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Critique de afriqueah


Achille est un colérique, et un vaillant combattif. Il choisit la fille du roi de Lyrnessos, Briséis, parce qu'il a tué 60 hommes en un jour, comme trophée.
le pillage des villages voisins de Troie, plats en or, meubles rares, tapis somptueux étant terminé, les vaincus tués, les grecs commencent la répartition des récompenses, les jeunes filles. En fait, des choses. Chacun sa chacune.

C'est, uniquement dans le livre de Pat Barker, elle, Briseis, qui sort du silence pour raconter son passage vers l'esclavage, car dans la vraie vie, elle doit se taire. Achille l'essaie au lit, ne la voit pas, ne la regarde pas, il l'exhibe, il ne soucie pas de ce qu'elle pense, et curieusement, elle même ne le sait même plus.

Dépossédée d'elle même, de fille de roi elle est esclave.

Pourtant, lorsqu'Agamemnon (obligé de rendre Chryséis à son père pour éviter que la peste continue, la peste envoyée par Apollon, pro troyen) s'empare d'elle, Achille l'enfant colérique que sa mère Thétis a abandonné boude, refuse de combattre, s'enfonce dans sa fameuse colère que Platon justifie en « saine colère » : ne pas accepter l'inacceptable. Il ne veut pas perdre une seconde femme.

Pat Barker nous embarque donc dans cette histoire d'Homère, à sa suite elle décrit la faiblesse et la couardise d'Agamemnon, sa manière de livrer ses concubines aux soldats, sa volonté de pauvre type de garder d'abord Chryséis puis Briséis pour lui, le désastre à venir du coté grec qu'il provoque puisqu'Achille refuse de combattre et que lui ne sait pas combattre.

A cette époque là en Grèce, puisque Pat Barker , quelle bonne idée, donne la parole à Briseis, le traitement des femmes est abordé, la guerre vue du côté des vaincues. Pas forcément mieux, d'ailleurs, d'être fille de roi que d'être esclave, les femmes doivent, toujours et partout, se taire, rester dans l'ombre, se voiler, ne pas regarder les hommes en face, rester cloitrées, ne pas exister sauf au lit.

A cette époque là, en Grèce, avaient lieu les sacrifices humains. Achille dans son désespoir d'avoir perdu Patrocle, égorge douze jeunes troyens, puis tous ses chevaux et même ses chiens sur le terre- plein avant l'inhumation.
Sur la tombe d'Achille, la fille de 15 ans de Priam, Polyxène, sera égorgée.
Georges Bataille parle de la « part maudite », le fait que les esclaves de guerre étaient si nombreux que les tuer importait peu.

Platon a bien essayé de condamner moralement dans « la République » ces coutumes, les Grecs ont essayé de prétendre que les sacrifices humains étaient le fait des Egyptiens, des Perses, et des Barbares du Nord, en fait, ils le faisaient.

Pat Barker le mentionne d'ailleurs sans trop insister, alors que dans de nombreuses pages elle nous détaille le lavage du corps d'Hector, tué par représailles de la main d' Achille.

C'est un livre avec beaucoup de longueurs, beaucoup trop de longueurs, et à la fois plein de très bonnes pages, avec une super idée de départ, donner la parole aux dominées, mais finalement on ne sait presque rien de ce que pense Briseis sauf qu'elle doit se taire et qu'elle observe Achille ( qui préfère mourir jeune et couvert de gloire plutôt que vieux et oublié de tous. ) fou d'amour pour sa mère Thétis, la néréide qui plaide la cause de son fils auprès de Zeus ( tableau d'Ingres ) et fou d'amour pour Patrocle, un humaniste avant l'heure.
Finalement, on connaît mieux les hommes de l'Iliade que les pauvres esclaves. Les dominants.
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