Citations sur Le guet-apens (19)
Il a voyagé dans un état de conscience minimale, en se raccrochant à l'idée que tant qu'il y avait des nuages sous ses pieds, il pouvait espérer qu'un autre soleil l'attende. Soutenu par ce dispositif de repli, il laisse derrière lui les continents, l'océan et ses amours. Sans croire une seule seconde qu'il les a abandonnés pour toujours.
La vérité est faite de nombreux fils indémêlables. Voilà pourquoi, quand on essaie de la dire, on commet souvent des erreurs.
A Rio, tout le monde est bien. Il suffit de tourner un coin de rue pour tomber sur quelqu'un de chez soi. Alfonso s'y sent chez lui. Comme dans son village d'origine, on y apprend à fuir avant de savoir marcher. On fuit d'abord la faim, puis les balles des patrons ou de la police. Et comme cela ne suffisait pas, le feu qui détruit les favelas est le même que celui qui brûle les forêts. C'est le même ciel qui se colore de rouge. Et si la pluie ne vient pas tout laver, les larmes le feront...
Dans le livre du futur, tout est écrit : les choses et les gens, les amours et les révolutions, sur ses pages barbouillées qui se tournent à toute vitesse. Il ne reconnait plus les vieux décors, les sentiments qui les ont gouvernés le fuient. Quand il croit avoir trouvé une raison, un voile de tristesse vient la ternir. Ses pas se font plus pesants, son corps est fatigué de le suivre...
Demain. Un mot qu’on murmure sans cesse dans le même instant répété est un mensonge. On ment pour échapper, au moins par l’imagination, à une situation dans laquelle on se sent prisonnier. À quoi ressemblera demain ? Demain arrivera-il ? Une grande fête aura lieu, tout le monde se prépare : il y a des flashes, des ministres et des danseuses. Il manque les fleurs, il apportera les roses jaunes de son jardin.
On n’est jamais au bout, il reste toujours un arrêt et, quand on s’y attend le moins, le train fait demi-tour. Puis il repart. Mais à chaque tentative, on perd des morceaux en chemin et, à un moment donné, quand on regarde autour de soi, il ne reste plus personne.
Un trou d’air est comme un trou de mémoire : on y tombe et, avec la conscience, on se libère du poids du passé. On perd le sens des responsabilités. Plus rien n’a d’importance. Advienne que pourra, même de sombrer dans l’eau glacée d’un hiver italien. Il fait si froid là-dehors.
Ce n"est pas avec des insultes qu’on rend sa dignité à la nation.
Coincez un fonctionnaire dans les cordes et il deviendra un grain de sable dans la machine du pouvoir.
C’est un brave homme, mais il n’est pas capable de faire la différence entre respecter les règles et jouer avec elles. Cela lui évite bien des malentendus, mais ça ne le protège pas contre les procédures d’un ennui mortel. Le système ne fonctionne pas seulement avec des normes, il faut aussi du respect, de la confiance et de la bienveillance.