dire que
Bernard Baret n'a pas pu tout inventer! C'est affreux! Son roman sonne juste!
Et donc, je vous recommande «
Les Caïmans »… Se faire peur, entrer en désespérance face à la noirceur de certaines âmes humaines est aussi une manière de se jurer d'être attentif à la droiture des uns, pour l'apprécier et à la médiocrité des autres, pour la combattre. Quant à notre propre verticalité… il nous appartiendra toujours d'en être le fil à plomb!