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EAN : 9791092723281
152 pages
LOUISE BOTTU (11/03/2019)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Je sors de ma chambre et me retrouve dans les toilettes d’un restaurant. J’attends que les choses d’elles-mêmes rentrent dans l’ordre. Je prends place à l’arrière du bus n° tant. Je descends du bus. Je descends la rue. Je traverse la rue et me fais écraser par le bus à l’arrière duquel je me trouve. Je me vois me faire écraser. Je pense que j’ai l’intestin trop long. Je cherche un emploi. Je ne veux pas travailler.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Caustique, absurde, jubilatoire, « L'aide à l'emploi » de Pierre Barrault est un miroir sociétal absolument satirique, déformé et caricatural.
Le carnaval de Diogène est quelque sorte.
Il faut un sacré côté libre pour écrire un tel livre qui tressaute dans nos mains.
Il prononce les travers de l'humain dans une plongée en eaux troubles.
« Artalbur » est un homme angoissé. Hypocondriaque, son intestin parle en son nom. Ce dernier est trop long !
Il habite une ville où tout est étrange, au paroxysme d'une folie douce. Cette ville est contrôlée par une intelligence artificielle nommée : « Cron ».
Nous sommes dans les arcades politiques, osées, et Pierre Barrault subtilement, pointe du doigt la bureaucratie, les hiérarchies et les donneurs de leçon. « Artalbur » cherche/pas, du travail.
Les fragments sont des séquences au ralenti. Nous sommes dans les mouvances d'un presque nihilisme.
On ressent un bien-être dans cette lecture. Pierre Barrault nous offre un livre porte-bonheur. le garant des rires. Il vaut mieux se moquer de soi-même et du monde, afin de surfer au mieux sur la vague des arrogances gouvernementales et sociétales.
Ne pas boire la tasse. Tel est l'adage de ce livre pétri de signes et de paraboles, de nuances et de prouesses verbales. L'emploi tourné en dérision et ce livre est un contre-pouvoir.
Loufoque et dans un même tempo, sous l'écorce de ce récit atypique, « L'aide à l'emploi » est démystifiée. Les tabous tombent, tels des as de pique. On comprend la porte ouverte sur le vide et les sidérations sociologiques. Croquant et craquant, frénétique, « L'aide à l'emploi » est un pas de côté précieux et déjanté.
Pierre Barrault ose la marginalité littéraire et c'est tant mieux. Un livre d'averses et d'éclaircies. Dans une collection poche « Les Nomades » au doux prix de 7,80 €. Publié par les Éditions Quidam éditeur.
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Monsieur Barrault,

D'après mon Robert, le travail est "l'ensemble des activités humaines organisées, coordonnées en vue de produire ce qui est utile". Les heureux élus en ont, les autres en cherchent. Si on en croit les oracles, il suffit de traverser la rue pour en trouver. de toute évidence, les oracles ne vivent pas dans votre monde, monsieur Barrault, où passer d'un trottoir à l'autre peut s'avérer périlleux. Posez le pied sur le bitume et vous finissez écrasé à coup sûr. Mieux vaut donc y réfléchir à deux fois avant de chercher du travail.

Mais votre livre ne peut être résumé à la simple quête irraisonnée d'une activité salariée, ni même à la relation qu'Artalbur entretient avec son conseiller ou à la problématique intestinale qui lie votre personnage à son médecin. Arrêtez-moi si je me trompe mais j'ai le sentiment que ce second opus du cycle thématique entamé avec votre précédent ouvrage a plus pour ambition de nous faire prendre conscience des boucles délirantes et totalement absurdes dans lesquels notre quotidien nous enferme. Et là encore, tout comme dans les aventures d'Aughrim & Podostrog, il faut ouvrir et refermer plusieurs fois les placards pour en générer le contenu, les portes délimitent des espaces incertains, fouler le bitume vous conduit à une mort certaine, les magasins ne sont pas ce qu'ils semblent être et s'entretenir avec son prochain ne mène à rien. Pour résumer, disons que la vie est foutraque, drôle, sale et grotesque, à l'image de la prose poétique à tendance scatologique, répugnante et jubilatoire, qui noircît les pages de votre roman.

Le monde sera-t-il sauvé par le non-sens ? À vous lire, je ne suis pas certain qu'il le mérite.

Cordialement,

TmbM
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Vingt recettes pour constituer le roman alerte et fou, faussement absurde et joliment cruel, de la course à l'employabilité.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/10/28/note-de-lecture-laide-a-lemploi-pierre-barrault/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me réveille en sursaut avec cette phrase à l’esprit :
Quand cesserez-vous de vous agglutiner sous mes clavecins ?
Je reste au lit. Essaie de me rendormir, mais en vain. Il n’est pas huit heures lorsque mon téléphone sonne. Sur l’écran s’affiche un numéro que je connais, celui de mon conseiller d’aide à l’emploi. Il faut donc répondre. On peut répondre n’importe quoi. On peut répondre par des insultes, des menaces ou des pets, si l’on veut, mais il faut répondre. Il importe de répondre. On est radié si l’on ne répond pas. Je réponds :
– Allô ?
– Allô ? Artalbur ?
– Non.
– Ah ! Ah ! J’espère que vous avez bien dormi.
– Venons-en au fait.
– Bien, vous connaissez le principe.
– Oui.
– Parfait, allons-y…
– Posez donc votre question.
– Ah ! Ah ! Lui. Bien, bien… Allons-y… Artalbur, mon cher ami, confirmez-vous être toujours à la recherche d’un emploi ?
– Oui.
– En recherche active, j’entends.
– Oui, oui.
– Parfait, parfait…
– Petite crotte ?
– Ah ! Ah ! Dolenesque.
– Oui, c’est ça… pardon, Dolenesque, oui.
– Je vous écoute, mon ami.
– Dolenesque, je n’ai pas envie de travailler comme un connard.
– Ah ! Ah ! Lui.
– Mais je suis toujours à la recherche d’un emploi de connard.
– Parfait, parfait…
– Je tiens le téléphone dans une main.
– C’est bien.
– Je vais me masturber de l’autre, maintenant. Je peux ?
– Oui.
– Je ne risque pas d’être radié ?
– J’ai procédé à votre actualisation quotidienne.
– C’est très aimable.
– À demain, cher petit Artalbur.
– À demain.
– Et bonne chance pour aujourd’hui.
– Prout.
– Ah ! Ah !
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Je me souviens qu'il me faut sans tarder me rendre à l'hôtel. On m'y attend et l'on commence à s'impatienter, sûrement. M'y voici. Je suis réceptionniste (je pense que je suis réceptionniste). C'est mon premier jour et je suis un peu tendu. Je tâche de faire bonne impression. J'ai rasé ma barbe, ainsi qu'on me l'a demandé. La calvitie n'étant pas acceptée, je porte une perruque. Se présente un couple. Je me prosterne, pousse de petits gémissements, puis me mets à ramper. La femme éclate de rire et l'homme acquiesce d'un mouvement de la tête. Tous deux semblent très satisfaits, mais à un moment, je commets une erreur en leur tendant les clés de la main gauche alors qu'il faut être droitier. On fait venir la direction dans le but de trouver vite un arrangement. Le couple propose alors la solution suivante : ils sèmeront des détritus un peu partout dans la chambre et mon rôle consistera à les manger tandis qu'ils se masturberont l'un l'autre en m'insultant. Conscient que je risque fort de perdre mon emploi si je refuse, je suis néanmoins sur le point de leur dire non. S'en avisant, le conseiller, mon conseiller, se met à sautiller dans tous les sens en battant des mains.
– Dites oui ! dites oui ! dites oui !
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Je grimpe à bord du bus n°84 et demande au conducteur s’il s’arrête bien à la station Félix Lemoine. Le conducteur me répond que non, il ne va pas dans cette direction. Je le remercie pour cette information et commence à me diriger vers le fond du bus. Mais à peine ai-je fait trois pas que la voix du conducteur derrière moi se fait entendre :
– Un instant, monsieur ! Vous ne portez pas la tenue réglementaire.
– La tenue réglementaire ? dis-je.
– Oui. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre.
– Je suis désolé. Je vous assure que j’ignorais l’existence d’une tenue réglementaire.
– Et n’oubliez pas que j’ai le droit de faire usage de la force.
– Je sais, oui, non je ne l’oublie pas.
– Je vais le faire, dit le conducteur.
Et de la main droite il brandit son marteau de conducteur. Le marteau de conducteur est un petit marteau métallique à deux pointes.
– Approchez, dit encore le conducteur, allons ! Approchez donc un peu que je vous frappe trois fois sur le sommet du crâne.
– Ouille ! Ouille ! Ouille !
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Vidéo de Pierre Barrault
"Casastrophes" c'est comme la vie, mais en mieux - Le replay de la rencontre avec Pierre Barrault est disponible, bon visionnage ! - avec les éditions Quidam
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