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Citations sur Jouir (26)

Que veulent les femmes ? Ça, personne ne le sait, pas même les femmes elles-mêmes ! Peut-être faut-il en fait aborder la sexualité féminine comme un domaine qui s’apprend, se cultive, et dans lequel on s’améliore grâce à nos connaissances – comme la cuisine ou le jardinage. Le plaisir féminin est-il vraiment beaucoup plus compliqué que le mode d’emploi de votre IPad ou votre déclaration d’impôt ?
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A bien des égards, cette "découverte" a été un pas de géant pour les femmes de cette planète. Cependant, le fait que cet élément - somme toute banal - de notre anatomie soit resté aussi longtemps méconnu nous rappelle, de manière assez déconcertante, le peu d'efforts consentis par notre société pour étudier l'anatomie féminine lorsque celle-ci ne semble pas indispensable à la procréation. Comme l'ont fait remarquer biologistes et féministes, le clitoris, avec ses huit mille terminaisons nerveuses (minimum), est sans doute le seul organe humain dont le plaisir soit la seule raison d'être - ce qui n'est pas le cas du pénis, qui sert également à la procréation et à la miction. Rien de tout cela n'est conforme à l'image de la femme adulte telle qu'elle est véhiculée par l'Occident, encore pétri de christianisme, et cela transparaît dans le corpus scientifique de notre civilisation.
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L'origine de ce désaccord vieux de plusieurs siècles sur la sexualité féminine peut être résumée par la question suivante : la vulve est-elle une chose ou une absence? Comment définir ce qui se trouve entre les jambes des femmes ? Est-ce un organe définissable par tout ce qui dépasse - le clitoris, les lèvres, les huit mille terminaisons nerveuses, et plus généralement la chair qui le compose ? S'agit-il plutôt d'un vide, d'un réceptacle, d'une ouverture, d'un orifice, d'un lieu qui n'existe que pour être rempli par autre chose ? À travers l'histoire, cette dernière vision des choses s'est accompagnée de violences envers les femmes et de l'effacement de leur désir sexuel au profit de celui des hommes. À l'inverse, lorsque c'était la première approche - celle qui perçoit la vulve comme un organe à part entière - qui dominait les esprits, les femmes étaient considérées comme des êtres sexuellement indépendants, capables d'éprouver du désir, de ressentir du plaisir et d'accéder au pouvoir.
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Cette question de la légitimité est cruciale parce que les femmes sont encore souvent placées dans une situation qui leur dénie une relation autonome à leur corps et leur sexualité. Parce qu'on leur a répété que leurs plaisirs étaient fondamentalement émotionnels ou irationnels, parce que Freud a déclaré qu'il n'y avait qu'un seul bon orgasme, passant par un seul bon pénis, parce que même nos contes de fées nous montrent des princesses attendant d'être éveillées par le désir d'un preux chevalier, il perdure jusqu'à nos jours I'idée que ce soit aux hommes d'apporter l'orgasme aux femmes.
Une telle préconception n'est sympathique ni pour les femmes... ni pour les hommes.
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Il n'y a finalement peut-être rien d'étonnant à l'émergence de dogmes en tous genres, en cette époque de sexploration. Après tout, les utopies portées par les hippies perchés des années 1960 et 1970 avaient aussi entraîné l'apparition d'un certain nombre de sectes. Dans le phénomène actuel, une chose cependant donne à réfléchir : dès lors qu'il est perçu comme socialement souhaitable, le plaisir féminin peut rassembler à lui seul des foules d'apôtres désireux de lui consacrer du temps et de l'argent.
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L’orgasme est une perception. C’est dans l’esprit qu’il a lieu, pas dans les muscles.
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Grâce à la pornographie, nous avons également appris à mobiliser en priorité la vue au moment des rapports sexuels, et ce au détriment des quatre autres sens, tant et si bien que les stimuli érotiques reçus par le toucher et le goût perdent de leur influence. Et nous l'avons fait avec tellement d'application que certaines personnes en oublient tout bonnement que le sexe n'est pas un acte principalement visuel. S'il doit être classé, il s'apparente sans doute bien davantage à un acte de toucher à l'aveugle, à un dialogue entre masses et postures, positions et textures, zones humides et sèches, convexe et concave. C'est l'animal en nous qui s'éveille, ses sens qui s'aiguisent, sa vue qui se brouille et ses yeux qui se ferment, ses mollets qui se tendent, sa poitrine qui s'élargit. C'est le sang dans nos veines qui se met à gronder. La vidéo nous empêche de vivre le sexe de manière profonde. Ce qu'elle nous offre, c'est du safe sex, du sexe protégé, qui se déroule dans un laboratoire cérébral exempt de toute vulnérabilité, loin de l'espace instable qui s'insinue entre deux corps humains. C'est du sexe flanqué de termes comme "haute définition", "amateur" ou "caméra cachée", qui cherchent à donner à l'affaire un semblant de vérité et l'illusion de l'immédiateté. Mais, ce sexe-là, il ne prépare ni les hommes, ni les femmes à la rencontre avec un être humain, un être vrai et vulnérable. Il ne les prépare ni à se révéler dans leur corps imparfait, ni à se délecter de tous les plaisirs que ce même corps imparfait peut leur offrir.
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Et cela pose un problème, car cette ignorance nourrit la croyance selon laquelle la sexualité féminine serait mystérieuse , sinon carrément opaque.
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Après avoir minutieusement éliminé tous les termes susceptibles de révéler le sexe des participants, Vance et Wagner ont réuni un jury composé de gynécologues, de psychiatres et d’étudiants en médecine, hommes et femmes, et leur ont demandé d’essayer de deviner le sexe des auteur·e·s à partir de leurs descriptions hautement personnelles de l’orgasme. Mais ils n’y sont pas parvenus, y compris sur les descriptions les plus imagées. Dès lors que les chercheurs avaient éliminé les termes sexospécifiques tels que « vagin » et « pénis », et abstraction faite de quelques orgasmes multiples évoqués çà et là, le vécu des femmes en matière d’orgasme ne semblait pas si différent de celui des hommes.
Dans l’histoire de la recherche en sexologie, la leçon à tirer de cette étude a quelque chose de révolutionnaire. Grâce à elle, l’orgasme devient le grand unificateur : nos orgasmes nous rapprochent.”
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Léonard de Vinci esquissait déjà amoureusement des coupes transversales de l’anatomie génitale masculine en 1493. En comparaison, l’anatomie féminine n’a vraiment pas bénéficié de la même attention. Pour le dire autrement, nous sommes parvenus à cartographier l’intégralité du génome humain en 2003, soit des années avant d’avoir pris la peine de faire une échographie détaillée du clito humain ordinaire.
(…)
Mais tout n’est pas qu’affaire d’ignorance. Pendant des millénaires, nous avons réuni tout un corpus de connaissances sur la sexualité des femmes. Le problème, c’est que nous sommes passé·e·s maîtres dans l’art d’en faire abstraction. Même si la structure clitoridienne complète – dont les nombreuses connexions à l’urètre et à l’utérus ont conduit plusieurs spécialistes à le considérer comme un élément d’un ensemble encore plus vaste, le complexe clito-urétro-vaginal (CUV) – n’a été modélisée qu’en 2009, elle avait été décrite en détail dix ans plus tôt, dans un article publié par O’Connell et ses trois coautrices dans le Journal of Urology. Et ce n’est pas tout : des illustrations détaillées des structures clitoridiennes internes sont apparues bien plus tôt, notamment dans l’œuvre classique de l’anatomiste allemand Georg Ludwig Kobelt, De l’appareil du sens génital des deux sexes dans l’espèce humaine et dans quelques mammifères, fruit de son travail de dissection de cadavres… ce livre date de 1844 !
Vous avez bien lu : en 1844, on en savait plus sur le Vrai Clitoris que, disons, en 1995. Et, malheureusement, même après toutes ces « découvertes » isolées, tout le monde ne connaît pas le Vrai Clitoris, alors que le nombre d’études portant sur cet organe ou sur le CUV depuis 2009 ne cesse d’augmenter, et lui confère davantage de visibilité dans les médias, mais toujours sous l’angle de la perplexité.
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