Beaux Arts Magazine, n°412 octobre 2018

Quel artiste actif durant six décennies n’a pas commis un nombre respectable de croûtes ?

Ce qui fait la spécificité de l’art, c’est en grande partie son ambivalence et l’infinie diversité des lectures du monde qu’il ne cesse d’énoncer. Par-delà toute considération sur le bien et le beau, il arrive parfois que ces manières de voir incluent aussi tel ou tel aspect opaque, malséant, déroutant ou provocateur. Cette richesse, ces visages multiples et divers qui sont non seulement ceux de l’art, mais également ceux de la réalité du monde, c’est précisément à l’artiste qu’il incombe de les explorer et d’en être le médiateur critique, afin d’inciter le spectateur à l’exercice de la pensée et du doute. Dans ses nombreuses facettes, l’œuvre de Balthus est un véhicule idéal pour favoriser cette dimension réflexive essentielle de l’art, en tant que forme d’expression libre et ouverte.

Il y a 17 ans, Balthus s’éteignait en Suisse…. A défaut d’être un aristocrate comme il le prétendait, il pratiqua longtemps, selon les mots de Baudelaire, « l’art aristocratique de déplaire ».

Grayson Perry
Il porte sur son époque et sur le monde de l’art un regard amusé, parfois ironique et critique, mais jamais dénué de tendresse. Sans jamais faire preuve de condescendance, il nous invite à désacraliser l’art et l’intellectualisme des musées. « L’art ne devrait pas être un sorte de club privé, réservé à ceux qui le comprennent. Mon but a toujours été de m’adresser à l’audience la plus large possible ».

Sculptées dans le bois ou la corne, les cuillers ont un double rôle Madagascar ; elles servent à se nourrir et à magnifier le quotidien, leur sophistication étant proportionnelle au prestige de leur propriétaire. Géométriques ou figuratives, elles entrent dans la catégorie des « arts statuaires miniatures ». L’extrémité du manche s’orne de toutes sortes de représentations : ibis, tête de zébu….

Schiele révèle avec violence les souffrances et réalités de la nature humaine…. « Un artiste doit être, plus qu’aucun autre, un être humain, et il doit aimer la mort et aimer la vie », affirme-t-il. Ses œuvres, débarrassées de l’anecdotique et du superflu, abordent, sans pudeur ni tabou, la sexualité, la métamorphose des corps (grossesse, adolescence, maladie), isolés comme s’ils flottaient dans un espace irréel.

Qui peut parler au nom de qui en art ? ... Censurer, détruire, c'est tuer dans l’œuf tout débat.

Liberté d’expression. En France, elle est garantie depuis 1789 par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, mais plus de 400 lois la limitent. Au nom de quoi ? Atteinte à la dignité humaine, incitation la haine, ….. Dans ce chorus de voix s’opposant entre volonté de garantir une liberté d’expression absolue et nécessité de la limiter, les œuvres d’art tendent, elles, à échapper à ces restrictions.

L’incapacité des médias à abriter en leur sein la moindre réflexion critique sur l’art, au profit de l’enregistrement pavlovien des étiquettes de prix et du nombre de followers agrippés aux artistes, ne pourra que fabriquer des Ai Weiwei à la chaîne : la grande imposture de l’art contemporain, comme ils disent, c’est avant tout celle de ses commentateurs. Tant que les médias ne s’intéresseront à l’art que sous cet angle mercantile et people, comment peuvent-ils se plaindre des Frankenstein qu’ils fabriquent eux-mêmes ?

Les artistes cubains se mobilisent conte un décret publié le 10 juillet dernier, qui pourrait criminaliser toute activité culturelle indépendant sur l’île. S’il n’est pas annulé, le décret 349 encadrerait en effet, à partir du 7 décembre, toutes les activités culturelles dans l’île : les artistes auraient besoin de l’aval du gouvernement pour se produire ou vendre leur travail.