Un jour m'est venue l'idée de tuer mon frère. A la longue, c'est devenu une obsession. J'ai donc prié ma mère de me donner un frère, d'essayer au moins, mais rien à faire, des sœurs, encore des sœurs ; dix-huit sœurs que j'aime avec tendresse et toujours pas un frère à tuer.
Ici les pandas sont noirs et blancs, mais alternativement. Ils sont noirs, puis ils sont blancs, noirs, blancs, noirs, blancs. Ils clignotent, en quelque sorte.
J’ai fait une rupture d’illusion au milieu de la nuit. On s’est empressé de me caresser dans le sens du poil, en pure perte; je suis mort d’un excès de lucidité tôt dans la matinée.
Je peux difficilement supporter que l’on ne réponde pas à mon salut. On s’en rend compte. Dans ce genre de situation, ma conduite est toujours la même : je rétracte aussitôt mes bras et mes jambes et me déshydrate entièrement avant de m’enduire de ma propre cire.
Vous êtes en vie, vous ne semblez pas trop mal vous en sortir, dans l’ensemble, il faut le reconnaître, mais pour ma part, j’aime mieux attendre que les conditions soient plus favorables.
Je saurai me montrer patient.
Dans l’espace exigu de mon appartement se trouvent les objets. Tous les objets. Objets en puissance, pour la plupart, bien entendu. Je dispose donc d’une table concrète – c’est à mon avis suffisant et puis je n’ai pas assez de place pour en accueillir une de plus – et d’une infinité de tables potentielles. Il en va de même pour mon lit, mon fauteuil, ma chaise, et mon armoire. Je possède par ailleurs quantité de gants de toilette dont aucun n’est palpable car je n’en ai pas l’usage. Je ne dors toujours que d’un oeil, la porte grande ouverte et les chaussures aux pieds, toujours prêt à bondir afin de quitter précipitamment les lieux, ce qui serait bien la seule chose à faire si par malheur il advenait que tous mes objets se matérialisent les uns après les autres.
Je peux difficilement supporter que l’on ne réponde pas à mon salut. On s’en rend compte. Dans ce genre de situation, ma conduite est toujours la même : je rétracte aussitôt mes bras et mes jambes et me déshydrate entièrement avant de m’enduire de ma propre cire.
Le tardigrade, s’il était plus gros, beaucoup plus gros j’entends, toute la face du monde s’en trouverait changée – considérablement.
« J’ai tué tous mes ennemis, ensuite j’ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j’en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu’ils m’observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m’efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n’en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c’est un début, à présent je tiens à les faire mourir d’ennui. »