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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Son arabité malheureuse était un terrain vague où s'accumulaient les déchets toxiques prêts à exploser à la moindre étincelle. »

Inès est professeure de philosophie en banlieue parisienne, elle est d'origine marocaine et née en France. Un combo explosif qui lui vaut d'être accusée d'apologie du terrorisme au lendemain des attentas de Charlie Hebdo.
Elle est alors suspendue et une enquête est en cours. Pendant ses quelques mois de suspensions, nous découvrons à travers son quotidien une galerie de personnage qui ont en commun d'être englués dans une quête identitaire tiraillée.

Bien loin des clichés, Aïcha crédibilise ses personnages grâce à des faits concrets. Il s'agit uniquement de personnes racisées. Leur mode de vie, sexualité, orientation religieuse sont au coeur des amalgames : Amira femme voilée, tatouée et percée détonne, Marwan qui préfère les hommes aux femmes au grand damne de son père pratiquant et violent, Sophie qui devient Samia en épousant Karim.

D'une part Aïcha Béchir décortique ce qu'a signifié être Charlie au lendemain des attentats que l'on s'appelle Yann ou Mounir. D'une autre part, elle traite de sujets multiples qui ont tous pour point commun l'identité quand les origines sont puisées dans différents pays. le racisme d'Etat est aussi très largement exploité en passant par la déchéance de nationalité et le communautarisme, ce qui confirme l'engagement pris par l'autrice dans « l'Accusation ».

Aïcha Béchir nous confronte en nous mettant face aux choix faits par sa galerie de personnage, des choix pour être intégrés tout en gardant l'essence de leurs origines.
L'Accusation m'a énormément bousculé, a suscité beaucoup d'interrogations au fil de la lecture. L'autrice dessine une toile de fond historique à titre de rappel. Un livre coup de poing qui apporte de la nuance à des sujets radicaux.
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Livre lu dans le cadre de l'opération « Masse Critique ».

Il fallait bien le recul des années écoulées pour pouvoir aborder ce sujet en toute liberté de ton et de propos, pour se pencher sur cette Accusation – apologie du terrorisme – déversée à tort et à travers dans les années qui ont suivi les attentats de 2015. Aïcha Béchir le fait très habilement avec ce roman alerte qui évite les raccourcis et le prêt à penser.
C'est sans complaisance, et sans cruauté, qu'à travers une foule de personnages dont le parcours, la psychologie et la sociologie sont fouillés, les points de vue sont mis à l'épreuve du jeu de massacre social, que les piègent se referment ou se déjouent en toute inégalité de moyens, et que dans cette dissection au scalpel, avec la sagesse du boucher de l'aphorisme taoïste de Zhuang ZI, l'autrice trouve l'interstice où la tendresse peut encore se glisser.

Un passionnant roman pour donner aux échos de rentrée scolaire quelque largeur et profondeur de champ.
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C'est un mot. Un mot qui par sa nature même porte le sceau de la condamnation. Un mot qui efface tous les autres, désormais inaudibles, indicibles, tant ils sont à sa merci, tant ils sont recouverts par celui-ci ; indélébile de la marque d'un soupçon qui ne s'effacera jamais. Un mot nourri de tous les autres ; tranchés par leur unilatéralité, qui enserrent les êtres dans les préjugés, coincent les âmes dans les préconceptions, enferment les espérances dans l'étau des humiliations. Qui imposent de choisir un camp, qui choisissent d'imposer un camp. Dans l'abolition de la nuance, dans l'effacement de la mesure, dans la négation de ce qui fait l'humain et l'humanité. Quand la marge des mots n'est plus l'espace éclairant qui permet de s'approprier son histoire et de se construire une histoire dans le refuge que constituent la liberté, la fraternité, l'égalité. Pour n'être qu'une sphère de domination catégorisant les êtres en fonction de critères objectivants, discriminants, humiliants. Quand les mots s'érigent en une frontière entre un « nous » marqué par la domination de genre, de race, de religion, et un « eux » excluant les âmes brisées condamnées à n'être que les damnés de la terre. Eux qui, pourtant, portent une histoire nourrie de mots qui éclairent sans chercher à briller. Qui lient à une Histoire que certains cherchent à enténébrer. Des mots pesés, nuancés, qui permettent d'affirmer la vérité, de dire la réalité. Qui permettent de contrer l'Accusation. Des mots entendus pour peu que l'on soit du bon côté, des livres, de la civilisation, de la loi. Car l'Accusation, ce mot qui en efface tant, les leurs, les siens ; porte en lui ceux, innombrables de toutes les accusations. de toutes les condamnations.
Cette Accusation, Ines en est victime lorsque, après les attentats de Charlie Hebdo, elle est suspendue par sa hiérarchie pour apologie du terrorisme. le point de départ d'une quête de justice couplée à une recherche d'identité, et d'un récit précis questionnant par le prisme de personnages complexes et approfondis les problématiques d'identité, d'intégration, d'égalité et de religion. Un roman sans concession multipliant les points de vue au service d'une réflexion objective et mesurée.
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