- Seul, quelqu'un connu de toutes les espèces parviendra à les rassembler : quelqu'un qui a oeuvré avec les nains, marché avec les goules des marais, parlé avec les arbres et les pierres vivantes, quelqu'un qui a nagé avec le peuple de la mer, volé avec les soeurs du vent et s'est tenu debout sur les épaules des géants.
- Vous voulez dire...? Non, je ne peux pas. Non
- Chut, a-t-elle doucement, posant un doigt sur mes lèvres. Ne parle pas de tout ça, ni de l'avenir non plus. Réjouissons-nous du présent, des jours que nous passons ensemble maintenant.
Les graines sont comme les enfants, elles renferment tous les espoirs, toutes les possibilités de l'avenir.
Puisse le sort capricieux
Obéir à nos voeux
Eclairées par la lune, soixante-dix ou quatre-vingts silhouettes volaient vers nous. Elles se rapprochaient rapidement, ballottées par les courants comme un vol d'oiseaux maldroits. Mais ce n'étaient pas des oiseaux ni des créatures ailées. C'étaient des enfants.
Les enfants. Bras et jambes écartés, leurs vêtements en loques claquant au vent, ils descendaient vers notre colline. Ils volaient, et sans ailes ! Comment était-ce possible ?
Une fois la pomme terminée, j'ai jeté le trognon. Il a atterri sur la tête de mon ombre, à peine visible sur le sol parmi celles de l'arbre. Susceptible comme toujours, elle me l'a aussitôt renvoyé et il m'a frôlé le nez.