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Critique de Cath36


Formidable texte que ce roman de Bassani, écrit dans les années soixante et qui revient sur le sort des juifs italiens avant et pendant la seconde guerre mondiale, à travers la vie d'une famille juive de la grande bourgoisie, les Finzi-Contini, vue par le regard d'un jeune juif de milieu modeste amoureux de leur fille Micol, la soeur de son ami Alberto. Amour maudit et non partagé, qui donne au contexte une force particulièrement tragique, lorsque le destin se met en route et entraîne avec lui tous les protagonistes de l'histoire. Ce qui est analysé ici en filigrane mais en même temps avec une rare puissance d'évocation, c'est la lente et implacable montée des événements, la mise en place des éléments qui vont se terminer par le drame, comme dans" le Rivage des Syrtes" de Julien Gracq. L'histoire d'amour du narrateur, rejoint L Histoire en évoquant un passé révolu que va dissoudre le nazisme et l'alliance germano-italienne. Lieu clos et sublime, le jardin des Finzi-Contini croit pouvoir s'isoler du reste du monde, en vain. Par les brèches de ses murs s'infiltreront le narrateur en quête d'un amour désespéré et le vent de l'Histoire. L'argent ne les protègera de rien, et leur destin sera à la mesure de leurs illusions. le fils mourra de maladie à l'intérieur même du domaine (par manque de pouvoir respirer, ce qui n'est pas anodin) alors que leur mère, obsédée par les microbes, tentait d'empêcher ses enfants de sortir de chez eux. Tous les autres mourront en camp de concentration.
Proche aussi du "Guépard" de Lampedusa par ce côté fin de civilisation qui caractérise ce roman, ce texte est servi par une écriture irréprochable, à la fois brutale et sèche, presque violente en dépit de phrases qui s'enroulent sur elles-même dans une spirale qui noue peu à peu le drame et le conduit à son dénouement. On est tenu en haleine d'un bout à l'autre : des tensions se créent, les personnages sont comme paralysés par leur vie et par leurs habitudes face à l'inévitable et semblent se mouvoir dans une gangue d'inertie impuissante qui les conduit à leur perte en toute conscience et en toute lucidité. Est-ce inconscience, résignation , force de l'habitude, le destin se met en place avec une impitoyable capacité de fonctionnement. L'écriture invite à la rapidité comme si tout retour en arrière, la possibilité de bloquer les choses étaient impossibles. Un seul bémol : la fin, abrupte et trop courte par rapport au reste du livre termine le texte une peu en "pétard mouillé." Tout se termine au moment où l'histoire d'amour du narrateur s'achève, et l'épilogue conclut sèchement l'histoire de la famille en deux pages à peine. Je suis restée un peu sur ma faim.
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