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Critique de Patsales


Entre Pierre Bayard et moi, c'est une longue histoire d'amour. Et qu'il ne soit pas au courant n'y change rien. Il était encore inconnu et abscons que j'avais déjà succombé à ses études sur Laclos ou Maupassant (et pourtant, fallait s'accrocher). Depuis qu'il est devenu la star des lecteurs du Monde en rendant intellectuellement désirable la littérature de genre, je le partage avec plein de fans transis mais j'assume.
Je vais être claire : non, ce n'est pas son physique de bellâtre des amphis qui me fait craquer (quoique…) mais son goût immodéré pour l'analyse de textes qui est aussi, ça tombe bien, un de mes passe-temps favoris et pour laquelle il excelle, lui.
Pierre Bayard, c'est le Daniel Mesguisch du roman policier. Tandis qu'un metteur en scène vous colle sous les yeux une autre pièce que celle que vous avez lue et qui pourtant respecte le texte à la virgule, Bayard lui aussi se souvient qu'une oeuvre littéraire est un iceberg dont 80% de la masse est invisible : l'auteur ne pouvant tout dire, c'est au lecteur de reconstituer ce qui reste dans l'ombre (ou sous l'eau, vous aurez rectifié de vous-même).
Et, bien entendu, ce qui est tu est toujours plus intéressant que ce qui est dit. Comme dans Choderlos de Laclos : les lettres écrites par Merteuil et Valmont sont merveilleuses, mais cela ne nous dispense pas de réfléchir à ce qu'ils font quand ils n' écrivent pas, ni à ce qu'ils pensent qu'ils se gardent bien de dire.
Et c'est à cette enquête que nous convie Bayard, dont le génie est d'avoir réconcilié en nous tous nos modes de lecture. Nous alternons d'habitude la lecture distanciée et la lecture immersion, et se plonger dans un roman de la reine du crime est un redoutable lâcher-prise qui permet de suspendre tout sens critique pour entrer dans un univers parallèle. Or, si Bayard nous oblige à considérer un Agatha Christie comme un morceau de la réalité à étudier comme tel, en rationalisant notre lecture il nous raconte une nouvelle histoire aussi passionnante que celle d'origine, réconciliant cerveau gauche et cerveau droit.
Mais bon, vous savez ce qu'il en est des vieux couples : on finit par reprocher à l'autre ce qui justement nous fit fondre au tout début. Pierrot, tu m'avais déjà fait le coup du paradoxe du menteur et maintenant tu te cites toi-même (très mauvais signe, ça). Tu vis sur tes acquis, ça sent un peu le réchauffé. Bien sûr que tu lui fais encore ton numéro, à cette bonne vieille Agatha, mais franchement… les illusions d'optique, le biais cognitif… Tu m'as habituée à mieux.
Heureusement, j'ai bien vu ton appel du pied et je me suis précipitée sur le site intercripol, où, sous ton égide, des experts traquent les « personnages criminels qui croyaient, jusque là, avoir échappé aux foudres divines de la justice. » http://intercripol.org/fr/qui-et-quoi/qui-sommes-nous.html
Cette « plateforme collaborative, ouverte à tous les citoyen(ne)s de bonne volonté désireux d'oeuvrer à un monde fictionnel plus juste » est, me semble-t-il, pleine de pépites. le temps de repasser ma cape et de défroisser mon loup vénitien, c'est sûr : j'en suis !
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