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Critique de itzamna


C'est le personnage de cette BD qui m'a donné envie de la lire : Alexis de Tocqueville, auteur visionnaire de l'incontournable de la démocratie en Amérique. Cet album est inspiré d'un récit que Tocqueville fit d'une expédition de quelques jours dans les grands espaces de l'Amérique en pleine conquête de territoires : Quinze jours dans le désert. le désert, c'est la région des Grands Lacs, à la découverte de laquelle s'aventurent les deux jeunes politiques français en quête d'espaces vierges et de populations autochtones, vivant de manière primitive, non encore perverties par les moeurs occidentales et européennes. Tous deux plongent donc toujours plus avant vers l'ouest à la recherche de ce monde idéal.

Dans cet album, Kévin Bazot rend avec beaucoup de talent et de précision les impressions de Tocqueville lors de ce voyage au cours duquel il découvrira surtout que ce monde idéalisé n'existe déjà presque plus. Au fil du voyage et des rencontres, les deux aventuriers réaliseront combien la civilisation européenne a déjà commencé son oeuvre de destruction et de perversion, comment elle est parvenue à introduire les tourments du capitalisme jusque parmi les populations indiennes de ces régions non encore défrichées. Tout est bon pour faire du profit, même si cela doit passer par la disparition de ces peuples et de la nature grandiose dans laquelle ils ont appris à vivre en harmonie. Les familles venues d'Europe dans l'espoir d'un monde meilleur à conquérir, défrichent les forêts, coupent les grands arbres multi séculaires, et abusent des indiens pour mieux leur vendre ce dont ils n'ont jamais eu besoin, l'alcool en priorité, à des prix abusifs.

Alors qu'en ce début de XXIème, nous constatons les dégâts irréparables causés par cette culture de la conquête, du pouvoir et de la propriété, Alexis de Tocqueville en pressentait les prémices et les drames à venir. Dommage que 200 ans après ce voyage, nous n'en ayons toujours tiré aucune leçon et que cette civilisation de la destruction poursuive sa marche en avant sur tous les continents. Que peut-on dire aujourd'hui de l'Amazonie ou des terres arctiques... entre autres ?

Ce propos est merveilleusement bien porté par le dessin de Kévin Bazot, que je découvre être un jeune dessinateur nantais (que le monde est petit). Les illustrations traduisent avec talent l'immensité de ces territoires, leur poids aussi tant l'illustrateur parvient à nous faire ressentir la densité des forêts si peu explorées à cette époque. La nature est partout, elle bruisse entre ces arbres, les animaux et les indiens sont encore les maîtres de ces lieux dans lesquels quelques familles de cette nouvelle Amérique tentent de s'implanter. Les couleurs sont magnifiques, celles des forêts, des villages indiens ou des rivières.

Quand le titre de l'album est "Vers un nouveau monde", j'aurai plutôt tendance à dire que l'on assiste ici à la fin d'un monde, à sa destruction irrémédiable. le sentiment qu'il me laisse me fait penser au récit d'Alexis Jenni sur la vie de John Muir : on est désabusé de constater à quel point la sagesse de certains Hommes est bien peu face à la cupidité de nombreux autres.
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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