Comment retrouver vos origines

La mémoire humaine est courte. Vous ne savez rien de vos arrière-grands-parents, comme vos arrières-petits-enfants - les petits-enfants de vos propres enfants, ou les enfants de vos petits-enfants, comme vous voudrez - ne sauront rien de vous. Les générations passent l'une après l'autre, et jamais l'on ne regarde en arrière, trop occupé à aller de l'avant. Et pourtant, il y a, derrière nous, un monde extraordinaire, à notre portée à tous, un monde riche et captivant à découvrir : le monde de nos ancêtres.

Chaque homme et chaque femme est issu à la fois d'un larron et d'un roi; mais pas toujours dans les mêmes proportions.

Le roi embarrassé par une conjoncture inextricable, se résolut à réunir les Etats généraux. On connait les conséquences.
Les bourgeois y arrivent en foule, ces bourgeois qui, dans notre schéma d'ascension, ne sont encore qu'à mi-chemin et qui ne pourront résister à l'envie de brûler les étapes et de faire ravaler aux nobles leur dédaigneux esprit de caste. Ce sera la nuit du 4 Août et la suppression de la noblesse. Mais, pris à leur propre piège, ils verront arriver la Terreur, puis l'Empire.

(...) Nul doute que si les archives nous permettaient de remonter jusque-là, nous nous retrouverions des grand-mères mauresques, wisigothes, burgondes et normandes puis romaines. On parle souvent des origines éclectiques des Américains, leurs ancêtres étant venus d'Irlande ou d'Angleterre, puis s'étant mêlés aux Français de Louisiane, aux Espagnols venus du sud, puis aux descendants des Indiens et des esclaves africains. Nos aïeux de l'an mille ne leur ressemblaient-ils pas? Et plus tard, lorsque les mercenaires des armées anglaise et française (la conscription n'existait pas) vivront sur le pays entre deux batailles de la guerre de Cent Ans, pillant, brûlant, tuant, et violant les filles et les compagnes de nos aïeux, ne verrons-nous pas la pureté des races à nouveau compromise? Mais là encore, aucune source ne permettra de le vérifier.

Ce qui va, en effet, transformer beaucoup plus radicalement les structures de la prise de la Bastille et la révolution politique, ce sera la révolution industrielle qui démarre à l'aube du siècle dernier.

(Par ailleurs), de nombreuses charges, lorsqu'elles avaient été exercées pendant un certain temps et par un certain nombre de générations à l'intérieur d'une même famille, conféraient la noblesse dite "de robe", but suprême de nos intrigants. Mais arrivés à ce niveau, ils se voyaient encore tenus à distance par la noblesse "d'épée", toute couverte des honneurs des champs de bataille et alliée aux plus grandes familles du royaume. Le nouvel objectif serait donc de s'en faire adopter et de lui ressembler.

Quel que soit le type de société considéré, la famille a toujours été une des notions clés de la vie sociale. Elle fournit un cadre biologique et naturel, dans lequel peuvent s'exercer toutes les fonctions humaines ; travail, maternité, commandement, organisation...

Si nous avons 2 parents, 4 grands-parents, nous avons 8 arrière-grands-parents, 16 arrière-arrière-grands-parents, le nombre se multipliant par 2 à chaque génération (32, 64, 128, 256, 512, 1024...) et tous ces ancêtres nous ont tous transmis la même infime partie de notre patrimoine héréditaire. Tous ont pour nous la même importance. Supprimons par exemple un seul de nos 1024 ancêtres du XVIIe siècle : la pyramide s'écroule et nous n'existons plus.

Une seule famille prend légèrement le pas sur les autres, sans qu'elle ne nous transmette rien de plus au plan biologique, c'est celle dont nous portons le nom. Prééminence fragile, car encore force-t-elle à admettre que les quelque vingt-cinq générations d'hommes qui nous ont transmis ce patronyme ne furent jamais trompés par leurs épouses nos aïeules.