Aurélien Barrau, qui a déjà écrit de nombreux ouvrages/articles sur l'astrophysique et sur l'écologie nous livre ici un bestiaire un peu hybride, principalement axé sur la cosmologie mais dont le message sous-jacent est aussi un constat, à regret, de tout ce qui va à l'encontre de la préservation de ce qui nous entoure (sur Terre et autour).
Ce livre aborde quelques phénomènes qui font un accroc aux modèles standards scientifiques, ces anomalies (trous noirs, matière et énergie noires, quantité d'antimatière, etc.) qui sont des voies vers une/des nouvelle(s) physique(s). Car les théories se heurtent presque toujours à des anomalies qui font rechercher une solution, une explication, un nouveau rouage aux scientifiques, et c'est ainsi qu'on découvre de nouvelles théories plus affinées ou plus en adéquation avec notre perception des choses.
Aurélien Barrau est aussi philosophe—en science la philosophie n'est jamais loin—et il nous livre une réflexion sur la perception, sur la réalité, car une anomalie n'est telle que par rapport à un consensus établi par l'humain.
Mais finalement ce livre est aussi un pamphlet pointant les (non)réactions de l'humain face aux dangers qu'il a lui-même provoqués (réchauffement, pollution, désorganisation économico-sociale, effondrement des écosystèmes,...) et contre la façon dont on n'arrive plus à ouvrir son esprit aux phénomènes (anomalies, singularités, étrangetés) pour découvrir une/des nouvelle(s) physique(s). Si nous fermons notre esprit à ce qui nous est étranger, nous cesserons d'évoluer.
Le texte est très littéraire (au début je me croyais un peu dans «
Eureka » d'
Edgar Poe), j'ai même rencontré pas mal de mots dont j'ignorais l'existence et donc la définition !
Il y avait quelques coquilles, mais à la réflexion, une coquille est une anomalie... C'est la récurrence de « veille anomalie » (pour « vieille anomalie » ?) qui m'a fait réaliser que, peut-être, c'était fait exprès, pour qu'on veille inconsciemment à détecter les anomalies et ainsi à s'interroger.