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EAN : 9781091504455
L'Arbre vengeur (10/05/2016)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Le tardigrade vous intrigue, le tardigrade vous étonne, le tardigrade vous tarabuste, le tardigrade vous démange.

Ce livre s’adresse donc tout particulièrement à vous. D’autant qu’en plus de vous laisser entrevoir le monde mystérieux de cet extrêmophile invertébré, il vous causera d’amour, de mort, de temps, d’altérité, de transports en commun et de calvitie.

Un opus qu’il convient de ne pas négliger en ces périodes de doute.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Mon fils regarde la série documentaire Cosmos sur Netflix présentée par Neil deGrasse Tyson. Dans un épisode il a découvert les tardigrades. Il m'a donc demandé de lui trouver un livre sur le sujet. J'ai trouvé celui-ci et franchement… nous sommes très déçus.

« Le tardigrade vous intrigue, le tardigrade vous étonne, le tardigrade vous tarabuste, le tardigrade vous démange. Ce livre s'adresse tout particulièrement à vous. » (4ème page de couverture).

Il n'y pas de quoi remplir une page pour en apprendre plus sur ce panarthropode.

Je n'ai rien compris à cette histoire absurde. Je serai bien incapable de dire de quoi il est question ?

«Suis-je ou non une patate ? Suis-je une marmite ? »

Pour info le livre Herrn Karl Bonnets Abhandlungen aus der Insektologie de 1773 est peut-être épuisé chez l'éditeur mais il est disponible en ligne sur Biodiversity Heritage Library :
https://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/47534#/summary

Challenge petits plaisirs 2018 (7)


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Pierre Barrault est libraire à Paris. Certes, cette allitération est diablement réductrice et j’en conviens. Mais appeler le tardigrade « ourson d’eau », c’est à mon avis autrement plus maladroit, car il s’agit en ce qui concerne celui-ci d’une contrevérité (cf. la définition du dictionnaire). Pourquoi ? Simplement parce que le tardigrade de Pierre Barrault est en réalité un magnifique McGuffin, fruit des amours de son père pour le cinéma. Est-il pour autant hitchkockien ? Non plus. Ou plutôt, si : le tardigrade est inquiétant par certains aspects et peut selon la sensibilité du lecteur déclencher des crises d’angoisse. Et l’un des meilleurs remèdes à l’angoisse, c’est évidement l’humour, que Pierre Barrault maîtrise avec un talent sans pareil.

Je disais donc que le tardigrade est un élément moteur, un prétexte à s’immerger dans l’esprit biscornu d’un personnage principal, présenté à la première personne du singulier — donc en caméra subjective, à travers des instantanés au ton faussement didactique.

Dans ces courts chapitres dont l’enchaînement constitue une sorte de journal intime, Pierre Barrault relate le quotidien d’un personnage qui doit se colleter avec tout ce qui peut entrer en interaction avec ses sens. Le pauvre est affligé d’une lorgnette qui déforme à peu près tout ce qui pour nous est d’une évidence pléonastique, et c’est ainsi que l’humour de l’auteur va se déployer avec une intelligence qui défie notre sens commun.

Les amoureux de Topor (qui ont lu notamment « Portrait en pied de Suzanne), de Mr Bean, des Monty Python mais avant tout de la langue française vont adorer ce texte d’une drôlerie à la fois poétique et féroce.

Pierre Barrault a un carquois bien rempli et décoche à feu nourri l’hyperbole, l’hypothèse, l’aphorisme, la tautologie, le non-sens, le paradoxe, les superlatifs, le sens des contraires et ses oxymores pour faire mouche à chaque phrase.

Le corps, les objets et les lieux d’habitation sont des accessoires amovibles comme des jouets d’enfant qui donnent vie à des Golem qui eux-mêmes vont accoucher de nouveaux paradigmes et de paradoxes.

« J’ai tué tous mes ennemis, ensuite j’ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j’en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu’ils m’observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m’efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n’en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c’est un début, à présent je tiens à les faire mourir d’ennui. »

Le narrateur emprunte ensuite au tardigrade ses capacités de résistance étonnantes, survit plusieurs fois à la mort, subit des métamorphoses kafkaïennes et porte sur la société et ses semblables et en toute circonstance un regard déformé par un monocle étrange, ramassé sans nul doute dans une des malles du grenier de Lewis Caroll.

« Si j’osais, je tuerais celui qui vit chez moi. C’est un gros monsieur qui dévore mes provisions, grossit encore et occupera bientôt tout l’espace de mon intérieur déjà très exigu, qui tantôt bavarde et tantôt n’y tient pas, me chasse du salon, qui dort dans mon lit puis au matin le couvre d’ordures, qui ronfle, qui tire à lui les draps, qui vend à bas prix mes hauts-reliefs, qui corne mes livres et piétine mes récoltes, qui déplace mes cachettes, qui mange les miettes de pain que j’ai semées, qui perd constamment mes clefs, qui souille, qui ment, qui triche, qui sale mon sucre et sucre mon sel ; pour rire, dit-il. Ah, si j’osais ! Seulement il ne faut pas. Car le visage de ce gros monsieur est pourvu d’une moustache et les moustaches sont si rares de nos jours que nous devons, au contraire, tout faire afin de les préserver : on l’exige. »

Est-ce encore son goût pour le cinéma qui a inspiré à Pierre Barrault la notule suivante qui illustre le célèbre aphorisme de Chris Marker, je cite : « l’humour est la politesse du désespoir » ? Avec Pierre Barrault, on a envie d’ajouter en le lisant : « et la poésie aussi ».

« Ma compagne et moi, nous chantons sous la douche. C’est ainsi depuis qu’ils nous ont coupé l’eau. Sans doute pensez-vous que nous sommes heureux comme ça. Au contraire. Laissez-moi vous dire que cette situation ne nous réjouit pas du tout. Nous chantons, mais détrompez-vous ; nous chantons des chansons tristes, d’une tristesse à pleurer, car il faut bien se rincer tout de même. »

Comment, en lisant cela, ne pas se rappeler que les SDF ne sont pas les seuls à mourir d’hypothermie : c’est également le cas de locataires que l’on prive de chauffage pour défaut de paiement. Car Pierre Barrault ne se contente pas de nous raconter une sorte de fable drôle, pragmatique, absurde et cruelle ; il sait également montrer sans dénoncer les défauts ordinaires, y compris des âmes caritatives dont on soupçonne parfois qu’elles servent autrui davantage pour se donner un but que pour dispenser du bien-être autour d’elles.

« Vous me demandez à quoi j’occupe ma vie. Je distribue des yeux à ceux qui n’en ont pas, des bouches, des poumons et des cœurs à ceux qui n’en ont pas. Je leur donne des jambes, des mains, des pieds s’ils en sont dépourvus. Ces organes, j’essaie de les distribuer équitablement, puis je les dispose de façon aléatoire. Car il s’agit d’aller à l’essentiel. Le nez se pose où il se pose, l’oreille se greffe où elle trouve une bonne place ; sur l’épaule, la plupart du temps, aussi étrange que cela puisse paraître. Il arrive que l’on se plaigne de mes services. Un bras qui s’agite au sommet du crâne et l’autre au milieu du dos, c’est un peu ridicule et ce n’est pas très pratique. J’entends bien. Ce sont des détails qui, je ne le nie pas, ont leur importance et dont je m’embarrasserais volontiers si j’en avais le temps. Mais il y a tant à faire encore, tant de besogne à abattre que je préfère laisser à d’autres le soin de peaufiner tout cela. »

Comment ne pas y voir également un clin d’œil à la médecine moderne ?

Toutes les formes d’humour ou presque sont utilisées dans le Tardigrade de Pierre Barrault, du comique de répétition à l’humour noir, et servent des thèmes dont on continue, au 21ème siècle, à rire effrontément : les expressions populaires, le complexe d’œdipe, la détestation de l’autre, l’angoisse de la mort, la peur de devenir fou, la pauvreté, les interactions sociales, l’empathie ou son absence, le bon sens, la psychologie du couple, la topographie des lieux d’habitation et de circulation, la dysmorphophobie, la morale et ses manières, la paranoïa, l’identité, etc.

La littérature nous a donné L’arrache-coeur et L’écume des jours par la plume de Boris Vian, elle nous donne aujourd’hui le Tardigrade et j’espère que Pierre Barrault continuera longtemps à la servir.
Lien : https://annadesandre.com/
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Avez-vous déjà entendu parler du ‘Tardigrade' ? Non ? Vous feriez bien de vous renseigner, car ce tout petit animal aux propriétés étonnantes pourrait bien survivre à l'humanité dans une hypothèse apocalyptique ! Dans « Tardigrade », de Pierre Barrault, le narrateur s'empare du sujet, enfin…tente de s'en emparer, mais le tardigrade demeure insaisissable ! Donc vous n'apprendrez pas grand chose sur la minuscule bébête, en revanche, je vous promets des fous-rires en cascade, ce dont le tardigrade, notez-le bien, est certainement incapable : le rire n'est-il pas ‘le propre de l'homme' ?!
Le narrateur nous raconte des fragments de son existence, interrompu de temps en temps par une tierce personne, qui le ramène au sujet principal : ‘- Certainement, mais qu'en est-il du tardigrade?' En invariablement, le narrateur repart dans la description des mutations de son corps, de ses relations avec sa compagne, ses voisins…
J'espère juste que ce livre vous fera rire autant que moi ! Il est composé d'une suite de petites saynètes, n'ayant en apparence pas de lien narratif, encore que…il m'a bien semblé que progressivement le narrateur se transforme lui-même en tardigrade; la photo de couverture représente d'ailleurs cette ‘Métamorphose' en cours (à ce stade, l'hybride n'a que 6 mains, alors que le tardigrade, le vrai, s'enorgueillit de huit petites pattes crochues). le lecteur navigue dans un univers cubiste où le corps se transforme façon Picasso, mais on sent aussi une influence surréaliste, l'absurde fusionne avec la poésie. Les animaux étranges, les meubles récalcitrants, les personnages ridicules (Mme Cluche, Mme Chapouf, mon ami Desruines et le mystérieux Sustre) nous entraînent dans une ronde loufoque et hilarante. Si vous vous perdez en chemin, n'oubliez pas de contacter l'assistance technique. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2I4kjGU
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A travers le Tardigrade.

Voilà un animal tout à fait étonnant !!!!
Le tardigrade ou ourson d'eau est le seul animal connu à ce jour pouvant vivre dans l'environnement hostile du vide spatial.
Pierre Barrault, libraire à Paris, vient de publier son premier roman, Tardigrade.
A travers le jeu du ‘‘je'', l'auteur place le Tardigrade comme narrateur, livrant au lecteur la vie de cet animal dans notre environnement humain ainsi que sa vision sur nos comportements.
Seront évoqués les sentiments humains tels que l'amour et la peur. La mort et le temps qui passe sont aussi des notions essentielles dans cette oeuvre.
L'animal microscopique créature mesurant environ 1 mm propose au lecteur une visite tel un agent immobilier dans les divers appartements de son immeuble.

De petits chapitres, de petits paragraphes liés au fait de la taille de la créature ?
Ce qui est certain c'est que l'humour de l'auteur ravira les lecteurs avides de savoir et de découverte autant que les sceptiques….
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Un livre d'une grande finesse, mêlant poésie et humour avec justesse. Pierre Barrault nous transporte dans son univers fascinant, et nous laisse rencontrer son tardigrade, un personnage curieux et attachant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un jour m'est venue l'idée de tuer mon frère. A la longue, c'est devenu une obsession. J'ai donc prié ma mère de me donner un frère, d'essayer au moins, mais rien à faire, des sœurs, encore des sœurs ; dix-huit sœurs que j'aime avec tendresse et toujours pas un frère à tuer.
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Dans l’espace exigu de mon appartement se trouvent les objets. Tous les objets. Objets en puissance, pour la plupart, bien entendu. Je dispose donc d’une table concrète – c’est à mon avis suffisant et puis je n’ai pas assez de place pour en accueillir une de plus – et d’une infinité de tables potentielles. Il en va de même pour mon lit, mon fauteuil, ma chaise, et mon armoire. Je possède par ailleurs quantité de gants de toilette dont aucun n’est palpable car je n’en ai pas l’usage. Je ne dors toujours que d’un oeil, la porte grande ouverte et les chaussures aux pieds, toujours prêt à bondir afin de quitter précipitamment les lieux, ce qui serait bien la seule chose à faire si par malheur il advenait que tous mes objets se matérialisent les uns après les autres.
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Je peux difficilement supporter que l’on ne réponde pas à mon salut. On s’en rend compte. Dans ce genre de situation, ma conduite est toujours la même : je rétracte aussitôt mes bras et mes jambes et me déshydrate entièrement avant de m’enduire de ma propre cire.
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« J’ai tué tous mes ennemis, ensuite j’ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j’en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu’ils m’observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m’efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n’en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c’est un début, à présent je tiens à les faire mourir d’ennui. »
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J’ai fait une rupture d’illusion au milieu de la nuit. On s’est empressé de me caresser dans le sens du poil, en pure perte; je suis mort d’un excès de lucidité tôt dans la matinée.
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Videos de Pierre Barrault (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Barrault
"Casastrophes" c'est comme la vie, mais en mieux - Le replay de la rencontre avec Pierre Barrault est disponible, bon visionnage ! - avec les éditions Quidam
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