Citations sur Ravage (197)
Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. ils ont cru s'en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le Progrès. c'est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelque temps ces forces pour construire, puis un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c'est-à-dire des êtres chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d'avoir été aussi rapide que le progrès de leur science, ils tournent celle-ci vers la destruction.
Un soleil énorme, curieusement aplati, roulait à une vitesse folle sur l’horizon. Des toits en dents de scie l’entamèrent. Une colline le happa. Il reparut, à moitié rongé, dans une gorge, heurta une cheminée, et sombra. La rougeur du couchant envahit le véhicule.
Celui-ci était fait d’une seule pièce de plastec, moulé sous pression. Cette matière remplaçait presque partout le verre, le bois, l’acier et le ciment. Transparente, elle
livrait aux regards des voyageurs tout le ciel et la terre. Dure et souple, elle réduisait au minimum les risques d’accident.
Quelques mois auparavant, elle avait fait la preuve de ses qualités. Entre Paris et Berlin, un wagon se décrocha dans un virage, percuta une usine, abattit cinq murs, rebondit et se planta, la pointe en l’air, dans un toit.
Les voyageurs qu’on en retira ne possédaient plus un os entier. Quelques-uns en réchappèrent, se firent mettre des os en plastec.
Le wagon n’avait subi ni fêlure ni déformation, ce qui montrait l’excellence de sa fabrication. Ce n’était pas la faute de la Compagnie si les contenus s’étaient avérés moins résistants que le contenant.
(Folio Page 17)
Le sourire appartient aux enfants, et aux hommes qui leur ressemblent.
Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. Ils ont cru s'en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le Progrès.
L'élevage, cette horreur, avait également disparu. Élever, chérir des bêtes pour les livrer ensuite au couteau du boucher, c'étaient bien là les mœurs dignes des barbares du XX ͤ siècle. Le "bétail" n'existait plus. La viande était "cultivée" sous la direction de chimistes spécialistes et selon les méthodes, mises au point et industrialisées, du génial précurseur Carrel, dont l'immortel cœur de poulet vivait encore au Musée de la Société protectrice des animaux. Le produit de cette fabrication était une viande parfaite, tendre, sans tendons, ni peaux, ni graisses, et d'une variété de goûts. Non seulement l'industrie offrait au consommateur des viandes au goût de bœuf, de veau, de chevreuil, de faisan, de pigeon, de chardonneret, d'antilope, de girafe, de pied d'éléphant, d'ours, de chamois, de lapin, d'oie, de poulet, de lion, et de mille autres variétés, servies en tranches épaisses et saignantes à souhait, mais encore des firmes spécialisées, à l'avant-garde de la gastronomie, produisaient des viandes extraordinaires qui, cuites à l'eau ou grillées, sans autre addition qu'une pincée de sel, rappelaient par leur saveur et leur fumet les préparations les plus fameuses de la cuisine traditionnelle, depuis le simple bœuf miroton jusqu'au civet de lièvre à la royale.
[Blanche] avait encore l'esprit et le cœur plus au jeu qu'à l'amour. Elle demeurait très jeune, comme une pêche à la peau dorée, qui paraît mûre, et ne l'est pas tout à fait.
Une des premières mesures qu'il leur fit adopter fut la destruction des livres. Il a organisé des équipes de recherches, qui fouillent les ruines tout au long de l'année. Les livres trouvés pendant les douze mois sont brûlés solennellement au soir du dernier jour du printemps, sur les places des villages. A la lueur des flammes, les chefs de village expliquent aux jeunes gens rassemblés qu'ils brûlent là l'esprit même du mal.
Pour faciliter l'enseignement de l'écriture, François a fait conserver quelques livres de poésie :
« Ce sont, a-t-il dit, des livres qui ne furent dangereux qu'à leurs auteurs. »
L'art de l'écriture est réservé à la classe privilégiée des chefs de village. L'écriture permet la spéculation de pensée, le développement de raisonnements, l'envol des théories, la multiplication des erreurs. François tient à ce que son peuple reste attaché aux solides réalités. Pour évaluer ses récoltes, et compter ses enfants et ses bêtes, le paysan n'a pas besoin d'aligner des chiffres par tranches de trois.
l'humanité ne cultivait presque plus rien en terre. Légumes, céréales, fleurs, tout cela poussait à l'usine ,dans des bacs.
L'élevage, cette horreur, avait également disparu. Élever, chérir des bêtes pour les livrer ensuite au couteau du boucher, c'étaient bien là des mœurs dignes des barbares du XXe siècle.
tous les moteurs d'avions se sont arrêtés hier à la même heure , juste au moment où le courant flanchait partout.
L'humanité ne cultivait presque plus rien en terre. Légumes, céréales, fleurs, tout cela poussait à l'usine, dans des bacs.
Les végétaux trouvaient là, dans l'eau additionnée des produits chimiques nécessaires, une nourriture bien plus riche et plus facile à assimiler que celle dispensée chichement par la marâtre Nature. Des ondes et des lumières de couleur et d'intensité calculées, des atmosphères conditionnées accéléraient la croissance des plantes et permettaient d'obtenir, à l'abri des intempéries saisonnières, des récoltes continues, du premier janvier au trente et un décembre.
L'élevage, cette horreur, avait également disparu.