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Critique de RosenDero


Avec ses 336 critiques, je ne pense pas pouvoir apporter beaucoup au lecteur qui voudrait se lancer dans ce roman. Alors ce sera un avis pour moi-même, au cas où, d'ici quelques années, j'aurais oublié cette lecture...
Mais comment l'oublier ?
Barjavel, "le père de la SF en France".
L'inventivité débridée. Et les cocasseries qui vont avec. Des inventions presque avérées depuis, jusqu'aux hallucinations incohérentes, en passant par les idées bloquées par le carcan de l'époque d'écriture.
Barjavel inventeur du livre audio version 0% de chômage.
Barjavel inventeur du cimetière cryogénisé domestique (quid des moments d'habillage et de nettoyage dont il est fait mention et qui nécessitent l'ouverture du caisson ?).
Barjavel inventeur de l'équipement militaire dernier cri (mais avec des antennes^^).
Voilà pour la phase de présentation. Voilà pour Paris, pour les grandes villes, pour cette ambiance un peu folle, ce foisonnement d'imaginaire, ce libre cours laissé à la science fictionnelle et à ses impacts sociétaux.
Mais Barjavel nous propose aussi des personnages d'un autre monde. Des paysans, des ruraux qui n'ont pas connu l'après guerre, l'urbanisation, la mécanisation. Des irréductibles du terroir. C'est donc dans une dystopie complète qu'on se positionne, avec cette France du Sud restée très rurale, et cette France de la capitale à son inverse. Dystopie dans la vision globale du monde et notamment du continent américain. Malheureusement, c'est trop peu développé à mon goût. Je comprends que ça sert de mise en place, que ça permet de relativiser, d'arriver à la fin du roman et de se dire "Bon sang, face aux problèmes auxquels on fait face ici, à quelques centaines de mètres maximum, qu'est-ce qu'on en a à faire de l'évolution d'une situation d'un autre continent qui, pourtant, monopolisait les ondes avant la chute ?" Mais mon petit coeur de lecteur se questionne sur les développements face à ce Roi Noir (j'ai oublié son nom précis) et sa guerre totale menée face aux états-unis.
J'en étais donc à "dystopie".
Rapidement, la mise en place très SF va basculer pour devenir survival post-apo. J'ai moyennement aimé le focus mis sur le couple de protagonistes, même si suivre la troupe à travers les péripéties (et l'imagination de l'auteur) était assez prenant. J'avoue que je ne m'attendais pas à tant de morts, je suis par trop habitué et blasé de voir les protagonistes se tirer des pires situations par des pirouettes ou deus ex machina. Ici, c'était brutal et presque époustouflant.
A côté de ça, le personnage de François m'a paru trop fort, trop intouchable, trop incontesté, trop rustre.
Mais il fallait bien que quelqu'un rebâtisse le monde, un monde nouveau, un monde débarrassé des erreurs du passé.
Après guerre, Barjavel s'est-il mordu les doigts d'avoir prôné les autodafés et écrit que la destruction de tous les livres était l'un des moyens de faire place nette et de purifier l'espèce humaine ? Je reste sceptique face à ce point. Comme je reste déçu de la tournure religieuse que prend la fin du livre. Vouloir créer un monde meilleur et le faire au nom de Dieu, ça ne peut qu'apporter des emmerdes (les mêmes que d'habitude, d'ailleurs)... car c'est un peu réducteur d'imaginer que seul un village français catho a survécu au cataclysme (d'ailleurs, les deux vieux paysans qui n'ont presque pas remarqué qu'il y avait eu une catastrophe confirment mon sentiment).

Je retiens donc :
* une mise en place SF foisonnante, pleine d'idées et d'inventivité
* un glissement post-apo (La Route)
* un récit (presque) sans pitié
* une fin qui se veut utopique mais qui promet encore de grandes guerres de religion ou se base sur une vision étriquée du monde.

En tant que monument de libération de l'imaginaire, ce roman est sans doute une pépite (à remettre dans son contexte).
En tant que roman, il est perfectible par bien des aspects.
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